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Peut-on vouloir le mal ?

Publié le 25/04/2011

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Peut-on vouloir le mal ? Il apparaît tout d'abord que bien sûr, on peut. En effet, notre esprit est libre ; il peut décider librement de vouloir n'importe quoi, sa volonté peut se porter sur ce qui lui plaît ; et ce qui peut lui plaire de vouloir, c'est le mal. Rien ne l'en empêche, il en a la capacité ; il peut donc vouloir le mal. D'ailleurs le mal peut être, ou tout du moins sembler, avantageux : l'homme injuste, soutient Thrasymaque dans La République, est bien plus heureux que l'homme juste ; il paraît avantageux de faire et donc de vouloir le mal : dans ce cas, évidemment, l'homme peut vouloir faire le mal ; il vaut même mieux pour lui de le vouloir. 

« volonté vers une fin ; nous voulons être heureux ; nous cherchons les choses bonnes, ou le bien, pour cette fin.Personne donc ne peut vouloir le mal pour lui ; en effet, tendre vers le mal pour être heureux paraît être absolumentcontradictoire.Il apparaît donc qu'un homme qui fait le mal, qui agit mal envers les autres (qu'il tue, ou vole par exemple) le faitparce qu'il pense que cela contribuera à son bonheur.

Il fait le mal pour son bien.Mais comment Socrate passe-t-il de l'homme méchant (qui fait du mal aux autres) à l'homme malheureux ? Car pourSocrate, l'homme qui fait le mal ne peut être qu'ignorant.

Un homme qui sait ce qu'est le bien ne peut pas vouloirfaire le mal.L'homme qui fait le mal en croyant que cela va le rendre heureux se trompe.

Il croit que cela va faire son bonheur,mais plus qu'être puni, il mérite d'être plaint ; car cet homme qui fait le mal pour être heureux se trompe.

L'hommequi fait le mal est malheureux ; il ne peut pas être heureux.

Le méchant pour Platon, celui qui fait le mal, c'estl'ignorant.

Il ne sait pas ce qu'il veut, il ne sait pas tendre sa volonté vers le bonheur qu'il recherche.

Un homme quisait ce qu'est le bien, pour Platon, ne peut vouloir agir autrement que vers le bien.

L'homme qui sait en quoi consistela bonne conduite et le bonheur ne peut pas mal agir, car il saurait qu'il agit mal : ainsi il vaut mieux être un hommejuste dépouillé, moqué, torturé, que le plus grand des tyrans, ou le plus injuste des hommes qui se fait passer pourjuste.Ce qui fait qu'il se trompe aussi radicalement, c'est qu'il est esclave de ses passions et de ses désirs.

Le tyran quiassouvit tous ses désirs dès lors qu'ils surviennent en lui se croit heureux, alors qu'il ne fait que ressentir du plaisir ;mais s'il savait qu'il y a une grande différence entre plaisir et bonheur, s'il savait qu'il fait du mal, alors il agirait toutautrement.

C'est donc uniquement par méprise que le tyran agit injustement.

Il croit se rendre heureux, mais il serend malheureux.

Il n'est que la marionnette de ses désirs et passions ; de ce fait, dès lors qu'un désir est assouvi, ilne fait que passer à un autre et est donc dans l'éternelle souffrance de celui qui désire, sans jamais avoir de répit ;chaque cessation de désir (de par son assouvissement) est suivi d'une souffrance liée à l'apparition d'un nouveaudésir et d'un manque à combler.

La vie du tyran est donc remplie de manques et non pas de plénitude, qui est lacondition de l'homme heureux.

En faisant du mal aux autres, il se fait du mal à lui-même ; de ce fait, il veut le mal,mais par ignorance.

C'est donc son ignorance qui le pousse à vouloir le mal ; s'il savait, il s'en éloignerait.

L'hommene peut vouloir le mal, volontairement, en connaissance de cause ; le mal le pousse à être malheureux ; or ce quechaque homme désire est d'être heureux ; s'il fait le mal, dès lors, c'est parce qu'il ne sait pas que nuire aux autres,c'est se nuire à soi-même ; comme l'homme démocratique décrit dans La République, celui qui est libre de tout fairen'est que l'esclave de ses passions et a une vie désordonnée, ce qui le rend malheureux.

De fait, la poursuite deplaisirs l'empêche d'avoir une vie simple et stable, condition du bonheur.

Le tyran se croit heureux mais c'est uneaffreuse méprise ; et dès lors qu'il saura ce qu'est le bien, et ce qu'est être heureux, il se rendra compte de cetteerreur.

Il croit que faire du mal aux autres, c'est se faire du bien à soi ; mais il se trompe ; le tyran vit isolé, il doitengager des hommes pour le protéger des autres ; il ne peut faire confiance à personne ; il ne sait si un complot setrame contre lui ; il vit dans la peur et dans l'aveuglement ; il se croit heureux, mais c'est le plus malheureux deshommes.S'il fait le mal, c'est donc parce qu'il est incapable de voir ce qu'est le bien.

S'il le pouvait, il ne voudrait faire que lebien ; l'homme ne peut pas vouloir, sciemment, le mal, parce qu'il se nuirait à lui-même dans ses actions ; s'il le fait,c'est parce qu'il croit cela être bien pour lui ; et en cela, il se trompe.Mais puisque l'homme est libre, on peut objecter à Socrate qu'il ne fait que ce qu'il veut faire ; d'autre part, la thèseplatonicienne rejette au mal toute capacité jouissive ; or cela n'est pas légitime. Cette position sera décriée très rapidement.

L'homme étant libre, et possédant une volonté, il ne tient qu'à lui de sedébarrasser de son ignorance.

En effet, dès Aristote, la thèse selon laquelle nul n'est méchant volontairement estrenversée ; Aristote, dans son Ethique à Nicomaque, soutient la thèse selon laquelle l'homme est « principe etgénérateur de ses actions », et que « les actions dont les principes sont en nous dépendent elles-mêmes de nouset sont volontaires ».

De ce fait, l'homme est principe de ses actions, et donc lorsqu'il agit mal, il est principe de cemal, c'est-à-dire cause du mal qu'il fait ; et ce qu'il fait, il le fait volontairement.Mais qu'en est-il de la question de l'ignorance ? Car c'est ce qui sauve l'homme chez Platon, celui qui fait le mal,c'est celui qui ignore qu'il ne fait pas le bien, mais croit qu'il le fait en faisant le mal.

Il a beau être libre, s'il ignore,c'est qu'il ne veut pas faire le mal.

Aristote, quant à cette question, renverse la tendance : l'ignorance reste le faitde l'homme, car il est libre de choisir de s'instruire.

C'est donc, pour Aristote, encore la faute de l'homme que d'êtreignorant.

L'homme est aussi cause de son ignorance, et il n'en tient qu'à lui de travailler à se rendre savant, et àsavoir faire la différence entre ce qu'est le mal, et ce qu'est le bien.

Puisque l'homme a une volonté et qu'il est libre,il est libre à lui de décider de s'instruire et de ne pas rester dans l'ignorance.De même, si un homme agit mal parce qu'il était sous l'emprise d'alcool ou autre substance nuisible, il savait alorsqu'il était lucide ce à quoi il s'exposait.

L'ignorance n'est donc pas une « excuse » valable et suffisante pourAristote, elle n'exempte pas l'homme ; ne pas vouloir le bien directement, ou vouloir le mal en pensant que c'est lebien, revient au même : il ne tenait qu'à l'homme de réfléchir, et d'apprendre.

Que ce soit l'ignorance ou toute autre« diminution » de la volonté qu'il puisse invoquer, un homme qui a fait le mal l'a voulu, parce qu'il était possible à savolonté de ne pas faire ce qu'il a fait, et d'éviter les dommages que cela a apporté.

Si l'homme agit de façon injuste,il faut lui rendre ceci : non seulement il est injuste mais il veut l'être.L'homme a une volonté, il est libre et cause de toutes ses actions : dès lors qu'on pose ceci la maxime platoniciennes'écroule, parce que l'homme qui ne sait pas ce qui est bon est libre de vouloir le savoir, il peut l'apprendre ;. »

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