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Philosopher, est-ce apprendre à mourir ?

Publié le 27/12/2005

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La philosophie, c'est l'exercice de la pensée qui se concentre sur son propre principe pour se détacher, précisément, de l'élément corporel. Selon la fameuse identité soma / sema, Platon pense en effet que le corps constitue un tombeau pour l'âme, dont il revient à la philosophie d'apprende à cette dernière de se libérer. C'est par une vie ascétique, c'est-à-dire étymologiquement selon une vie qui constitue un exercice de détournement de l'âme du corps, que la philosophie peut aider l'âme à se libérer du poids du corps : apprendre à mourir, c'est donc apprendre à bien vivre pour bien mourir, de sorte que l'âme parvienne à se libérer de la pesanteur de la corporéité.  II. Nous n'avons aucune expérience de la mort : ce qui compte, c'est donc le plaisir de la vie (Epicure). Contrairement à Platon, Epicure pense qu'il est impossible de penser à ce qu'est la mort et à ce qu'il y aurait éventuellement "après", puisque nous n'en avons aucune expérience possible : puisque la vie c'est la sensation, et que la sensation c'est l'expérience, puisque la mort est précisément l'abolition de la sensation, nous ne saurions jamais avoir aucune expérience possible de la mort. L'angoisse vis-à-vis de la mort constitue donc un mal inutile : la vraie question reste celle de la vie elle-même. Le bien suprême, ce n'est pas de bien vivre pour bien mourir, c'est de vivre selon le plaisir, parce que le plaisir est un bien en soi, qui ne saurait avoir de contrepartie dans un au-delà de la mort. Philosopher, c'est penser la vie pour apprendre à se débarrasser de ses angoisses vaines : seul importe le plaisir, le véritable bien en soi. Néanmoins la doctrine épicurienne rejoint celle de Platon dans ses effets, en ce qu'une vie bonne se caractérise également par un certain ascétisme, puisque trop de plaisirs implique des maux plus grands que ces mêmes plaisirs.
- La mort constitue l'événement singulier qui clôt une vie. La vie toute entière se définit à partir de cet événement ultime, qui implique la finitude fondamentale de tout être vivant, dont l'homme.
- Or, l'homme est de tous les animaux le seul qui sait qu'il va mourir : sa vie même, son existence propre s'inscrivent donc sous l'horizon d'une mort dont on ne pourra jamais, pourtant, faire l'expérience directe.
-La philosophie, en tant qu'exercice de la pensée portant sur l'existence et ses innombrables caractéristiques, inscrit donc l'horizon de son exercice au sein de cette condition mortelle originaire de l'homme.
- En quel sens la pensée philosophique constitue-t-elle un apprentissage à la mort ? Apprendre à mourir, dans cette perspective, n'est-ce pas plutôt apprendre à vivre, en inscrivant cette vie même au sein de sa finitude constitutive ?
 

« leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus detemps à commencer à se décomposer.

Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation :« Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, etque la mort est absence de sensation.

»En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.

Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme unsensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.

La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.

Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mortn'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.

»Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.

Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.

Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.

Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste. III.

Toute existence constitue un pro-jet conjurateur de notre finitudeconstitutive (Heidegger, Sartre).

Comme l'affirme Heidegger dans Etre et temps , la vie humaine s'inscrit tout entière au sein de sa propre finitude : notre mort est présente dans chaqueinstant de notre vie, car tout pro-jet ek-sistentiel s'inscrit, en tant que tel,au sein de la finitude, qui consiste en la circonscription de l'existenceindividuelle entre le moment de la naissance et celui de la mort.

Reprenant laphrase de Malraux, qui disait que "la mort transforme la vie en destin", Sartremontre que l'horizon de notre mortalité constitue ce qui, précisément, permetde donner du sens à notre existence : la finitude constitue cela même quipermet à l'existence de s'orienter selon une nécessité propre, la sienne,qu'elle s'est pro-jetée en propre.

Ainsi, penser sa vie, c'est pro-jeter sa vieen tant que vie finie, c'est-à-dire donner du sens à une existence particulière à partir de cela même qui devrait abolir toute possibilité même de sens(puisque la mort rend vaine toute action humaine, dans l'absolu).

Penser savie, philosopher, constitue donc une lutte de tous les instants contre lacondition mortelle de l'homme, étant bien entendu que cette lutte même nepeut s'inscrire qu'à partir de l'horizon même de la finitude humaine.

En effet, dans la mort, il en va du tout de mon existence : la mort est ce quiest absolument propre et mien.

Aussi l'angoisse devant la mort est-elle enquelque sorte l'angoisse devant la liberté, devant notre être au monde.

Et s' « il est exclu de confondre l'angoissede la mort avec la peur de décéder », c'est précisément que « l'angoisse de la mort est angoisse « devant » lepouvoir-être le plus propre, absolu, indépassable ».La capacité d'assumer la possibilité de la mort propre, et par suite de se découvrir comme être au monde , commejeté, librement, dans le monde, a donc partie liée avec la capacité du Dasein d'être soi.Or, précisément les bavardages du On à propos de la mort, là encore sombrent dans l'inauthenticité et lerecouvrement.

Il s'agit de camoufler cette mort qui est la mienne en événement, en bien connu.« Si jamais l'équivoque caractérise en propre le bavardage, c'est bien lorsqu'il prend la forme de ce parler sur lamort.

Le mourir, qui est essentiellement et irreprésentablement mien, est perverti en événement publiquementsurvenant.

»Le discours du On transforme la mort en accident : « le On meurt, propage l'opinion que la mort frapperait pour ainsidire le On ».

Là encore il s'agit de se démettre de ses responsabilités et même de soi-même.Ces bavardages interdissent à l'angoisse de la mort de se faire jour : en ce sens, ils privent l'individu de la possibilitéde l'accès à son être propre.

« Dans l'angoisse de la mort, le Dasein est transporté devant lui-même […] Or le Onprend soin d'inverser cette angoisse en une peur d'un événement qui arrive.

»En faisant miennes ces ratiocinations, sans doute gagnerais-je d'être rassuré, d'être indifférent à ce qui m'est leplus propre, mais au prix de l'aliénation, de la perte de soi.

Conclusion.. »

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