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Philosopher est-ce tout connaître ?

Publié le 27/02/2008

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Intro:

 

- La philosophie comporte deux aspects contradictoire:

D’un point de vue institutionnel, elle est une discipline parmi d’autres, qui comporte son domaine, ses objets et sa méthode particulière. Elle constitue donc une partie de la connaissance, à côté des mathématiques, de la physique, de l’économie, de l’histoire, etc.

Mais si nous nous référons à son étymologie, philosophie signifie « amour de la sagesse «, de la sagesse en général et dans sa totalité. Si nous assimilons sagesse et savoir, la philosophie n’est alors plus une partie de la connaissance. Elle répond au contraire à un désir de tout connaître, et vise ainsi à constituer un savoir total.

- Mais dans ce second cas, la philosophie n’est-elle pas une prétention vaine? En effet, que peut bien signifier pour un homme (c’est-à-dire un être aux capacités limitées) posséder toute la connaissance. Nous appelons connaissance le fait de posséder sur certains objets des propositions vraies et vérifiées, qui leur attribuent des déterminations essentielles (ex: Socrate est un homme, l’homme est mortel, etc.) « Tout  connaitre « signifierait alors posséder de telles propositions à propos de tous les objets et de tous leurs aspects, de manière à épuiser le réel. On voit d’emblée les obstacles qui interdisent un tel projet: d’une part la richesse du réel semble inépuisable, d’autres part l’homme possède des facultés de connaissances limitées qui lui interdisent de prétendre tout connaître. A la limite, une telle connaissance pourrait être attribuée à Dieu, mais il serait orgueilleux et vain pour un être humain de chercher à l’égaler.

- Pour que « philosopher « constitue une activité qui ait du sens au niveau humain, il semble donc que nous devions lui attribuer un domaine limité qui lui soit propre. Celui-ci peut être déterminé si nous nous attachons à un second sens du mot « sagesse «. En effet, la sagesse n’est pas seulement le savoir, mais également une capacité à bien vivre. Le sage n’est pas d’abord celui qui possède de nombreuses connaissances, mais avant tout celui qui a acquis la sérénité, qui mène une existence réfléchie capable de lui procurer le bonheur. Si la philosophie est « l’amour de la sagesse « elle est alors un désir de bien vivre. Elle se constitue comme une connaissance éthique, c’est-à-dire une réflexion sur la manière de mener une vie bonne. La philosophie possède alors ses objets propres: l’existence humaine, le bien, le bonheur, le désir, etc. Philosopher ne signifie pas « tout connaitre «: seul les connaissances ayant un impact sur notre manière de vivre intéressent le philosophe.

- Mais un nouveau problème se pose alors: comment peut-on prétendre acquérir un savoir concernant la vie bonne? Tout d’abord, il semble ne pas y avoir de critère objectif d’une telle existence. Chacun étant différent des autres et changeant soi-même sans cesse, aucun discours ne semble pouvoir saisir une fois pour toute le type d’existence qui nous convient et nous satisfait. Ensuite, même si elle était possible, une telle connaissance ne nous permettrait sans doute pas pour autant de modifier effectivement notre manière de vivre: il ne suffit pas de connaître le bien pour l’appliquer. Dans ce cas encore, il semble donc vain de philosopher.

 

Problématique:

 

 Devons-nous concevoir le philosophe comme un homme qui cherche à tout connaître? Il nous faudra alors tenter de montrer comment un tel projet peut se développer et même prétendre s‘achever. Ou bien doit-on restreindre la domaine de la philosophie à une réflexion sur la vie bonne? Dans ce cas, nous devrons expliquer comment une telle connaissance peut avoir une réelle effectivité dans nos existences.

« Transition: Dans cette première partie, nous avons montré que philosopher pouvait bien être conçu comme uneactivité qui vise à tout connaître.

Elle n'est pas une prétention vaine pour un homme si nous concevons que cetteconnaissance n'est qu'en puissance: ce que le philosophe connaît actuellement, ce sont les premiers principes,desquels il peut tout déduire.

En attribuant à ce savoir le statut de « puissance », nous avons pu le concilier aveccertaines limitation de l'esprit humain: mémoire restreinte, nécessité pour l'entendement d'enchaîner les propositionsles unes après les autres, expérience partielle, etc.

Mais ces limitation sont-elles les seules? N'en existent-ils pas de plus profondes qui nous interdirait deprétendre tout connaître, même en puissance? En effet, nous n'avons jamais l'expérience des premiers principes:notre sensibilité ne nous donne accès qu'à des réalités singulières.

Les premiers principes ne sont donc trouvés quepar un raisonnement inductif: nous partons des faits que nous constatons et, à l'aide de nos principes logiques,nous remontons jusqu'aux principes qui doivent en être la cause.

Cependant, rien ne nous garantie que nouspuissions atteindre ainsi une quelconque vérité.

La limitation essentielle de notre esprit consiste en ce que rien neassure de l'existence réelle de ce qui est logiquement cohérent.

La réalité extérieure n'a peut être pas la mêmestructure que l'esprit humain, au quel cas un raisonnement logique ne nous permet en aucun cas de conclure quoique ce soit la concernant.

Il n'y a donc pas de connaissance possible des premiers principes tels qu‘ils existeraienten dehors de l‘esprit.

D'ailleurs, une telle recherche métaphysique n'a jamais été conclusive: il existe une pluralité desystèmes possibles, différents et incompatibles les uns avec les autres.

Pour ne pas être une vaine quête métaphysique, la philosophie ne doit donc pas être conçue commerecherche d'une connaissance totalisante.

Elle doit, comme toute autre discipline, posséder un domaine et desobjets qui lui sont propres et qui limitent son activité.

II) Philosopher, c'est savoir comment bien vivre: - Quel est alors le domaine propre à la philosophie?Comme nous l'avons montré dans l'introduction, l'ambiguïté du mot « sagesse » peut nous mettre sur la voie.

Eneffet, le sage n'est pas un érudit.

Ce n'est pas quelqu'un qui accumule des connaissances dans le simple but de« tout connaitre ».

Le sage est d'abord celui qui a acquis une manière de vivre capable de lui procurer un bonheurdurable, indépendant de la situation extérieure.

La philosophie comme amour de la sagesse consiste donc avant touten une réflexion éthique, c'est-à-dire sur la manière de bien vivre.

Ainsi Épicure, dans sa Lettre à Ménécée, définit la philosophie comme une médecine de l'âme, dont le but est de nous procurer le bonheur « Il faut méditer sur lescauses qui peuvent produire le bonheur puisque , lorsqu'il est à nous nous avons tout, et que dans il nous manque,nous faisons tout pour l'avoir ».

Philosopher ne signifie donc pas acquérir des connaissances théoriques, maissoigner son âme.- Philosopher passe tout de même par l'acquisition de certaines connaissances, mais uniquement à propos desobjets qui influent sur le bonheur.

Ainsi dans la suite de sa lettre, Épicure traite uniquement de trois objets: lesDieux, la mort et le désir.

Ils sont choisis parc qu'une mauvaise conception de leur nature nous empêchent d'êtreheureux.

En effet, la foule qui croient que les Dieux agissent dans le monde vit dans l'angoisse de leur courroux.Épicure rétablit alors la vérité à leur sujet: ils sont des êtres « immortels et bienheureux », c'est pourquoi ils sontabsolument indifférents à ce qui se passe dans le monde, et nous n'avons rien à craindre d'eux.

De même, la peur de la mort nous empêche d'être heureux: le désir d'immortalité qu'elle engendrenous empêche de jouir de notre vie présente.

Il est alors important d'acquérir un savoir qui fit disparaître cettepeur.

Il s'agit de la connaissance que « la mort n'est rien pour nous ».

En effet, comme l'affirme Épicure: tout bienet tout mal réside dans la sensation (de plaisir ou de douleur), or la mort est privation de toute sensation.

Nousn'avons donc pas à craindre la mort puisque nous ne la sentirons jamais: « tant que nous existons nous-même, lamort n'est pas » et « quand la mort existe, nous ne sommes plus ».

La mort ne nous causera donc jamais aucuntrouble.

Enfin, le malheur des hommes est également du à une mauvaise gestion de leur désir.

C'est pourquoi laphilosophie doit également comporter une théorie du désir qui permette de le régler de manière adéquate.

AinsiÉpicure divise les désirs en « naturels » (alimentation, abris, etc.) et « vains » (honneur, richesse, etc.).

Nousdevons contenter nos désirs naturels, mais ne pas nous fourvoyer dans la satisfaction des désirs vains.

En effet,ceux-ci renaissent sans cesse et exigent de nous toujours davantage, nous entraînant dans une existence affairée, angoissante et jamais comblée.Les objets de la philosophie sont donc ceux dont la connaissance est nécessaire pour atteindre la sagesse conçuecomme bonheur durable.

Corollairement, philosopher signifie « méditer » sur ces objets, c'est-à-dire en avoir unepensée répétée, afin de nous imprégner de la vérité les concernant.

L'assimilation de cette vérité fait taire lestroubles de l'âme et nous permet d'atteindre la sérénité.

Transition: Dans cette seconde partie, nous avons conçu la philosophie comme une discipline parmi d'autre.

Elle aalors ses objets propres (les Dieux, la mort, le désir, et tous ceux dont la connaissance est nécessaire à la vieheureuse) et sa méthode singulière (la méditation).

Son but est avant tout éthique, l'acquisition de connaissanceétant subordonnée à cette fin.

Cependant, dans ce cas également, la prétention de la philosophie semble illégitime: qui peut prétendresavoir et enseigner comment bien vivre? En effet, comme l'affirme Sextus Empiricus dans ses Esquissespyrrhoniennes (livre I), les hommes possèdent des constitutions et des sensibilités si diverses qu'il n'existe aucunmode de vie capable de les satisfaire tous.

L'éthique est une affaire individuelle, personne ne peu répondre à notre. »

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