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Philosophie et religion.

Publié le 17/09/2015

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philosophie
C. Vers la vraie conciliation. — Il serait imprudent de prétendre fournir en quelques lignes la vraie solution d’un problème vainement débattu au cours des siècles par les plus grands esprits. Y a-t-il, au reste, une solution ? Il est du moins possible de préciser une attitude qui nous semble à préférer : nous dirons que l’accord parfait de la religion et de la philosophie en face de Dieu n’a de chances d’être atteint que dans l’approfondissement de chacune d’elles par elle-même. L’une et lautre sont en quête de la vérité : si leurs chemins sont différents, nous avons confiance que leur but est unique
A. Conditions préalables. — Toute conciliation suppose des concessions réciproques; faute de les consentir, on ne peut aboutir qu’à de fausses solutions.
 
a) Distinction spécifique. — La première condition à réaliser est donc l’abandon de toute intransigeance. Mais la philosophie et la religion peuvent-elles consentir à cet abandon sans être infidèles à leur vocation, sans perdre par le fait leur raison d’être? Cet effort pour une compréhension mutuelle ne sera possible que si, de part et d’autre, l’on essaye de délimiter les domaines. Le philosophe, quand il s’interroge sur Dieu, se trouve devant un problème : un problème au même titre que celui du temps et de l’espace, des rapports de la matière et de l’esprit, de l’un et du multiple; un problème qu’il aborde sans autre arme que sa propre raison, résolu à écarter toute solution que la raison ne justifierait pas. Le croyant, quand il pense à Dieu, se trouve devant une présence : qu’il soit capable ou non de l’expliquer, il sait qu’il entretient avec son Dieu des relations personnelles; et cette certitude, confirmée par la Révélation, est à la base de sa foi. Nous sommes donc conduits à reconnaître, d’une part, la spécificité de la technique philosophique, qui exige la liberté de spéculation; d’autre part, la spécificité de l’option religieuse, qui n’est justiciable que d’elle-même. Chacune de ces attitudes doit reconnaître la spécificité de l’autre et, en même temps, sa propre insuffisance. La raison doit concéder qu’elle ne peut nous donner le dernier mot sur Dieu : la religion, qu’il lui est essentiel de ne refuser aucune des lumières de la raison.

philosophie

« """ tient qu'il y a des mystères dont il a plu à Dieu de réYéler à l'homme l'existence, mais non toute la nature : o-r, la philosophie en général refme le mystère (en général, car un G.

MARCEL met en relief tout ce qu'a d'éclai­ rant et de fécond la notion de mystère).

La religion n'aime guère que le philosophe remette tout en question; et pourtant elle affirme que par la seule raison l'homme est amené à reconnaître l'existence de Dieu.

Ce Dieu cie la religion, ce Dieu transcendant toutes cho-ses et, en même temps, créateur de toutes choses, le philDsophe ne peut-il le mettre en question? La religion proclame oon Dieu transcendant et ineffable, mais elle ne se refu~e paE à le désigner en termes humaim, car ...

il faut bien parler et se faire entendre.

Et Dieu, s'il est le Tout-Autre, ai-je encore quelque chDse à voir avec lui ? Le Dieu des philo·sophes a contre lui, aux yeux des croyants, d'e n'être bien c-ompris que du petit nombre alor·s que la religion se veut largement diffusée; il a contre lui de laisser de côté tout le plan des valeurs surnaturelle;;.

PDur le croyant, en effet, l'accès au monde smnatnrel est fDnction d'une révélation; le rapp•ort cie l'homme à Dieu n'est pas seulement connaissance, mais adhésion.

B.

Conflits historiques.

- De fa;t, l'histoire nom montre que ces causes cie conflit ont agi, au cour:;, cl es siècles, lDrsqu 'en face du problème de Dieu philosophie et religion se rencontrèrent.

Lai·ssDns de côté le•s pro­ f.ess·lons d'athéisme des philo~ophes qui ont précédé l'ère chrétienne.

Les sarcasmes d'un LucRÈCE trouvent peut-être une explication, sin·on une jus­ tificati-on, dans le décalage entre une pensée phiJ.osophiquc déjà suffi­ s-amment élabo-rée et une religion qui, privée des lumières de la révélation, se trouvait encore à un stade très inférieur.

a) Les Pères de l'Eglise ett la philosophie païenne.

- Nous trouvons, chez les Pères de l'Eglise des premiers ·siècles, un exemple signifîeatif de cette rencontre de la IPhilo·sophie et de la religion.

Réticence·s d'abord des croyants devant les philosophes.

Un TERTULLIEN écrira : " l\ltieux Yaut igno­ rer que connaître ce qu'on ne doit pas, du moment qu'on sait ce qn 'on doit sav.oir ...

"Xe rien savüir contre la règle, c'est ·savoir tout.

" (De praescr Haer., chap.

f3.) Et 0RIGÈXE lui-même : « Les fidèles, persuadés que la grâce et la vérité dérivent de Jésus-Christ et qu'il est la ,·érité même ,;;elon ::>on affirmation formelle «Je suis la Vérité n, ne cherchent pas la science de la vertu et du bonheur ailleurs que dans les paroles et la doctrine dn Christ.

" (Préf.

du Traité des Princ.) Obscurantisme? ~on, mais maintien de ce qu'a de spécifique le dépôt de la révélation.

On le voit bien lmsque ces réticences se changent en utilisation de tout ce que la philosophie peut appDrter à la religion.

T~e même ll.\:-ILE, qui distingue soigneu8ement « in·struire par la Sainte Ecritme " et " défigurer la vérité par la sagesse du deho·rs n, nomme chair et sang du Christ "l'em:cmble de son enseignement, notions morales, philosophiques et théologiques qui nourrissent vraiment 1 'âme et la préparent à la connaissance de·s êtres véritables» (Lettre 8).

Et l'on sait l'utilisatiDn que les Cappadociens d'un côté, saint AuGusn:-~ de l'autre, feront de la philosophie comme appui de la religion.

Ainsi, les Pi'res d'abord, la soolastique ensuite, ont " baptisé , la philo­ s·ophie : il semble que l'équilibre soit atteint, où le Dieu des philosophes et le Dieu de la religion ne s'opposent pas.

mais se complèter.c.

Répit de CDurte durée : si la religiDn n'a plus d'anathèmes contre une philosophie devenue " servante de la théologie n, nous as,s~sterons à partir de la. »

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