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Pierre-Joseph Proudhon, le père de l'anarchisme

Publié le 31/07/2009

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Le mutuellisme, l'autogestion, le fédéralisme... Proudhon se présente trèšs vite comme un antiautoritaire convaincu. « Quiconque met la main sur moi pour me gouverner est un usurpateur et un tyran, je le déclare mon ennemi. « Mais, pour lui, la réussite du projet anarchiste passe aussi par une rénovation de l'économie. Il fustige le capitalisme tout autant que les théories communistes. Il rêve d'une société où les paysans deviennent maîtres de leurs terres et où les ouvriers et les artisans gÚrent et dirigent eux-mêmes leurs outils de production par l'intermédiaire d'« associations ouvrièšres «. Proudhon devient alors le premier à défendre avec conviction les concepts de mutuellisme et d'autogestion, fondés sur une réciprocité désintéressée, sur l'entraide et la solidarité. « Nous, producteurs associés ou en voie d'association [écrit-il], nous n'avons pas besoin de l'Etat [...]. Nous ne voulons pas plus du gouvernement de l'homme par l'homme que de l'exploitation de l'homme par l'homme...

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« Un authentique plébéien « Mais voici que Proudhon parut : fils d'un paysan, et dans le fait et d'instinct cent fois plus révolutionnaireque tous ces socialistes doctrinaires et bourgeois [...], il s'arma d'une critique aussi profonde et pénétrantequ'impitoyable [...] Opposant la liberté à l'autorité [...] il se proclama hardiment anarchiste » (Bakounine, in H. Arvon, Bakounine, Seghers, p.

53). Pierre-Joseph Proudhon, authentique plébéien, né en 1809 à Besançon, devient correcteur d'imprimerie, n'ayant puobtenir son baccalauréat, faute de ressources suffisantes.

Il fait paraître, de 1840 à 1842, trois mémoires, qui luiapportent la célébrité, dont Qu'est-ce que la propriété ? En 1846, il publie le Système des contradictions économiques ou philosophie de la misère, qui suscite une réponse virulente de Marx, dans Misère de la philosophie (1847).

Première fracture, première cassure entre l'anarchie et la pensée communiste. Élu député en 1848, Proudhon fait scandale à l'Assemblée, passe à l'opposition après l'élection de Napoléon à laprésidence de la République, est traduit en cour d'assises et condamné à trois ans de prison.

En 1858, il publie De la justice dans la Révolution et dans l'Église, et doit se réfugier en Belgique après avoir été poursuivi et condamné. Amnistié, il rentre en France en 1862.

Proudhon meurt, en 1865, à cinquante-six ans. Que mettre à la place de l'État ? Rien Après 1848, le pouvoir de l'État se voit condamné par Proudhon, qui développe à cet égard une analyse beaucoupplus critique qu'auparavant.

L'Etat, affirme-t-il, dans L'Idée générale de la Révolution au xixe siècle (1851), emprunte à la famille l'idée d'autorité et reproduit la forme patriarcale.

Substitut du père, protecteur du faible,système d'ordre puissant, l'État s'enracine donc, tout comme l'idée d'autorité, dans des couches obscures de notremoi.

Or l'application du principe d'autorité hors de la sphère familiale ne possède nulle légitimité.

Proudhon, siconservateur dans ses moeurs, si attaché à la morale domestique traditionnelle, répudie, néanmoins, dans l'ordrepolitique, ce qui relève de l'autorité gouvernementale. À la place du pouvoir étatique, que mettre ? Rien. « Quoi, vous ne voulez pas de constitution ? Vous voulez abolir le gouvernement ? Qu'est-ce donc quimaintiendra l'ordre dans la société ? Que mettrez-vous à la place de l'Etat ? A la place de la police ? A la placedes grands pouvoirs politiques ? » Rien, répond Proudhon : « La société, c'est le mouvement perpétuel, elle n'a pas besoin qu'on la remonte, ni qu'on batte la mesure.

Elleporte en soi son ressort, toujours tendu, et son balancier » (La Voix du Peuple, n° 89, 29/12/1849). Le système mutualiste Ainsi, qui dit Autorité dit oppression.

« Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré,réglementé, parqué, endoctriné [...] par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu » (Proudhon, L'Idée générale de la révolution au XIXe siècle, in Œuvres complètes, Rivière, p.

344). Mais l'anarchie positive et l'extinction du pouvoir d'État ne signifient pas, selon Proudhon, absence de principe etdésordre radical.

Bien au contraire, il s'agit d'accorder la primauté à l'économique sur le politique.

Le système mutualiste dessinera dès lors un équilibre économique tel que l'État se décompose de lui-même : il n'intervient plus et s'efface spontanément.

Comme chez Marx, l'État disparaît quand une société transparente tend à s'auto-organiser.

À ceci près que les marxistes prévoient une « Dictature du prolétariat », évidemment étrangère auxthèmes proudhoniens.

Le système de la mutualité s'avère infiniment plus souple que la future organisationmarxienne.

De quoi s'agit-il, chez Proudhon ? D'intégrer la propriété dans un ensemble où les membres du groupe sepromettent, réciproquement, certaines prestations, des échanges de bons offices et de produits.

Des réseaux demutualité réorganisent l'économie, de manière à ce que la propriété, néfaste comme réalité absolue, se convertisseen possession, relativisée par le jeu mutualiste.

Enfin, Proudhon transportera le système mutualiste dans la sphèrepolitique et verra dans la fédération, c'est-à-dire l'association libre de collectivités politiques, le remède à la centralisation. L'influence de Proudhon sera profonde, et ce pour une double raison : parce qu'il a prôné la gestion de la société parelle-même, mais aussi et surtout parce qu'il a été bon prophète, en décrivant le communisme comme uneorganisation mortifère.

Le communisme, écrit-il, est synonyme de nuit, de silence, de nihilisme (Philosophie de la misère).

Proudhon anticipe sur le devenir du communisme, sur la formation du futur « État-despote ».. »

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