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Pierre Teilhard de Chardin

Publié le 22/02/2012

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a) Pierre Teilhard de Chardin est né en 1881 au Château de Sarcenat à Orcines (Puy-de-Dôme) dans une famille qui comptait déjà dix enfants. Il entre dans l'ordre des Jésuites et fait son noviciat à Aix-en-Provence (à partir de 1899). Il n'est pas sans importance de noter qu'il y rencontre Blondel, avec lequel il correspondra par la suite (n'oublions pas que Blondel déjà enseignait « la nécessité naturelle du surnaturel et la réalité surnaturelle du naturel même » ). Le jeune jésuite passe en même temps une licence ès sciences et fait une carrière de géologue et de paléontologiste. De 1922 à 1928 il est professeur de géologie à l'Institut Catholique de Paris. Il participera à de nombreuses recherches sur le terrain en Europe et en Asie. Il appartient à l'équipe qui découvrira en 1929 près de Pékin un homme fossile appelé « sinanthrope ». Il sera membre de l'Académie des Sciences en 1950. Chrétien fervent il repense et approfondit sa foi à partir de ses travaux scientifiques et aussi de ses contacts avec des savants incroyants dont l'humanisme sincère et fécond (même lorsqu'il s'exprime dans le langage du marxisme ) lui semble une richesse que le christianisme doit pouvoir intégrer à son dynamisme propre. Cependant, la censure ecclésiastique lui interdit la publication de ses oeuvres (en 1927 Rome refuse l'imprimatur pour le Milieu divin, en 1944 pour le Phénomène humain). En septembre 1947 on l'invite à ne plus écrire de philosophie. En 1948 on ne lui permet pas d'accepter la chaire que lui offre le Collège de France. Jusqu'à sa mort son oeuvre n'est connue que par des textes ronéotypés circulant discrètement. L'oeuvre publiée à la mort du Père connaît rapidement un immense succès, multiplie les conversions, mais l'Église demeure réservée. Un décret du Saint-Office du 6 décembre 1957 indique que « les livres du P. Teilhard de Chardin doivent être retirés des bibliothèques des séminaires et des institutions religieuses ». L'oeuvre du Père n'est pas mise à l'Index, mais elle est réputée dangereuse. Le Monitum du 30 juin 1962 avertit les fidèles que les oeuvres de Teilhard « renferment de telles ambiguïtés et même des erreurs si graves qu'elles offensent la doctrine catholique ».
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« même : c'est l'insuffisance, l'insatisfaction liées à chacune des volontés voulues qui nous révèlent les exigences dela volonté voulante.

Tandis que Teilhard insiste beaucoup plus sur la valeur positive du monde, de la terre, de lachair qui sont déjà en quelque sorte des richesses spirituelles.

L'humanisme de Teilhard est plus accusé que celui deBlondel.

Il s'y ajoute un « sens cosmique » étranger au philosophe d'Aix.

D'aucuns ont parlé du panthéisme deTeilhard.

Teilhard lui-même a écrit en 1934 dans Comment je crois : « Si par suite de quelque renversementintérieur, je venais à perdre successivement ma foi au Christ, ma foi en un Dieu personnel, ma foi en l'Esprit, il mesemble que je continuerais à croire au Monde.

Le Monde (la valeur, l'infaillibilité et la bonté du monde), telle est, endernière analyse, la première et la seule chose à laquelle je crois.

C'est par cette foi que je vis, et c'est à cette foi,je le sens, que, au moment de mourir, par-dessus tous les doutes, je m'abandonnerai ...

A la foi confuse en unmonde Un et infaillible, je m'abandonne, où qu'elle me conduise.» e) La pensée de Teilhard est une ontologie optimiste et mystique.

La foi de Teilhard est d'abord foi dans la bonté del'Être : « Si on admet que l'Être est mieux que son contraire, il est difficile de s'arrêter sans aller jusqu'à Dieu ».

Etcette foi est vécue comme joie profonde.

« Être dans la joie.

Trouver cette joie qui reste le plus divin des devoirs ...Une joie inconditionnelle à l'égard de toutes les réalités terrestres ».

Soyez fidèles à la Terre, ô mes disciples, disaitZarathoustra ! Mais pour Teilhard il n'y a pas d'opposition entre la terre et le ciel : le ciel des croyants achève dansl'union mystique les promesses de la Terre.

Cette théodyssée (si nous osons dire ) teilhardienne, qui rappelle laconquête hégélienne de l'absolu, est-elle un authentique christianisme ? Le P.

Philippe de la Trinité le contesterésolument : « Le teilhardisme est une déformation du christianisme métamorphosé en évolutionnisme de typenaturaliste et panthéiste ».

Les amis catholiques de Teilhard contesteront ce jugement brutal.

Cependant, Teilhardlui-même écrivait le 17 décembre 1922 : «Je suis parfois un peu effrayé quand je songe à la transposition que jedois faire subir en moi aux notions vulgaires de création ...de miracle, de péché originel, de Résurrection pourpouvoir les accepter.» Ce sont évidemment les notions chrétiennes qui tournent autour du problème du mal (lepéché, la rédemption) qui donneront le plus de difficulté dans cet optimisme mystique. f) Le mal perd chez Teilhard beaucoup de son aspect mystérieux et tragique traditionnel.

Un monde en évolution quiprogresse par tâtonnements, par à-coups, connaît inévitablement des échecs, des « ratés » à travers lesquels l'infaillible progrès finit par se faire jour.

Le malest ainsi « exigé par le jeu des grands nombres ».

C'est la simple contrepartie d'un ordre en formation, un « sous-produit engendré en chemin » par l'évolution.

Teilhard écrit fort clairement : « Dans un univers de structureévolutive, l'origine du mal ne soulève plus les mêmes difficultés (et n'exige plus les mêmes explications) que dans unUnivers statique, initialement parfait.

Plus besoin désormais pour la raison de soupçonner et de chercher un «coupable ».

Désordres physiques et moraux ne naissent-ils pas spontanément dans un système qui s'organise, aussilongtemps que le dit système n'est pas complètement organisé ? Necesse est ut eveniant scandala.

De ce point devue le péché originel ...

tend à se confondre avec le mécanisme de la Création ...

tend de plus en plus à secombiner (au moins dans ses racines) avec la loi de chute toujours possible et de peine toujours présente au seind'un monde en état d'évolution.

» Nos fautes représentent ainsi des retours en arrière, des survivances archaïques dans notre vie morale présente.Teilhard n'a-t-il pas dit par exemple dans une lettre du 15 octobre 1936 que le fascisme représentait une chute «dans le néolithique » ? Sur ce point on pourrait esquisser un rapprochement avec l'évolutionnisme de Nietzsche («Quand un homme préfère la vengeance à la justice, il est moral suivant l'échelle d'appréciation d'une civilisationantérieure, immoral d'après celle du temps présent ...

Immoral désigne un individu arriéré mais toujours seulementd'après une différence relative.

Les hommes qui sont cruels aujourd'hui doivent nous faire l'effet de gradins decivilisation antérieure qui auraient survécu.

La montagne de l'humanité y montre à découvert les formationsinférieures qui autrement restent cachées 2.

») g) Plus sensible à la beauté du monde, œuvre divine, qu'à son caractère corrompu et mauvais, Teilhard tend fortlogiquement à reléguer au second plan le Christ rédempteur pour mettre en pleine lumière le « Christ évoluteur ».L'Agneau de Dieu ne porte plus seulement les péchés mais aussi, et pour Teilhard surtout,« le poids des progrès dumonde ».

Ainsi, dit-il, « une croix devenue signe de croissance est la seule désormais dont pourra se signer le monde».

Le Christ de la foi vient prendre tout naturellement la place de ce « point Oméga » que la seule description duphénomène humain, en son évolution, nous invitait à mettre au terme de l'aventure spirituelle : « Prolongéeslogiquement jusqu'au bout d'elles-mêmes les perspectives scientifiques de l'Humanisation déterminent au sommet del'anthropogenèse l'existence d'un centre ou foyer ultime de Personnalité et de Conscience, nécessaire pour diriger etsynthétiser la genèse historique de l'Esprit.

Or ce point Oméga comme je l'ai appelé n'est-il pas la place idéale d'oùfaire rayonner le Christ que nous adorons ? ».. »

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