Platon et le langage
Publié le 14/10/2019
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Le \"mentir-vraî\" ou les illusions perdues de Cratyle et Hermogène
Car la \"pensée claire\" entre toutes ne doit son apparition et f^ortune sur la scène philosophique qu'à partir d'un constat indigné de l'effritement de ce \"rapport impensable et d'autant plus vécu\" qui définit la valeur. D’où cette ironie socratique déployée par Platon contre ce qu'il perçoit comme un risque majeur : la décadence du signe linguistique comme source privilégiée d'adhésion à l'Etre. Ce constat, celui d'un certain désenchantement du monde, qu'effectue le philosophe (le même, en outre, qu'il opère à propos du sens des mythes), le détermine à l'Apologie de
Socrate et les Dialogues Socratiques, que nous nous devons de comprendre comme autant d'éléments (ou de germes) fondateurs de la philosophie des Idées.
La question de la présence (ou de l'absence) dé l'être dans la cité, de son imprégnation morale comme de son empreinte sociale, est donc au coeur de l'investigation philosophique platonicienne : l'Euthyphrôn ou de la Piété, le Protagoras ou des Sophistes, le Gorgias ou de la Rhétorique, le Ménon ou de la Venu, le Phédon ou de l'Ame, le Cratyle enfin, représentent la sanction métaphysique et ontologique qu'adresse le disciple de \"l'accoucheur des esprits\" à la des Sophistes médusés.

«
L
Le Paradigme perdu
A l'origine de la quête philosophique, il y a l'être.
Autrement dit, l'absolu
métaphysique, le maitre-mot de cette assomption du réel et l'objet
caractéristique de sa réflexion.
Mot·def qui cependant incline périodiquement
certains à penser que le philosophe dissene à l'envi sur des nuées, même à travers
des éléments de substitution, tels le Sujet ou le Devenir ...
E.
Benveniste note avec
raison (in Probl�mes de Linguistique générale ) que la langue grecque est la seule à
posséder un verbe être dont l'importance est aussi grande et qui se substantive aussi
aisément, mettant par là en lumière l'étroite corrélation qui existe entre cette notion
langagière protéiforme et l'invention, voire l'affermissement du texte
philosophique.
Mais il revient à Héraclite, Parménide et Empédocle de donner à l'idée d'Etre
sa consistance et son enjeu décisif : en s'interrogeant à la fois sur ce qu'est I'Etre et
sur ce qu'il est; et dans chaque cas, quelle est sa réalité ?
C'est dans cette lignée de "penseurs" que Platon institue, dans une perspective
critique de ses prédécesse urs (en particulier d'Héraclite et sunout de Parménide, qui
est une source de référence privilégiée), le système des Idées en tant que l'ensem ble
hiérarchisé d'êtres intelligibles _éclairé par I'Etre, c'est-�-dire l'Idée du Bien.
Mais Socrate ? Platon lui-même nous invite à penser que sa philosophie
provient de la philosophie de Socrate.
D l'a exposée, en effet, sous la forme du
dialogue, qui était la forme de la recherche socratique; et le nom par lequel cette
recherche était désignée, le nom de "dialectique", est devenu chez lui le nom même
de la philosophie, entendue comme la science de 11dée.
C'est dans les Dialogues,
dans ceux où la doctrine apparait sous sa fmne première et la plus brillante, que
Socrate est l'interlocuteur principa� et c'est lui à·qui Platon dévolue d'exposer la
théorie de 11dée.
Aristote indique, avec une très grande précision (cf.
Métaphysique 1-6;
XDI-4, 9) que la théorie de 11dée découle de la conception que Socrate s'était faite
de la science.
D'une part, nous dit� il •.
sous l'influence de Cratyle et d'Héraclite,
Platon s'est persuadé que toutes les choses sensibles sont dans un flux perpétuel, de
teOe sone qu'elles ne peuvent pas être connues de science.
D'autre pan, il apprit de
Socrate que la science a pour objet l'essence des choses.
L'objet stable de la science,
l'objet discinct des choses sensibles.
Ce sont les essen ces qu'il appeDe les Idées, et il
afftrme que les choses sensibles existent d c"té des Idées, et sont nommées d'après
elles, car les choses existent en tant qu'elles participent aux Idées (Aristote,.
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