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Platon, La République, IX, 571 b-d. Commentaire

Publié le 20/03/2015

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platon

Elle ne craint point d'essayer, en imagination, de s'unir à sa mère, ou à qui que ce soit, homme, dieu ou bête, de se souiller de n'importe quel meurtre, et de ne s'abstenir d'aucune sorte de nourriture ; en un mot, il n'est point de folie, point d'impudence dont elle ne soit capable.

 

La compréhension de ce texte exige que l'on connaisse la conception tripartite de l'âme que Platon développe dans plusieurs dialogues.

 

Ces désirs tirent leur énergie de la partie la plus vile de l'âme, du siège des appétits sensuels.

 

Or, c'est la pratique d'une vie dissolue, la consommation excessive de boisson et de nourriture trop riche qui fortifient cette partie de l'âme : l'exemple des rêves que chacun peut faire après une soirée trop «arrosée« illustre cette thèse.

 

Durant le sommeil qui succède à ces réjouissances, en effet, la raison et le coeur sont assoupis et les désirs immodérés plus forts que jamais.

 

Le désir

« — Parmi les plaisirs et les désirs non nécessaires, certains me semblent illégitimes ; ils sont probablement innés en chacun de nous mais réprimés par les lois et les désirs meilleurs, avec l'aide de la raison, ils peuvent, chez quelques uns, être totalement extirpés ou ne rester qu'en petit nombre et affaiblis, tandis que chez les autres, ils subsistent plus forts et plus nombreux.

— Mais de quels désirs parles-tu ?

— De ceux, répondis-je, qui s'éveillent pendant le sommeil, lorsque repose cette partie de l'âme qui est raisonnable, douce et faite pour commander à l'autre, et que la partie bestiale et sauvage, gorgée de nourriture et de vin, tressaille, et après avoir secoué le sommeil, part en quête de satisfactions à donner à ses appétits. Tu sais qu'en pareil cas elle ose tout, comme si elle était délivrée et affranchie de toute honte et de toute prudence. Elle ne craint point d'essayer, en imagination, de s'unir à sa mère, ou à qui que ce soit, homme, dieu ou bête, de se souiller de n'importe quel meurtre, et de ne s'abstenir d'aucune sorte de nourriture ; en un mot, il n'est point de folie, point d'impudence dont elle ne soit capable. «

Platon, La République, IX, 571 b-d.

platon

« Textes commentés 43 La compréhension de ce texte exige que l'on connaisse la conception! tripartite de l'âme que Platon développe dans plusieurs dialogues.

A l'âme 1 appartiennent la raison, le cœur et le désir.

L'équilibre psychique ne peut · être préservé que tant que la raison domine les désirs intempérants.

1 Lorsque ces derniers renversent cette saine hiérarchie, l'équilibre I psychique est rompu et l'homme perd toute maîtrise de lui-même.

Il : importe donc de conjurer la menace que font peser sur chacun les désirs déréglés.

En décrivant l'un après l'autre le devenir, la genèse et le caractère de ces désirs, Platon veut nous faire comprendre qu'un régime approprié peut, en prévenant leurs excès, amenuiser leur puissance.

Ces désirs tirent leur énergie de la partie la plus vile de l'âme, du siège des appétits sensuels.

Or, c'est la pratique d'une vie dissolue, la consommation excessive de boisson et de nourriture trop riche qui fortifient cette partie de l'âme : l'exemple des rêves que chacun peut faire après une soirée trop « arrosée » illustre cette thèse.

Durant le sommeil qui succède à ces réjouissances, en effet, la raison et le cœur sont assoupis et les désirs immodérés plus forts que jamais.

De sorte que l'âme perd tout contrôle d'elle-même et que, rendue incapable de honte par le relâchement du cœur, elle devient la proie de désirs qui, parce qu'ils peuvent s'exprimer librement, montrent leur véritable nature.

L'homme qui se souvient de son rêve après s'être éveillé les tient alors pour ce qu'ils sont : terribles, sauvages, démesurés et immoraux.

Afin d'éviter de tomber sous le joug, toujours plus tyrannique, de tels désirs, il convient de prendre au sérieux l'avertissement que constituent ces rêves et d'adopter des règles de conduite modérées.

Il n'est pas question, pour Platon, d'anéantir les désirs mais seulement de les tenir à leur juste place.

Pour y parvenir, il faut résister à deux tentations pernicieuses : livrer les désirs à la privation -ce qui les rend plus ardents -ou à la satiété - ce qui les rend intempérants.

On comprend ainsi que l'éthique platonicienne soit, malgré les légendes, aussi fausses que tenaces, qu'entretient une tradition exégétique à laquelle Nietzsche appartient, plus « athlétique » qu'ascétique.

Le souci de Platon n'est pas de tuer le désir, mais de le maîtriser.. »

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