Devoir de Philosophie

PLATON, Phédon: les amis du savoir

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

platon
Les amis du savoir (...) savent que, quand la philosophie a pris en main leur âme, celle-ci était véritablement enchaînée et soudée à leur corps, et forcée de voir les réalités au travers du corps comme au travers des barreaux d'un cachot, au lieu de le faire seule et par elle-même, et qu'elle se vautrait dans une ignorance absolue. Et ce qu'il y a de terrible dans cet emprisonnement, la philosophie l'a fort bien vu, c'est qu'il est l'oeuvre du désir, en sorte que c'est le prisonnier lui-même qui contribue le plus à serrer ses liens. Les amis du savoir, dis-je, savent que la philosophie qui a pris leur âme en cet état, l'encourage doucement, s'efforce de la délivrer, en lui montrant que, dans l'étude des réalités, le témoignage des yeux est plein d'illusions, plein d'illusions aussi celui des oreilles et des autres sens, en l'engageant a se séparer d'eux, tant qu'elle n'est pas forcée d'en faire usage, en l'exhortant a se recueillir et à se concentrer en elle-même et à ne se fier qu'à elle-même et à ce qu'elle a conçu elle-même de chaque réalité en soi, et à croire qu'il n'y a rien de vrai dans ce qu'elle voit par d'autres moyens et qui varie suivant les conditions diverses où il se trouve, puisque les choses de ce genre sont sensibles et visibles, tandis que ce qu'elle voit par elle-même est intelligible et invisible. En conséquence, persuadée qu'il ne faut pas s'opposer à cette délivrance, l'âme du vrai philosophe se tient à l'écart des plaisirs, des passions, des chagrins, des craintes, autant qu'il lui est possible. Elle se rend compte en effet que, quand on est violemment agité par le plaisir, le chagrin, la crainte ou la passion, le mal qu'on en éprouve n'est pas tant celui auquel on pense (comme la maladie ou les dépenses qu'entraîne la passion), mais que c'est le plus grand et le dernier des maux et qu'on n'y prête pas attention. Quel mal ? Chaque plaisir et chaque peine a pour ainsi dire un clou avec lequel il attache l'âme et la rive au corps, la rend semblable à lui et lui fait croire que ce que dit le corps est vrai. -- PLATON, Phédon.
§ Ce texte est extrait du Phédon de Platon, texte qui prend la forme du récit de la mort de Socrate et de ses dernières réflexions. Le dialogue prend alors l’âme ainsi que sa destinée comme sujet principal, la fin visée pas Socrate étant alors de montrer que le philosophe ne doit pas avoir peur de la mort, dans la mesure où l’âme est immortelle et ne périt pas en même temps que le corps.
§ C’est bien la nature et la définition de l’âme, en comparaison avec le corps, qui sont en question dans ce texte, Platon visant à montrer en quoi l’âme et le corps sont hétérogènes et en quoi la philosophie est cette discipline privilégiée qui doit d’une part montrer que l’âme survit au corps et est la source de la connaissance et d’autre part, en quoi elle vit sa séparation avec le corps comme une délivrance, le philosophe étant celui qui peut permettre la préparation à cette séparation.
§ Le texte présente alors le corps comme un cachot dans lequel l’âme serait emprisonnée et dont la sortie serait une véritable délivrance pour la connaissance de l’âme. C’est le fameux thème platonicien du soma sema qui est en jeu ici, c’est-à-dire du corps (soma) comme prison (sema) où l’âme est enfermée.
§ Ce texte définit et décrit alors tous les attributs corporels, tels que les sens, les passions comme des sources d’illusion potentiels pour l’âme, dans la mesure om la seule vérité est intelligible, là où le corps se meut dans le sensible. L’âme appartient à la véritable réalité, réalité intelligible, là où le corps appartient au sensible, se livrant à une connaissance seulement approximative. L’âme étant le véritable principe de connaissance est étant de fait liée essentiellement à la réalité intelligible, il apparaît alors que seule la délivrance de l’âme eu égard au corps peut permettre à l’âme d’accéder à l’intelligible et à la véritable connaissance.
§ La philosophie est alors la seule discipline capable d’ouvrir la voie à la libération de l’âme pour qu’elle rejoigne l’intelligible. C’est pourquoi le philosophe ne doit pas craindre la mort, celle-ci étant le moment où l’âme quitte le corps qui est son cachot pour rejoindre la véritable réalité, réalité intelligible.
§ Comment Platon parvient-il dans ce texte à faire du corps le lieu d’un emprisonnement de l’âme, faisant de tous les attributs corporels des sources d’erreur et d’illusion et ouvrant la voie à l’idée selon laquelle seule l’âme détachée du corps peut parvenir à une véritable connaissance des réalités intelligibles ?
 

platon

« qui lie l'âme au corps et au sensible et c'est la tâche de la philosophie et du philosophe d'ouvrir lavoie à la séparation de l'âme et du corps et à la prise de conscience de la nécessité de détacherl'âme du corps. II) La nécessité d'une délivrance de l'âme et le corps comme source d'illusion (de « les amis du savoir, dis-je… » à « tandis que ce qu'elle voit par elle-même est intelligible et invisible »). § La philosophie a pour tâche de montrer à l'homme que les sens ne sont qu'une source d'illusion, ausens où ils ne permettent pas par eux-mêmes au sujet de tendre vers la connaissance de l'intelligible,c'est-à-dire des véritables réalités vraies.

C'est alors le thème, classique en philosophie, de l'illusiondes sens qui est mis en lumière dans ce texte.

Le seul témoignage des sens nous fait entrer dansl'illusion, au sens où il nous détourne de la vérité qui est intelligible, en nous rivant irrémédiablementau sensible.

Une connaissance qui reposerait sur le corps serait tjs défaillante.

En affirmant cela, Platon se met dans l'obligation de dire que la connaissance du monde ne peut être obtenue au moyende la perception sensible.

Le corps au sens strict ne perçoit rien.

Il faut distinguer entre les affectionsdu corps et la sensation et la perception qui sont le fait de l'âme seule.

L'âme seule est la source dela véritable connaissance, mais tant qu'elle est rivée au corps, elle perçoit à travers lui et est doncsujette à l'illusion. § L'âme est le sujet véritable et exclusif de la connaissance et de la réalité.

C'est par la pensée que l'onsaisit la réalité véritable, sans recourir aux sens.

Ce qui est on ne peut l'atteindre qu'en se séparantdu corps.

L'âme connaît ce qui lui ressemble : si elle veut percevoir l'intelligible, l'âme devra êtreapparentée à lui, ainsi que pr le sensible.

Les réalités véritables, que l'on considère par la seulepensée sont alors par exemple le beau, le bon, le juste, la force, elles sont les qualités mêmes.

Lapensée et donc la perception de la réalité, est gênée par le corps, ce qui implique que l'âme doit seséparer du corps.

La philosophie est la préparation à cette séparation. § Les réalités intelligibles, objets de la connaissance véritable de l'âme sont alors des réalités invisiblesau sens où elles ne font justement pas partie du monde sensible.

Qui plus est, elles sont ce qui eststable et immuable, par opposition aux objets du monde sensible qui sont par définition ce qui estchangeant, ce qui est soumis au mouvement. § Se dégage alors dans ce texte la doctrine des intelligibles, c'est-à-dire des Idées platoniciennes, quiont pour caractéristiques d'être intelligibles donc, et d'êtres immuables, stables non changeantes etde fait incorruptibles.

Elles ne sont pas, comme les objets sensibles, soumises à la génération et à lacorruption.

C'est pourquoi elles sont plus que toute autre chose les sources et objets d'uneconnaissance véritable : la vraie connaissance doit de fonder sur ce qui est stable, ce qui est soumisau temps changeant sans cesse et ne pouvant par là être connu.

Stabilité, immutabilité etappartenance à l'intelligible sot donc les conditions de possibilité de toute connaissance pour Platon. III) La figure du philosophe comme celui qui s'abstrait de toute passion (de « En conséquence, persuadée qu'il ne faut pas s'opposer à cette délivrance » jusqu'à la fin). § L'âme du vrai philosophe doit donc se dégager de tout ce qui le rive au corps, et notamment despassions.

Ce thème apparaît notamment ici dans le contexte de la mort prochaine de Socrate.

Celui-ci, condamné à boire la cigüe est sur le point de boire le poison quand il tient ce discours.

Or, sesamis l'incitent à s'enfuir mais Socrate tient le discours selon lequel la fuite ne serait que contrevenir àla justice et selon laquelle cette mort doit être perçue comme une délivrance de son âme.

Toutchagrin, toute tristesse témoigneraient alors d'une incompréhension de la part de l'homme du fait quela mort du corps n'est pas une mort de l'âme et que l'âme et immortelle.

Le philosophe doit donc setenir au-delà des passions d'une part afin de porter, tourner son âme vers l'intelligible, et d'autre partparce qu'il e doit pas vivre la mort prochaine comme une condamnation mais comme une délivrance. § Dans ce texte, donc, l'étude de l'âme est introduite par le biais d'une réflexion sur la mort : parce quel'âme est immortelle, la mort n'est pour elle qu'une étape.

Cela va de pair avec une réflexion sur laphilosophie qui sera définie comme soin de l'âme et comme préparation à la mort. § Se placer au-delà de toute passion permet donc au philosophe, au cours de sa vie, de préparer sonâme et de la tournée vers le Bien, c'est-à-dire vers la vérité qui appartient au domaine de l'intelligible.Seule cette attitude lui permet de ne pas rester river aux illusions du monde sensible et à la simplecroyance selon laquelle ce que dit le corps est vrai.

Le vocabulaire de la croyance renvoie ici àl'opinion qui va de pair avec les sens et leur défaut, là où la véritable connaissance fait signe vers lapensée discursive ou rationnelle.

Le philosophe est celui qui fait appel à son intellect pour avoir uneconnaissance vraie là où l'opinion fait appel aux sens et ne possède que des croyances, nonrationnelles.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles