Pour les actes accomplis par crainte
Publié le 26/03/2015
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Pour les actes accomplis par crainte de plus grands maux ou pour quelque noble motif (par exemple, si un tyran nous ordonne d'accomplir une action honteuse, alors qu'il tient en son pouvoir nos parents et nos enfants, et qu'en accomplissant cette action nous assurerions leur salut, et
5 en refusant de le faire, leur mort), pour de telles actions la question est débattue de savoir si elles sont volontaires ou involontaires. C'est là encore ce qui se produit dans le cas d'une cargaison que l'on jette par-dessus bord au cours d'une tempête : dans l'absolu personne ne se débarrasse ainsi de son bien volontairement, mais quand il s'agit de son propre salut et de celui
10 de ses compagnons un homme sensé agit toujours ainsi. De telles actions sont donc mixtes, tout en ressemblant plutôt à des actions volontaires, car elles sont librement choisies au moment où on les accomplit, et la fin' de l'action varie avec les circonstances de temps. On doit donc, pour qualifier une action de volontaire ou d'involontaire, se référer au moment où elle s'accomplit.
1. La
«
Toutes séries sauff11, F11' et STI Arts appliqués, Polynésie, septembre 2002 SUJET 12
• actions mixtes : cela signifie qu'elles comportent des éléments différents, ici,
d du volontaire et de l'involontaire.
1 INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU TEXTE
L'intérêt du texte est le refus de se placer dans « l'absolu » pour définir une
~ action volontaire.
Il propose une conception pragmatique de la liberté.
Il permet
1 donc à l'homme d'ancrer sa réflexion théorique sur la volonté, dans le monde
de
la pratique.
Il nous propose une conception concrète de la liberté.
Mais plus a profondément, il nous invite à réfléchir sur les rapports entre la liberté et la
volonté proprement dite.
Si la plupart de nos actions sont « mixtes » et
« ressemblent » à des actions volontaires sans toutefois s'y réduire, faut-il inté
grer de
l'involontaire dans la définition de la liberté ? Inversement, une action
pleinement volontaire peut-elle être qualifiée de « libre » si elle est relative à des
circonstances données ?
PROBLÉMATIQUE DE LA QUESTION 3
C'est sur cette ambiguïté que porte la question 3.
Aristote nous invite à tenir
* compte des circonstances pour définir l'action volontaire, et par extension
fil l'action libre.
On peut supposer qu'une action pleinement volontaire serait une
action suffisamment
au fait des circonstances pour pouvoir être éclairée et juste.
Mais cette parfaite connaissance,
si elle est possible, résorbe le caractère contin
gent de
l'action.
Elle la rend nécessaire, puisqu'elle nous montre avec évidence
le choix à opérer.
Peut-elle en ce cas rester libre ? On montrera que seule une
action
volontaire, comprise comme action éclairée, peut être considérée comme
libre (1).
Mais la volonté et la liberté ne peuvent être définies dans l'absolu (Il).
UTILISER SES CONNAISSANCES
On partira de l'action volontaire, pour préciser ensuite ce que l'on entend par
« liberté ».
Cela évitera le hors-sujet et les généralités.
• « Je nomme généralement libre tout ce qui est volontaire » (Descartes, Lettre
à Mesland de 1644).
• « Ce qui doit être connu pour pouvoir former la volition n'est pas ce que nous
saurions
si nous étions dans une situation différente de celle où nous sommes
[ ...
] mais
ce que nous pouvons savoir dans la situation où nous nous trouvons
réellement » (B.
Croce, Philosophie de la pratique).
Cette forme de pragmatisme
est
l'une des voies ouvertes par le texte d'Aristote.
• « La théorie de la volonté a été essentiellement inventée à des fins de
châtiment » (Nietzsche, Le Crépuscule des idoles).
La tendance à considérer
toute action comme
libre et volontaire cache une volonté de culpabiliser et de
punir
celui qui a « mal » agi.
79.
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