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Pourquoi l'homme change t-il la nature ?

Publié le 20/07/2005

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      2. Vers un désenchantement du monde   Texte : Gilbert SIMONDON, Du mode d'existence des objets techniques, Aubier, pp. 9-11   "L'opposition dressée entre la culture et la technique, entre l'homme et la machine, est fausse et sans fondement ; elle ne recouvre qu'ignorance ou ressentiment. Elle masque derrière un facile humanisme une réalité riche en efforts humains et en forces naturelles, et qui constitue le monde des objets techniques, médiateurs entre la nature et l'homme.La culture se conduit envers l'objet technique comme l'homme envers l'étranger quand il se laisse emporter par la xénophobie primitive. Le misonéisme orienté contre les machines n'est pas tant haine du nouveau que refus de la réalité étrangère. Or, cet être étranger est encore humain, et la culture complète est ce qui permet de découvrir l'étranger comme humain. De même, la machine est l'étrangère ; c'est l'étrangère en laquelle est enfermé de l'humain, méconnu, matérialisé, asservi, mais restant pourtant de l'humain. La plus forte cause d'aliénation dans le monde contemporain réside dans cette méconnaissance de la machine, qui n'est pas une aliénation causée par la machine, mais par la non connaissance de sa nature et de son essence, par son absence du monde des significations, et par son omission dans la table des valeurs et des concepts faisant partie de la culture. [.

Lorsque nous disons que l'homme change la nature, nous faisons référence ici aux techniques aux modes de transformations et de modifications où les hommes construisent à partir de la nature un monde de culture. Changer signifie modifier,  réorganiser,  remodeler voire défigurer, altérer. Pourquoi l'homme change-t-il la nature? Autrement dit pourquoi, pour quelles raisons et pour quelles finalités les hommes ont-ils, par leurs techniques et par leurs outils, procèdent à un changement de la nature? S'il s'agit dans un premier temps de construire et de fonder un monde humain, un monde de culture, un tel changement porté sur la nature n'est-il pas aussi une défiguration voire une altération de celle-ci? Il ne s'agit alors plus de chercher les raison d'un tel travail sur la nature mais d'interroger aussi les limites et la légitimité de telles transformations.

« Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait lerécit du mythe de la situation originelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sansdéfense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peu prodigue à son égard.

Chargépar les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhée acceptede déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oubliel'homme.

Pour éviter que ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderied'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et la connaissance des arts àAthéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissentProméthée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.

D'abord, onpeut remarquer que sans les arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme estdans un état de dénuement total.

Comparativement aux animaux, il ne dispose en effetd'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin, pasd'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier lafaiblesse de sa condition par l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donnepar conséquent, d'abord, comme une nécessité vitale à laquelle nous devons notresurvie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.

Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ils sanctionnent parce quecelui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme le moyen d'être une sorte dedieu lui-même, un rival inattendu.

Par le développement des arts et des techniques, l'homme dispose d'un pouvoirextraordinaire.

Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-il le maîtriser ? Ce à quoi il doitsa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la technique est d'origine divine, elleprocure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contre ceux qui ne sont pasconscients des dangers qu'elle engendre. 2.

Le travail libérateur Texte : Karl MARX, Le Capital, I, c.

7, Editions sociales, Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

L'homme y joue lui-même vis-à-visde la nature le rôle d'une puissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, illes met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie.

En même tempsqu'il agit par ce mouvement sur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe lesfacultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêtons pas à cet état primordial du travail où il n'a pas encore dépouilléson mode purement instinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartient exclusivement àl'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l'abeille confond par la structurede ses cellules de cire l'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architectede l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche.

Lerésultat auquel le travail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

Ce n'est pas qu'il opèreseulement un changement de forme dans les matières naturelles ; il y réalise du même coup son propre but dont il aconscience, qui détermine comme loi son mode d'action, et auquel il doit subordonner sa volonté.

Et cettesubordination n'est pas momentanée.

L'oeuvre exige pendant toute sa durée, outre l'effort des organes qui agissent,une attention soutenue, laquelle ne peut elle-même résulter que d'une tension constante de la volonté.

Elle l'exiged'autant plus que, par son objet et son mode d'exécution, le travail entraîne moins le travailleur, qu'il se fait moinssentir à lui, comme le libre jeu de ses forces corporelles et intellectuelles ; en un mot, qu'il est moins attrayant. 3.

TRANSITION S'il est légitime pour l'homme de changer la nature pur plier celle-ci au mode de vie des hommes, de telschangements peuvent aussi nuire à cette nature II.

changer au point de défigurer lanature remet en cause les limites de telles interventions sur la nature 1." Etre comme maître et possesseur de la nature" Texte : DESCARTES, Discours de la méthode , VI partie. >. 2.

Vers un désenchantement du monde. »

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