Devoir de Philosophie

Pourquoi vouloir la vérité ?

Publié le 02/02/2004

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Les hommes découvrant la puissance de la raison ont peu à peu appris à comprendre et maîtriser ce dont ils avaient pris conscience et qui pouvait les effrayer. Le passage de la comète de Halley à proximité de l'orbite terrestre pouvait faire craindre aux esprits ignorants la fin du monde. La vérité des calculs astronomiques a écarté cette éventualité. L'homme a au moins deux bonnes raisons de vouloir la vérité* Premièrement, et concernant l'ordre des réalités physiques, objectives, comprendre de façon rationnelle, c'est maîtriser. * Deuxièmement, concernant l'ordre des réalités humaines, vouloir la vérité, c'est éviter les trahisons, les tromperies, les bassesses, les actes immoraux qui font de l'homme « un loup pour l'homme ». La morale, telle que Kant la définit, se fonde sur un « impératif catégorique»: ne jamais mentir, ni à soi-même, ni à autrui lorsque l'on se demande si tel commandement est bon, c'est-à-dire applicable à tous les hommes. la vérité est toujours moralement exigible   a)      taire la vérité = renoncer à sa personnalité Kant, Métaphysique des moeurs, « doctrine de la vertu », §9 « un homme qui ne croit pas lui-même à ce qu'il dit à un autre[...] a encore moins de valeur que s'il était une simple chose ». Explication : une chose a une valeur qui est instrumentale : la chose sert, elle a une utilité qui lui vient de sa fin. Au contraire, l'homme malhonnête, refusant de dire la vérité (croire à ce qu'il dit), porte atteinte « à la finalité naturelle de la faculté de communiquer ses pensées ».

« Pour Kant, disjoindre parole et pensée, être malhonnête = se servir de son être physique « comme d'un pur moyen ( Sparchmaschine ) qui ne serait pas lié à une fin interne (la communication de ses pensées) » ; à l'inverse, chacun est tenu « à lacondition de s'accorder avec la déclaration de celle-ci [communication de sespensées] et il est obligé envers lui-même à la véracité ».

Enjeu : la personne. La véracité (qualité de celui qui dit la vérité) est un devoir envers soi-même :la malhonnêteté est une atteinte faite à soi.

Exple : Augustin : si mentir estun péché, que dois-je répondre, pour mon salut, à l'assassin venu trouverl'ami que je cache ? Réponse = « je sais où il est mais je ne vous le diraispas ».

Mon salut et la vie de mon ami sont intacts. b) puis-je ériger en loi universelle ma maxime ? Invoquer les circonstances pour justifier qu'une vérité n'est pas bonne à dire apparaît ainsi comme une forme de faiblesse [on remarque d'emblée quela solution proposée par Augustin est audacieuse et très courageuse].Disjoindre vérité et bien revient à se chercher des excuses, apparaît commeun prétexte pour échapper à ce devoir fondamental qui est de s'obliger à dire la vérité.

Kant formule cette idée ainsi « tu dois donc tu peux » : un impératif ordonne catégoriquement, et de ce fait, on ne peut pas ne pas s'ysoumettre ; pouvoir désobéir à un impératif = faire que cet impératif n'en est pas un.

Or, comment sais-je que je DOIS dire la vérité quelle qu'elle soit ? S'octroyer le droit de taire une vérité = une maxime qui postule que « étant donné les circonstances, cette vérité n'est pas bonne à dire ».

Or, selon Kant, un tel précepte est sans valeur morale : je ne peux pas, en toute rigueur, ériger en loi universelle (valable pour tout homme) cette maxime.

Pourquoi ? Tout simplement parce quecelle-ci n'est pas suffisamment déterminée rationnellement car, comment déterminer formellement ces circonstances qui m'obligent à taire une vérité ? Pour Kant, ce qui est moral = ce qui peut valoir universellement, ce que je peux exiger de tout autre .

Or une telle exigence ne peut reposer que sur des principes formels : il s'agit de faire que la règle s'applique à tous sans considération à l'égard des contingences empiriques. Transition : Si la vérité semble toujours moralement exigible, vouloir la vérité « à tout prix », n'est-ce pas une volontéeffrayante, suspecte ? Pascal a écrit : « on se fait une idole de la vérité même ».

Jusqu'où cette idolâtrie est-elle tenable ? Ne faut-il pas lui assigner des limites ? QUELLE EST LA VALEUR DE LA VOLONTÉ DE VÉRITÉ ? Pour Nietzsche, la vérité telle qu'elle est envisagée du point de vue de la morale, exprime une certaine attitude par rapport à la vie : « Il ne faut pas avoir déjà au préalable avoir répondu Oui à la question de savoir si la vérité est nécessaire, mais encore y avoir répondu Oui à un degré tel que s'y exprime la principe, la croyance, laconviction qu'"il n'y a rien de plus nécessaire que la vérité, et que par rapport à elle tout le reste n'a qu'une valeur de second ordre” » ( Le gai savoir , §344 ).

Ce que montre Nietzsche, c'est que vouloir le vrai débute par une soumission presque religieuse (le § a pour titre « en quoi nous sommes encore pieux »).

Il y a comme un « amour fou » de la vérité qui subordonne à son objet tout le reste. Or selon Nietzsche, cette volonté n'est pas utile à la vie : « il se pourrait qu'un tel projet [...] soit un principe de destruction hostile à la vie...

« volonté de vérité » — cela pourrait être une secrète volonté de mort ».

C'est parce que la vie se caractérise primitivement comme apparence, devenir, changement, illusion et incertitude, que lavolonté de vérité ne peut que s'y opposer. Finalement, demander si toute vérité est bonne à dire, c'est faire surgir ce que des principes abstraits, éloignés du réel (Kant dit « formel et a priori), ont de dangereux ; c'est donc souligner ce qu'il y a de préjugés à faire de la vérité une valeur absolue, au sens politique du terme, c'est-à-dire qui n'admet aucunelimitation dans son exercice ou ses manifestations.. »

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