Pourquoi y a-t-il de l'imprévisible ?
Publié le 28/01/2004
Extrait du document
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2) Selon A.
Comte, le degré de prévisibilité d'un phénomène est inversement proportionnel à notre capacité de lemodifier.
En d'autres termes, ce sont les phénomènes sur lesquels nous n'avons aucune prise (une éclipse du soleil)qui sont prévisibles ; les phénomènes qui dépendent de nous (psychologiques, sociaux, historiques — bref, humains)échappent, eux, à notre capacité de prévision.
Nul ne sait s'il sera amoureux mardi prochain, ni quand l'Europe serapolitiquement réunifiée.3) Le hasard n'existe pas seulement dans les phénomènes humains.
Un indéterminisme de base existe aussi auniveau microscopique de la matière (physique des particules).
En outre, certains systèmes, par ailleurs liés à deséquations strictement nécessaires, peuvent évoluer dans un sens ou dans un autre de manière aléatoire — on lesappelle chaos déterministes.
L a science la plus moderne donnerait droit de cité, d'après certains, à la contingence. Une partie du réel échapperait au jeu des lois naturelles.
L'hypothèse déterministe ne serait plus recevable àl'échelle de la microphysique.
Tandis qu'en mécanique classique la connaissance de la position et de la vitesse d'unmobile à l'instant t permet en principe de calculer la vitesse et la position d'un mobile à un autre instant, enmicrophysique on ne peut pas préciser simultanément la position d'un corpuscule et sa quantité de mouvement (laquantité de mouvement est le produit mV de la masse m du corpuscule par sa vitesse V).
Heisenberg a montré que si Dx est l'erreur sur la position du corpuscule et Dp l'erreur sur la quantité de mouvement, il existe entre Dx et Dp une relation dite d'incertitude telle que Dx.
Dp ³ h.
Le produit des deux incertitudes est au moins égal à la constante universelle h.
Cette « incertitude » ne fait pas obstacle au déterminisme macrophysique parce qu'elle est à cette échelle « noyé dans la statistique », parce que la macrophysique opère sur des phénomènes qui mettent en cause des milliards de photons ou d'électrons.Mais le microphysicien est incapable de déterminer la trajectoire des corpuscules individuels.
Il ne peut préciserla position qu'en augmentant l'imprécision sur la quantité de mouvement et réciproquement.
Eclairer l'électronc'est troubler son mouvement en le bombardant avec des photons.
La position du corpuscule sera d'autantmieux précisée que la radiation lumineuse exploratrice aura une longueur d'onde plus courte, mais du même coupla fréquence est augmentée, donc l'énergie et la quantité de mouvement transmise au corpuscule étudié.
Le faitmême de l'observation fait échec à l'observation du fait.
Mais si la position ou la vitesse d'un corpuscule ne sont pas exactement déterminables dans l'état actuel dela science, cela ne veut pas dire qu'elles soient indéterminées en elles-mêmes.
Le fait qu'on ne puisse fixer à lafois la position d'un corpuscule et sa vitesse ne nous autorise pas à dire qu'il n'y a pas de causes quidéterminent cette position et cette vitesse.
On nous rétorquera qu'en l'absence de toute possibilité devérification scientifique le déterminisme devient au même titre que l'indéterminisme une simple hypothèse métaphysique.
Mais le principe du déterminisme nous paraît au contraire lié à l'esprit scientifique qui ne sauraitrenoncer, sans se détruire lui-même, à affirmer qu'il existe des conditions nécessaires, des « raisonssuffisantes » à l'apparition des phénomènes.
De grands esprits comme Langevin , Einstein , Plank n'ont pas cru devoir rejeter, à cause des difficultés de la microphysique, le principe du déterminisme.
De Broglie lui-même, après avoir soutenu que les incertitudes de Heisenberg sont « irréductibles », est devenu moins affirmatif : « La physique quantique restera-t-elle indéterministe ? ».
Il convient néanmoins de différencier l'imprévu de l'imprévisible.
Car il existe deux sortes d'imprévisible : unimprévisible de fait (ce qu'on ne peut pas prévoir en l'état actuel des connaissances) et un imprévisible de droit (cedont la prévision, pour des raisons gnoséologiques ou ontologiques, est impossible).
Pour la science, rien n'est endroit imprévisible, à moins que l'imprévisibilité même ait été prouvée.
En outre, l'imprévisibilité est toujours relative —la variation et l'indétermination des phénomènes s'effectuant à l'intérieur de limites finalement assez étroites..
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