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PUIS-JE- ÊTRE SÛR DE NE PAS ME TROMPER ?

Publié le 10/03/2004

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Se demander si je peux être sûr de ne pas me tromper revient à chercher si je peux avoir la certitude de ne pas être dans l’erreur et d’être par conséquent dans le vrai. Or si le vrai est une catégorie du langage, comment puis-je être certain que mon discours est vrai, c’est-à-dire qu’il s’accorde avec la réalité, car il semble qu’un discours ne peut prétendre à la vérité qu’en s’accordant avec le réel ? Si cette question se pose, c’est parce que je peux non seulement n’être pas certain de ne pas commettre d’erreurs, mais je peux encore, semble-t-il, être certain de ne pas en commettre et pourtant me tromper.

            Dès lors, un problème surgit : à quoi puis-je reconnaître le vrai ? Autrement dit, y a-t-il des critères de vérité ? Et si oui, quels sont-ils ?

            La certitude de ne pas me tromper garantit-elle l’accès à la vérité ? Ne puis-je pas être sûr de ne pas me tromper et pourtant être dans l’erreur ? Mais n’y a-t-il pas des moyens d’éviter l’erreur ? Que penser alors de la fiabilité de ces moyens ?

 

Il arrive que l'on ait l'impression ou le sentiment d'être dans le vrai. Mais comment passer de cette impression à une authentique et complète certitude? Que pourrais-je répondre à qui serait en désaccord avec moi? Et, dans cette situation de désaccord, comment puis-je être sûr de ne pas me tromper?

Je ne peux espérer la certitude que si mon discours est indépendant des situations ou des éléments qui peuvent me tromper: les sens, l'opinion, l'autorité. En conséquence, mon discours n'a quelque chance d'être vrai que si son contenu résulte d'une réflexion et non d'une perception immédiate, d'une analyse et non d'une opinion, d'un travail intellectuel que j'aurai moi-même accompli et non de la répétition d'un avis étranger, si respectable soit-il en apparence.

 

Introduction

 

  • I. Se préserver de l'erreur par une démarche méthodique.

1. L'erreur est un acte du sujet. 2. La nécessité d'une méthode. 3. Les limites de la méthode.

  • II. La question du fondement métaphysique de la vérité.

1. Peut-on douter de la raison? 2. L'hypothèse cartésienne du Dieu trompeur. 3. La possibilité d'une certitude absolue.

Conclusion

« Se demander si je peux être sûr de ne pas me tromper revient à chercher si je peux avoir la certitude de ne pas être dans l'erreur etd'être par conséquent dans le vrai.

Or si le vrai est une catégorie du langage, comment puis-je être certain que mon discours est vrai,c'est-à-dire qu'il s'accorde avec la réalité, car il semble qu'un discours ne peut prétendre à la vérité qu'en s'accordant avec le réel ? Sicette question se pose, c'est parce que je peux non seulement n'être pas certain de ne pas commettre d'erreurs, mais je peux encore,semble-t-il, être certain de ne pas en commettre et pourtant me tromper.

Dès lors, un problème surgit : à quoi puis-je reconnaître le vrai ? Autrement dit, y a-t-il des critères de vérité ? Et si oui, quelssont-ils ? La certitude de ne pas me tromper garantit-elle l'accès à la vérité ? Ne puis-je pas être sûr de ne pas me tromper et pourtantêtre dans l'erreur ? Mais n'y a-t-il pas des moyens d'éviter l'erreur ? Que penser alors de la fiabilité de ces moyens ? Il semblerait d'abord ne faire aucun doute que je puisse être certain de n'être pas dans l'erreur.

Qui en effet n'a jamais affirméou nié avec certitude ? Que cette certitude soit le fruit de la confiance en autrui, des sens, ou du raisonnement, elle n'en est pas moinsréelle.

La famille de Jean-Claude Romand n'a-t-elle pas accordé une confiance aveugle en ce proche qu'elle pensait parfaitementconnaître ? Le personnage de Neo dans le film Matrix des frères Wachowski n'est-il pas assuré de la réalité de son vécu ? De même la réflexion qui s'appuie sur la raison et qui respecte les règles de la logique, n'emporte-t-elle l'adhésion ? Aussi puis-je être certain de ne pas me tromper sans que le moindre doute ou la moindre hésitation ne viennent ternir monsentiment.

Seulement, en effet, il s'agit bien d'un sentiment, par définition subjectif ; et en aucun cas la subjectivité d'un sentiment nepeut prétendre à l'objectivité.

Et, de fait, Jean-Claude Romand s'est inventé une vie de brillant médecin pendant près de dix-huit ans,faisant de lui l'un des plus célèbres imposteurs.

Le personnage de Neo dans Matrix prend pour le monde réel ce qui n'est en réalité que le résultat d'un complexe programme informatique.

Enfin, la validité d'un raisonnement peut aisément masquer un sophisme dont onserait dupe.

En d'autres termes, être sûr de ne pas se tromper ne signifie pas ipso facto ne pas se tromper. Dès lors, est-il possible de ne pas se tromper, et ce, indépendamment de mon sentiment ? Existe-t-il une recette pour éviter l'erreur ? Il semblerait que des moyens soient à ma disposition.

Il faudrait d'abord éviter laprécipitation.

Autrement dit, il suffirait, au moins dans un premier temps, de ne porter de jugement ou de ne se prononcer que sur cequi se présenterait avec évidence à mon esprit.

Par ailleurs, tout ce qui manifesterait quelque difficulté ou complexité devrait être,dans la mesure du possible, divisé, de façon à être simplifié et, du même coup, compréhensible.

Mais ce n'est pas tout : la prudencevoudrait que j'ordonne mes pensées en entamant mes réflexions par ce qui est le plus simple à connaître, pour m'élever par degrés àla connaissance du plus compliqué.

Et en dernier lieu, il me faudrait toujours vérifier la justesse des opérations précédemmentexécutées.

C'est précisément ces quatre étapes que Descartes préconise dans le Discours de la méthode .

Evidence, division, ordre, dénombrement, telles sont les règles simples que Descartes propose d'appliquer dans tous les domaines du savoir pour favoriser lamise en ordre des connaissances ainsi que leur découverte.

Toutefois, ces règles suffisent-elles ? Car le fait est que je peux sans doute croire les avoir précautionneusement respectées etappliquées et pourtant demeurer dans l'erreur.

C'est au fond ici le problème de la subjectivité qui resurgit.

Et en aucun cas le jugementd'autrui ne peut m'en préserver car, tout comme moi, autrui est une subjectivité, et par conséquent sujet à l'erreur.

Que penser en effet de l'efficacité des moyens pour atteindre la vérité ? Quel que soit en fait le moyen par lequel elle sedécouvre, c'est toujours à moi, sujet, que la vérité se donne.

Autrement dit, il n'y a de vérité que pour une subjectivité.

L'évidence, ladivision, l'ordre, ou encore le dénombrement, par lesquels la vérité serait donnée, sont des opérations subjectives.

De sorte qu'il y atout lieu de croire qu'elles dépendent de mes préjugés et de mes habitudes qui faussent nécessairement l'objectivité visée de touteperception ou conception.

Qui en effet n'a jamais conclu à l'évidence de ce qui n'était qu'un préjugé ? Un militant politique n'a-t-il pas tendance à jugerévident le discours du représentant de son parti ? De même, dans le film Peur primale , de Gregory Hoblit, l'avocat, malgré tout le sérieux dont il pense faire preuve, ne se méprend-il pas sur l'attitude de l'accusé qu'il défend ? Aveuglé par son ambition médiatique,jamais l'homme de loi ne doute de l'innocence de son client pourtant coupable du meurtre d'un évêque pornographe.

S'il existe une méthode pour ne pas se tromper, cela ne nous autorise donc aucunement à en conclure qu'on peut être sûr dene pas commettre d'erreurs.

C'est par conséquent la subjectivité qui pose problème et qui met en cause la fiabilité de cette méthode.

Ainsi, ce n'est pas parce que je peux être certain de ne pas me tromper que j'atteins le vrai.

La certitude, subjective, esttrompeuse.

Et s'il existe quelques moyens d'éviter l'erreur, rien ne permet de penser avec certitude que ceux-ci ont été correctementappliqués.

Ce constat nous invite bien sûr à nous méfier des apparences et à ne pas accorder aveuglément notre confiance à ce que l'onperçoit avec certitude, ou à ce que l'on croit percevoir de la sorte ; à l'instar de cette famille qui, dans le film Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll, ne perçoit dans le personnage de Harry que ce qu'elle veut bien y voir. C'est pourquoi, dans la mesure où je ne peux pas être sûr de ne pas me tromper, il est possible d'affirmer qu'il n'existe pas decritères permettant de reconnaître la vérité ; ou que, s'il en existe, ils échappent à mon entendement.. »

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