Devoir de Philosophie

Que dois-je faire ?

Publié le 05/01/2020

Extrait du document

Sagesse et bonheur

 

La sagesse antique n'était jamais coupée d'un savoir philosophique de soi-même et du monde, bien différent des connaissances techno-scientifiques sur lesquelles porte la réflexion éthique contemporaine (bioéthique, par exemple). La plénitude de l'existence était cherchée dans la plénitude de la connaissance. Le sage accomplissait son humanité d'être doué de raison ; homme heureux donc et vivant selon la nature, pourvu qu'il sût « changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde ». C'est en ce sens fort, où l'action n'est pas disjointe de la contemplation, que la philosophie est « amour de la sagesse ».

 

Mais le sens de sagesse n'a pas cessé de s'affaiblir, jusqu'à ne désigner couramment de nos jours qu'une tranquillité médiocre, un conformisme social qui ne se pose plus de questions. En même temps, la notion de bonheur a fini par ne plus correspondre qu'à une réussite matérielle ou sentimentale qui n'a plus guère de rapport avec le bonheur recherché par les grandes sagesses antiques : l'apa-theia (absence de passions) des stoïciens, ou ï'ataraxia (absence de trouble) des épicuriens, c'est-à-dire un bonheur qui s'élève au-dessus des vicissitudes de la vie, des agitations du monde et de l'histoire, même s'il ne renonce pas à toute action dans la cité. Mais cette sagesse n'est compatible ni avec la charité chrétienne (amour du prochain, vrai bonheur situé dans l'au-delà) ni avec le développement scientifique et technique. Même si certaines conceptions « écologiques » paraissent revenir à un bonheur « naturel » c'est toujours en invoquant les sciences et les techniques en ce qu'elles ont de plus moderne, soit qu'on se félicite de leur puissance, soit, au contraire, que l'on s'en inquiète.

« Par l'exaltation de la maÎtrise de soi, la sagesse stoï­ cienne présentait des aspects d'héroïsme qui expliquent sans doute sa longue influence.

Malgré la référence main­ tenue à la sagesse, la générosité cartésienne, fondée sur la transcendance du sujet et sur son libre arbitre, propose un héroïsme annonciateur de la volonté bonne de la philoso­ phie morale de Kant.

Ni la contemplation ni la sérénité ne sont le lot du héros qui est d'abord homme d'action.

Mais surtout, si l'on ne peut pas se représenter un sage malheu­ reux, le malheur et même l'échec ne sont pas incompa­ tibles avec l'héroïsme dont ils semblent rehausser le mérite.

La loi morale et la liberté C'est Kant qui tira toutes les conséquences de cet éloi­ gnement de la sagesse antique.

Sans doute le désir de bonheur n'est-il pas en lui-même immoral, mais l'action doit être jugée seulement en tant qu'elle rend digne d'être heureux, indépendamment du résultat.

La notion de devoir n'est plus subordonnée à la définition d'un bien, quelle que soit son origine, empirique, sociale, métaphysique ou reli­ gieuse.

C'est seulement la volonté bonne, la rectitude de l'intention d'agir qui détermine l'homme du devoir.

Il n'agit donc pas seulement selon le devoir, poussé par quelque intérêt personnel ou collectif, mais par devoir, par pur res­ pect de la loi morale.

Par loi morale, il ne faut pas entendre la prescription d'une tradition ou d'un état, mais l'exigence d'universalité que tout être doué de raison trouve en lui­ même quand il se libère des mobiles intéressés, des pas­ sions individuelles ou collectives.

Ainsi le sujet moral n'obéit à aucun maître, ni divin ni humain, mais à une loi qu'il s'est lui-même donnée.

Il est autonome.

La philoso­ phie morale de Kant est donc en son principe philosophie de la liberté, mais d'une liberté qui ne s'accomplit que dans la rationalité stricte de la loi.

Il en résulte une concep­ tion très sévère, très rigoureuse.

Kant ira jusqu'à dire que peut-être aucune action n'a jamais été accomplie par pur devoir (donc vraiment librement).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles