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Que faut-il posséder pour être soi ?

Publié le 27/02/2008

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Etre soi c'est coïncider avec soi-même. Or au-delà de la simple tautologie que signifie être soi ? Quelles sont les caractéristiques qui peuvent nous définir essentiellement comme étant nous-mêmes ? La formulation de la question nous interpelle et à juste titre, elle nous incite à réfléchir sur ce qui fait que nous sommes nous et non un autre. Par le terme de possession le sujet implique la recherche et la définition des éléments, c'est-à-dire des prédicats essentiels, constituant un sujet donc une individualité. La possession est en effet ce qui appartient en propre ce qui nous renvoie à la notion de maîtrise de soi et de non-aliénation. Dès lors, il s'agit de comprendre comment un sujet à l'inverse pourrait ne pas être soi, c'est-à-dire se reconnaître comme étranger à soi. Sans impliquer une définition schizophrénique du sujet, l'interrogation nous invite à poser la question de l'identité du sujet et de notre reconnaissance vis-à-vis de nous-mêmes. Il s'agit alors d'un regard qui se fait à la fois transcendant et introspectif par rapport à soi-même. Et il arrive effectivement que nous ne nous sentions pas nous-mêmes que nous disions qu'une décision ou une action ne nous corresponde pas comme si nous ne nous reconnaissions pas comme son auteur, c'est-à-dire comme s'il s'agissait d'un étranger dans mon corps ou dans mon esprit un peu à la manière de ce que met en scène le film de Spike Jonze: Dans la peau de John Malkovich (Being John Malkovich). Autrement dit, il s'agit pour nous de déterminer les éléments essentiels définissant une individualité ; des prédicats qui devront être alors inaliénables.             Si donc il apparaît que c'est notamment à travers les principes d'autonomie, d'indépendance donc de liberté que l'on peut saisir cette correspondance de soi à soi donc la reconnaissance de son moi libre (1ère partie), il ne faudra pas faire de cette possession un isolement au risque sinon de ne pas être reconnu comme soi, c'est-à-dire que cette liberté devra se manifester dans le monde donc entrer dans une dialectique de la construction de soi donc autrui sera le médium (2nd partie). Dès lors il nous appartiendra de comprendre comment cette possession de soi peut être réellement effective dans le monde notamment face aux vicissitudes de la vie en société (3ème partie).

« comme règle droite d'action afin de ne pas créer une dichotomie du sujet.

Etre soi sera donc être digne et respecterla dignité de la personne en tant qu'appartenant à l'humanité.

Cependant, cette liberté est comme le note Kant uneliberté intérieure qui ne trouve pas toujours les moyens de s'extérioriser.

Or n'est-ce pas un point essentiel pour êtresoi que de posséder une liberté qui ne soit pas seulement intérieure mais extérieure donc effective permettant alorsla reconnaissance, la prise de conscience de soi et la différenciation par rapport à autrui ? II – Etre soi : jonction entre l'intériorité et l'extériorité a) En effet, l'un des problèmes qui se pose à nous par rapport à cette conception de l'indépendance, de l'autonomiequi sont relatifs à la liberté comprise comme possession de soi donc correspondance entre le moi profond et monaction est qu'elle n'est principalement que formelle.

Elle se rattache, il est vrai, à la morale et prend le sens d'unrespect de la morale à travers l'impératif catégorique évoquant notamment la dignité qu'il y a dans l'« être soi ».

Orsuivant ce respect de la morale pour être pleinement possesseur de soi, c'est-à-dire maître de soi et conscient deson action, il faut se conformer à une règle formelle, celle de l'impératif catégorique.

Mais comme le critique Hegel notamment dans la Phénoménologie de l'Esprit , cet impératif n'est que formel et n'a pas de contenu propre.

Cette règle universelle et nécessaire n'est donc qu'un cadre qui n'a pas spécialement d'effectivité.

Autrement dit, cetteindépendance, cette autonomie et cette liberté restent des idées qui ne permettent pas de produire spécifiquementune critère d'individuation.

Autrement dit, compris sous la forme kantienne, ces critères sont des élémentsd'homogénéisation et non de différentiation.

Or être soi c'est notamment se saisir dans son individualité, dans saspécifique que ce soit psychique ou corporelle.b) Pour être soi, il faut donc que le « soi » ou le « moi » puisse se projeter dans le monde effectif, c'est-à-dire dansla réalité du monde.

Il faut donc opérer une extériorisation de cette liberté intérieure afin qu'elle se manifeste dansle réel pour prendre sens au risque sinon de ne pas pouvoir s'exprimer donc de ne pas être effectivement comme onpeut le voir avec Hegel dans la Phénoménologie de l'esprit .

En effet, on peut difficilement se convaincre de la correspondance de soi à soi si le moi intérieur ne coïncide pas avec le moi extérieur.

Pour être réellement soi, il fautdonc que le sujet ne fasse qu'un avec lui-même.

Il faut donc réduire l'éventuelle scission entre l'intériorité etl'extériorité du sujet au risque de s'aliéner ou de ne pas se libérer c'est-à-dire de ne pas être soi.

Pour être soi, nousdevons donc être dans l'action c'est-à-dire posséder la capacité d'extérioriser son moi dans le monde effectif.

Nousne saurions comprendre ou être pleinement soi sans un vouloir agissant pleinement.

Il faut donc posséder lacapacité d'agir.c) Et cela d'autant plus que ce n'est que par cette médiation de l'extériorité que peut se construire le sujet en tantque prise de conscience de soi-même.

Autrement dit, c'est notamment dans le rapport à autrui dans l'action que seproduit la formation du moi, c'est-à-dire la prise de conscience de soi en tant que sujet.

Autrui est donc le médiumd'une dialectique de soi à soi, de la formation et de la possession pleine et entière de soi.

C'est ce que développeHegel dans la fameuse « Dialectique du maître et de l'esclave (ou du valet) » dans la Phénoménologie de l'esprit . Autrui est nécessaire à la constitution de ma conscience.

Sans Autrui, je ne suis rien, je n'existe pas, je dépends del'autre dans mon être.

Je ne suis une conscience de soi que si je me forge et me forme à travers la négationd'autrui.

La conscience n'est pas une île séparée du monde et des êtres.

Pour réaliser l'unité de la conscience desoi, je dois me faire reconnaître.

C'est donc en moi-même que je porte Autrui.

L'autre me pénètre au plus intime dema conscience et de ma vie.

Autrui est donc nécessaire à la construction de la conscience de soi.

C'est en ce sensque se développe le « cogito » qui est la saisie de soi et d'autrui.

La relation à autrui est donc nécessaire.

L'altéritéest certainement une des catégories fondamentales de l'esprit.

Le couple du Même et de l'Autre organise, en effet,une bonne partie de mon expérience.

Autre est autre moi, altérité et pourtant même.

Il est ce qui est étranger pourmoi.

Autrui est d'abord l'Autre, le différent.

C'est une autre espèce toute particulière, un moi qui n'est pas moi et mepermet de me saisir en tant que moi unique et spécifique.

Transition : Ainsi, être soi doit nécessairement se comprendre dans l'effectivité du monde, c'est-à-dire dans la manifestationphénoménale du monde non seulement dans la nouménalité.

Ainsi, agissant dans le monde, les catégoriesd'autonomie, d'indépendance et de liberté ainsi que de dignité prennent un contenu et ne restent plus seulementformelles.

Dès lors c'est la médiation d'autrui dans le monde extérieur en tant qu'il me fait prendre conscience de sonindividualité et de part sa reconnaissance que je peux construire une conscience de moi donc être pleinement moi.

Ils'agit donc d'une dialectique de soi à soi donc autrui est le médium nécessaire.

Pourtant ne faut-il pas élargir lepropos et voir cette possession de soi à l'échelle d'une société notamment le risque et sa remise en cause dans lasociété de consommation, c'est-à-dire comment comprendre et quelle valeur peuvent avoir ces notionsd'indépendance, d'autonomie et de liberté dans un monde divisé socialement et rentabilisé ? III – Libération & aliénation de soi : effectivité de l'être soi a) Pour bien saisir l'enjeu de cet « être soi » nous pouvons prendre le travail comme paradigme justement de cettedifficulté à se sentir réellement soi dans son travail.

Comme le note Friedmann dans le Travail en miettes : « Dans l'ensemble, il apparaît que les conditions modernes du travail entraînent (...) pour beaucoup de nos contemporainsune oppression de la personnalité telle que les activités de non- travail constituent, de leur part, une riposte à cedéfi.

On pourrait également en suivant cette perspective, mieux comprendre l'énorme mouvement de retour à lanature manifesté dans les couches les plus diverses de la société (...).

C'est enfin de cette manière qu'ilconviendrait d'étudier certaines tendances révélées par les hobbies: réaction contre la prépondérance de la vitesse,de l'objet standardisé et tout fait, de l'organisation venue « d'en haut », du travail à la chaîne, par la recherche opi-. »

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