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Que signifie "croire en la raison" ?

Publié le 27/02/2005

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RAISON (lat. ratio, calcul; faculté de calculer, de raisonner) Ce terme connaît deux grandes acceptions : soit il désigne la faculté de penser, la « raison humaine », soit il désigne un principe d'explication, la « raison des choses ». En tant que faculté de penser, la raison peut se définir encore en plusieurs sens, soit : 1. la faculté de raisonner discursive, de combiner concepts et propositions par opposition à la faculté de connaître intuitive (la ratio par opposition à l'intellectus chez saint Thomas, ou la raison par opposition au coeur chez Pascal); 2. la faculté de bien juger (comme chez Descartes) ou l'entendement qui « s'appelle raison en tant qu'il dirige au vrai et au bien », selon Bossuet. En ce sens s'oppose classiquement à la folie et à la passion qui consiste à raisonner mal, contrairement aux lois logiques ; 3. la connaissance naturelle par opposition à la connaissance révélée, la lumière» naturelle par opposition aux lumières de la foi» ; 4. un système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l'Expérience . En ce sens, les vérités de la raison se distinguent du témoignage des sens autant que des révélations de la foi, si bien que Pascal voyait là trois ordres distincts de connaissance; 5. dès lors, toute une tradition définira usuellement la raison comme l'esprit humain en tant qu'il porte en lui les notions innées lui permettant de comprendre le monde, définition critiquée par les empiristes, et transformée par Kant; 6. la raison est pour Kant la faculté supérieure qui ramène à l'unité les règles de l'entendement» comme celui-ci fait la synthèse des éléments sensibles. Connaissance a priori et connaissance par la raison sont une même chose, et se distinguent ici de la connaissance par l'entendement (contrairement au sens 2 qu'on trouve par ex. chez Descartes). Le nom de Raison est réservé à un degré supérieur de synthèse des connaissances : si l'Entendement est la faculté des règles, la Raison est la faculté des principes. Elle est théorique lorsqu'elle fonde la science (et concerne uniquement la connaissance); pratique lorsqu'elle est considérée comme contenant le principe a priori de l'action morale. En tant que principe d'explication, soit : 1. au sens théorique, ce qui rend compte d'un effet. Signifie alors plutôt raison d'être d'une chose à distinguer de sa cause simplement antécédente. Ainsi, se confond souvent avec la cause finale; 2. au sens normatif, le motif légitime d'un acte, sa justification (comme dans l'expression « non sans raison »). D'où : argument destiné à prouver qu'on a raison (« donner ses raisons »).

Croire, Croyance. - Psycho. Ces termes peuvent s'appliquer : 1. à une opinion fondée sur une simple probabilité : « Je ne croyais pas que tout fût perdu » (Sévigné) ; « Deux sortes d'hommes : les uns justes qui se croient pécheurs, les autres pécheurs qui se croient justes » (Pascal, 534) ; en ce sens, qqfs. opp. à savoir: «Nous ne pouvons pas croire ce que nous savons, et nous ne pouvons pas savoir ce que nous croyons » (Pradines) ; - 2. (syn. : foi) à une certitude qui ne résulte pas uniquement d'une démonstration rationnelle, soit qu'elle se fonde sur l'autorité et le témoignage, soit qu'elle repose sur des motifs affectifs (sentiments) et actifs (aspirations, inclinations, désirs) ou qu'elle relève des exigences de la « raison pratique », soit enfin (foi religieuse) qu'elle dépasse la raison : « Elle croit, elle qui jugeait la foi impossible » (Bossuet) ; « Il me fallut abolir le savoir [Wissen] afin d'obtenir une place pour la croyance » (Kant, R. pure, préf. éd.) ; « Une religion est d'autant plus crue qu'elle suscite davantage les sentiments profonds » (Delacroix) ; « On croit en Dieu plus qu'on ne le prouve » (Le Roy) ; - 3. Lato : à l'assentiment en gén. : « Nier, croire et douter bien sont à l'homme ce que courir est au cheval » (Pascal, 259) ; « Toute aperception suppose affirmation implicite, au sens de croyance, même si elle était unique, simple... Si elle est multiple, elle est croyance à la liaison de ses parties » (Lagneau) ; « La croyance est un genre dont la certitude est une espèce » (Brochard).- 4. Objet de la croyance aux sens 1, 2 ou 3 : « Les croyances religieuses » ; « La croyance à la liberté ».

« la croyance en elle. La limitation de la raison rend possible l'adhésion incertaine, ou la croyance en elle.

La confiance en la raison serait rendue possible par l'existence de raisons d'en douter.

Dans la Critique de la raison pure , Kant distingue les phénomènes des noumènes, seuls les premiers sont connaissables, les seconds échappent à notre raison, qui certespeut les penser mais ne peut prétendre les connaître.

Or cette limitation du pouvoir de la raison laisse la place à lacroyance.

« Il me fallait mettre de côté le savoir afin d'obtenir de la place pour la croyance .

» (Préface à la deuxième édition). La position sceptique condamne la posture présomptueuse de la raison qui prétend pousser aussi loin que possible son pouvoir de connaître.

Ce que Hume appelle « philosophie abstruse » est le résultat d'un excès deconfiance en la raison.

Le philosophe dogmatique ayant trop confiance en la raison humaine s'aventure dans descontrées où malheureusement son pouvoir est stérile puisque les objets sont hors de portée de la connaissance.« J'interdis la pensée abstruse et les recherches profondes et je les punirai sévèrement par la pensive mélancoliequ'elles introduisent, par l'incertitude infinie dans laquelle elles vous enveloppent et par la froideur de l'accueil querencontreront vos prétendues découvertes quand vous les communiquerez.

» ( Enquête sur l'entendement humain , I) La méfiance humienne vis-à-vis de la raison et sa critique de l'excès de confiance en elle posent le problème de la source de notre croyance en elle.

Afin de définir l'expression « croire en la raison », il faut mettre en évidenceles raisons de cette croyance.

Or si la limitation du pouvoir de la raison laisse la place à l'incertain, et par là même àla croyance, elle remet en cause paradoxalement les raisons de croire en cette raison limitée.

Faut-il alors élargirnotre définition de la raison, ne pas la restreindre à l'acception de faculté ? Troisième partie : Y a-t-il une autre acception de raison qui résoudrait la contradiction inhérente à la croyance en la raison ? L'hypothèse traitée dans cette dernière partie définit l'expression « croire en la raison » en prenant une autre acception de la raison, identifiée cette fois à la raison universelle. La raison se rapproche du terme grec logos , qui signifie à la fois, langage, discours, faculté, raisonnement et proportion.

Les stoïciens définissent la nature comme étant la raison universelle.

Ils affirment l'existence d'un ordredu monde, d'un système, dirigé par cette raison universelle.

La notion de système s'oppose à celle de hasard.

« Larégularité du mouvement, la révolution du ciel, la distinction entre le soleil, la lune et toutes les étoiles, leur utilité,leur beauté, leur ordre ; la vue de choses pareilles, à elle seule, montre assez qu'elles ne sont pas dues au hasard.Si l'on entre dans une maison, dans un gymnase ou sur une place, en y voyant l'arrangement, la mesure,l'organisation de toute chose, on ne peut croire que tout cela s'est fait sans cause, et l'on voit bien qu'il y aquelqu'un qui est à la tête et à qui l'on obéit ».

(Cicéron, De la nature des dieux ).

Croire en la raison, dans un contexte stoïcien, reviendrait donc à croire en l'existence de dieux, à l'origine du système du monde.

Que devientalors la raison humaine, pouvons-nous encore lui faire confiance ou doit-on nous en remettre aux dieux quiorganisent le monde à travers nous ? La conception stoïcienne de l'ordre du monde a été souvent critiquée parcequ'elle rendait problématiques la liberté et l'action de la raison humaines.

Serait-il possible de concilier les deuxacceptions de l'expression « croire en la raison », raison étant alors compris comme faculté mais aussi comme esprituniversel ? L'union de la raison humaine et de la raison universelle suppose une conciliation possible entre le singulier et l'universel.

La place et le rôle du singulier sont remis en cause dans la conception stoïcienne en raison du destin quisemble agir indépendamment de nous.

Hegel à son tour affirme l'existence d'une raison dirigeant le cours de l'histoiremais ne remettant pas en cause la liberté de l'homme.

« L'histoire universelle n'est pas le tribunal où est jugée saforce, c'est-à-dire la nécessité abstraite et irrationnelle d'un destin aveugle.

Au contraire, ce destin est en soi etpour soi Raison et l'être-pour-soi de l'histoire est savoir spirituel.

L'histoire est donc, d'après le seul concept de saliberté, le développement nécessaire des moments de la Raison de sa conscience de soi et de sa liberté : elle estl'explicitation et la réalisation de l'Esprit universel.

» ( Principes de la philosophie du droit , §342). »

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