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Quel est et rôle du questionnement dans l'exercice de la pensée ?

Publié le 27/02/2005

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Il s'inscrit dans un contexte culturel et dans un contexte historique. Il ne saurait prétendre au statut de vérité éternelle. Il est révisable. L'ironie de la chose, c'est que le sens commun s'appuie sur la science pour y trouver des certitudes, ce que la science est bien incapable de fournir. Pour, cela voir, Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, p.10à 14.   Rester en contact avec ce qui est :   L'appel au bon sens a sa justification face à l'attitude du raisonneur qui reporte indéfiniment l'action par les discours. L'homme de bon sens a certes pris le parti de la prudence, mais il a aussi choisi l'action et non son commentaire indéfini ou sa seule interprétation. Cependant, il y a un point essentiel sur lequel nous devons insister. Il y a dans le bon sens une forme d'autoréférence du jugement et un sens de l'observation qui mérite d'être soulignés.

Dans le Discours de la méthode Descartes fait du bon sens « la chose du monde la mieux partagée «. Il ne le sépare pas de la raison. La raison est présente tout entière en chaque homme dans l'intelligence auquel chacun d'entre eux à accès. Cependant, c'est une chose de disposer d'une capacité, c'en est une autre que de l'exercer avec méthode. Et l'exercice méthodique est la raison elle-même, en tant qu'elle est la conduite ordonnée de la pensée, ou encore le questionnement raisonné de la pensée. Ici, il s'agira donc de partir de l'affirmation de Descartes et de s'interroger sur ce qu'il faut entendre par bon sens afin de comprendre les mécanismes par lesquelles la pensée s'assure. On définira alors ici le questionnement comme la conduite raisonné dans l'exercice d'une pensée qui cherche à fuir l'opinion autrement dit le sens commun.

 

 

 

« le terrain des généralisations plus complexes, il n'est plus que le conglomérat des préjugés d'une certaineclasse à une certaine époque.

La simple crise du capitalisme le décontenance ; devant les catastrophestelles que les révolutions, les contre-révolutions et les guerres, le bon sens n'est plus qu'un imbécile toutrond ».

L .Trotski .

On peut généraliser en disant qu'un modèle social historique, tel que celui de la postmodernité par exemple, servirait de sens commun, pour juger presque mécaniquement, par simple répétition, de ce qui est vrai et faux.

En dérapant de ce côté, le « bon sens » devient « ce qui estcommunément reçu », ou encore, le terme est plus juste, le sens commun.

Gramsci dit en ce sens« chaque couche sociale a son propre sens commun et son propre bon sens qui est au fond la conceptionde la vie de l'homme la plus répandue ».

Pour être précis, nous devons ajouter qu'il s'agit là toutsimplement de la mentalité d'une époque, dans ses traits dominants.

Or les sciences sociales nous ont appris l'extrême relativité des représentations de ce genre.

Les mentalités changent et ce qui passait comme allant de soi autrefois n'est souvent plus de mise.

Le « sens commun » n'est pas universel, niintemporel. · Cependant, le dictat du sens commun est particulièrement puissant et il faut une singulière puissance de l'esprit, une indépendance, une liberté d'esprit pour être capable de s'en affranchir.

Il est facile depenser comme « on pense », c'est-à-dire de rester sous la coupe de la conscience collective , beaucoup plus facile que de penser par soi-même.

En effet, le bon sens n'est pas le sens commun.

Le bon sens, telque nous l'avons vu plus haut, n'a aucun contenu idéologique .

Le sens commun est une référence à l'opinion collective, les préjugés d'une époque, ses croyances, ses moeurs, ses habitudes, son mode devie et ses préjudices aussi.

Il est indispensable de savoir remettre en cause les soi-disant évidences dusens commun.

Quiconque refuse de s'attaquer à cette tâche n'a tout simplement pas commencé àpenser, à philosopher.

Une idée n'est pas fausse du seul fait qu'elle scandalise le sens commun et cen'est pas non plus un argument suffisant pour déclarer qu'elle est vraie ! Sinon nous pourrions accréditern'importe quelle opinion, même délirante .

Et c'est là que la différence entre bon sens et sens commun devient évidente.

En tout état de cause, le sens commun ne délimite en aucun cas le connu, ce que lascience peut faire...

justement en admettant qu'il y a de l'inconnu.

Le savoir que nous tirons des sciences est relatif .

Il s'inscrit dans un contexte culturel et dans un contexte historique.

Il ne saurait prétendre au statut de vérité éternelle.

Il est révisable.

L'ironie de la chose, c'est que le sens communs'appuie sur la science pour y trouver des certitudes, ce que la science est bien incapable de fournir.Pour, cela voir, Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique , p.10à 14. Rester en contact avec ce qui est : L'appel au bon sens a sa justification face à l'attitude du raisonneur qui reporte indéfiniment l'action par lesdiscours.

L'homme de bon sens a certes pris le parti de la prudence, mais il a aussi choisi l'action et non soncommentaire indéfini ou sa seule interprétation.

Cependant, il y a un point essentiel sur lequel nous devonsinsister.

Il y a dans le bon sens une forme d'autoréférence du jugement et un sens de l'observation qui mérited'être soulignés.

L'homme de bon sens juge par lui-même et fonde ce qu'il sait sur ce qu'il voit.

Ce n'est pas làune attitude qu'il faudrait renier.

Par contre, il est tout à fait étrange qu'une personne soit douée d'un bonsens à toute épreuve dans un domaine, celui de son travail, mais en soit par ailleurs dépourvue, quand il s'agitd'aborder des questions pratiques touchant par exemple au droit, à la morale, la religion, l'éducation ou mêmela santé.Dans Le Rire , Bergson fait quelques remarques sur le mécanisme de l'illusion en étroite corrélation avec le bon sens.

Il prend l'exemple de Don Quichotte.

« Je suppose qu'un jour, vous promenant à la campagne, vousaperceviez au sommet d'une colline quelque chose qui ressemble vaguement à un grand corps immobile avecdes bras qui tournent.

Vous ne savez pas encore ce que c'est, mais vous cherchez parmi vos idées, c'est-à-dire ici parmi les souvenirs dont votre mémoire dispose, le souvenir qui s'encadrera le mieux dans ce que vousapercevez.

Presque aussitôt, l'image d'un moulin à vent vous revient à l'esprit : c'est un moulin à vent quevous avez devant vous ».

Il se peut qu'auparavant, nous ayons lu un conte de fées avec des géants auxgrands bras.

Cependant, il est de bon sens de ne pas surimposer la représentation du conte de fées et de ne convoquer que ce qui est de l'ordre d'une observation juste.

Donc ici se souvenir de ce qui est utile, mais aussioublier ce qui ne s'accorde pas avec les faits.

Donc se libérer du connu pour rester en contact avec ce qui est.

Le bon sens consiste à savoir se souvenir, je le veux bien, mais encore et surtout à savoir oublier.

Le bonsens est l'effort d'un esprit qui s'adapte et se réadapte sans cesse, changeant d'idée quand il change d'objet.C'est une mobilité de l'intelligence qui se règle exactement sur la mobilité des choses.

C'est la continuitémouvante de notre attention à la vie».

Que se passe-t-il dans l'esprit de Don Quichotte ? Il voit dans la formevague devant lui ce qu'il désire voir.

Il surimpose à la forme perçue une image qui n'est qu'une construction mentale de la pensée.

« Voici maintenant Don Quichotte qui part en guerre.

Il a lu dans ses romans que lechevalier rencontre des géants ennemis sur son chemin.

Donc, il lui faut un géant.

L'idée de géant est unsouvenir privilégié qui s'est installé dans son esprit, qui y reste à l'affût, qui guette, immobile, l'occasion de seprécipiter dehors et de s'incarner dans une chose.

Ce souvenir veut se matérialiser, et dès lors le premier objetvenu, n'eût-il avec la forme d'un géant qu'une ressemblance lointaine, recevra de lui la forme d'un géant.

DonQuichotte verra donc des géants là où nous voyons des moulins à vent».

Don Quichotte perd tout bon sensparce qu'il n'a pas su se libérer de ses constructions mentales et adapter immédiatement son attention àl'observation.

Son esprit suit une suggestion et littéralement hallucine une pensée.

Ce qui produit une situationoù l'esprit est submergé par une illusion .

Dans l' illusion se produit un retournement du bon sens.

Le bon sens voudrait que nous ayons une promptitude à observer qui devance la propension à penser.

Dans les termes deBergson cette inversion« consiste à prétendre modeler les choses sur une idée qu'on a, et non pas ses idées. »

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