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Quel est le rôle, dans la création esthétique, de l’inspiration et de la réflexion ?

Publié le 10/02/2016

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Mais en vérité, l’inconscient ne fournit pas seulement à la conscience, sous des impulsions aveugles, des matériaux informes que la conscience aurait à combiner pour leur donner une forme dont la réflexion seule serait capable ; il lui fournit encore, comme le montrent les exemples précédents, des combinaisons toutes faites : des vers entiers, des thèmes musicaux, les situations complexes d’un drame ou les grandes lignes et la tonalité d’un tableau.

Mais la conscience n’a pas ici ce seul rôle de constatation. Elle enregistre sans doute ce que l’inconscient lui fournit, à peu près comme elle traduit en son langage propre ce que les organes sensibles lui apportent du monde extérieur ; et elle a encore un second rôle plus actif, c’est la fonction de déclencher l’inconscient par une véritable gravitation mentale. « Pour emprunter une image à la chimie, dit M. Lalo, c’est un pouvoir d’amorce, une action de présence, une orientation des particules élémentaires par une attraction catalytique, qui favorise ou provoque des combinaisons qui seraient difficiles ou impossibles sans elle ». L’œuvre la plus imprévue ne surgit que dans un esprit qui est gros depuis longtemps, et c’est la réflexion consciente qui l'a fécondé à l’avance.

« VIE INTELLECTUELLE f03 duelle » ; elle dépend aussi d'un facteur inconscient ou semi­ conscient : l'inspiration.

Elle a pour caractères essentiels la soudaineté et l'impersonnalité.

Il semble à l'inspiré qu'il reçoit une révélation du dehors au point qu'il extériorise souvent l'origine de son inspiration.

Ce caractère remarquable de l'inspiration avait déjà frappé les anciens : pour eux, les éléments de l'œuvre artistique arrivent en foule, comme arrivaient à l'appel d'un chant, selon la fable antique, et s'arrangeaient d'eux-mêmes, en murailles et en tours, de dociles matériaux.

De là vient le symbole de la Muse : c'est une divinité qui inspire leurs vers aux poètes, et le même mot, « vates », désignait le poète ins­ piré par le souffle du dieu et le devin en proie à la divina­ tion prophétique.

Les poètes et les artistes de tous les temps ont insisté sur le caractère mvstérieux et la soudaineté de l'invention.

On connaît le mot"de Gœthe à propos de son W erther : « J'avais écrit cet opuscule à peu près inconsciemment, à la manière d'un somnambule n.

Mozart et Lamartine sont célèbres par l'aisance, presque l'inconscience de leur composition.

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Et Lamartine déclare lui aussi : « Moi, je ne pense jamais, mes idées pensent pour moi>>.

On a insisté beaucoup aussi sur le rôle du sommeil chez certains inspirés, et on cite entre autres : Tartini, entendant dans son sommeille diable qui lui joue la fameuse «,Sonate du diable >>, s'éveillant et l'écrivant; Schumann recevant de Schubert, dans le sommeil, le thème en mi bémol majeur; Coleridge composant en dormant une pièce de vers.

III.

-De tous ces faits, on a donné de nombreuses explications dont la plupart laissent beaucoup à désirer.

Ainsi, on ne saurait réduire l'inspiration à la simple hypermnésie, qui empêcherait plutôt le L'inconscient ne fait pas tout dans l'invention.

travail créateur.

A plus forte raison n'a-t-elle qu'une analo­ gie superficielle avec l'ivresse.

Elle ressemble davantage à un somnambulisme pendant la veille : passage de l'automa­ tisme au premier plan, et anesthésie par rapport aux objets. »

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