Quelle action avons-nous sur nos émotions ?
Publié le 26/03/2004
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Sujet : Quelle action avons-nous sur nos émotions ?
II.
Action sur l'émotivité. — L'émotion, nous l'avons déjà dit, ne se développe que sur un terrain favorable sous- jacent à une manifestation ultérieure.
Chacun connaît une crise spécifique à son tempérament.
Ainsi, les sujetsémotifs au sens caractérologique s'engageront tôt ou tard sur une voie dangereuse et irrépressible.
Mais l'émotion-état dont nous parlons, en l'absence d'une représentation décisive, se prête au traitement, voire à une guérisonpartielle.
Avec l'habitude, un pouvoir d'inhibition s'installera dans l'organisme rééduqué, capable d'espacer les crises,de les rendre de moins en moins probables.
Considérons donc maintenant nos moyens d'action sur l'émotivité.Distinguons pour plus de commodité des démarches négatives et des démarches positives.
A.
Démarches négatives. — Avant de songer à une psychothérapie, il paraît indispensable de s'assurer une bonne hygiène physique et mentale.La première, très recommandée par les psycho-neurologues, réside dans l'équilibre de la santé.
Le système neuro-végétatif peut être soumis à un traitement médical efficace.
C'est ainsi que nous avons connu un jeune hommesujet aux terreurs nocturnes.
Des calmants, un bain tiède le soir, un changement d'air, et tout rentra dans l'ordrepeu après.
Il y a intérêt encore à éviter les excès physiques, les toxiques et les excitants de tout genre, sources dedéséquilibre, facteurs de dislocations nerveuses, qui favoriseront le déchaînement de la crise émotive.La seconde revient surtout à éviter un écueil : croire en la toute-puissance de la volonté et de la raison.
L'émotiviténe se raisonne pas.
Elle est un fait, un donné physiologique.
La volonté ne peut rien non plus contre elle.
Tout auplus provoquera-t-elle une lutte douloureuse et vaine au sein de la conscience, des refoulements nocifs, quiaugmenteront le mal à la manière d'une déflagration accrue par la résistance des matériaux.
Par contre, il sera trèsindiqué de se trouver un conseiller compréhensif et fin, qui saura pacifier, calmer, sans complaisances ou faiblesses'd'aucune sorte.Un autre procédé négatif, ce qui ne veut pas dire négligeable, orientera le sujet vers une vie simple, régulière,organisée, mais ne comprenant pas de tâches par trop pénibles.
Un échec, en effet, produirait un découragementqui remettrait tout en question.
Peut-être réussira-t-on ainsi à éviter les chocs émotifs, au moins à les rendre plusrares.
B.
Démarches positives. — II ne suffit pas de parer au mal, il faut encore lui porter des coups.
Il reste à agir sur l'émotivité.
Action bien connue de l'éducateur.
Il va développer chez son élève les activités épicritiques, qui, par lefait même, mettent en veilleuse la sensibilité protopathique selon un jeu d'antagonismes déjà signalé.
Il portera doncson sujet aux jeux d'adresse, de précision, aux bricolages utiles, qui exigent des gestes parfaitement adaptés auxobjets, aux outils.
II créera des habitudes d'analyse, d'observation, qui étendront les connaissances sans pour celadéflorer la saveur de l'émotivité, l'enrichissement d'une sensibilité vive.Avançons d'un pas.
Au moment même où l'individu réagit à une cause émotivante quelconque, si elle n'a pas alorsatteint ce seuil où la représentation déclenche une crise caractérisée, il peut lui être encore permis de s'absorberdans une activité motrice volontaire.
Par le fait, il se sauve, car, tant que dure un état de sensibilité épicritique, lesystème antagoniste ne peut entrer en jeu.
C'est ainsi que X...
se tira d'affaire honorablement au cours d'unbombardement.
Il se trouvait bloqué dans un train le long des docks de Bordeaux.
Position peu enviable, certes.Quelques voyageurs tremblaient déjà.
Une jeune fille, sa voisine, claquait des dents, pâlissait sérieusement.
Elle nepouvait parler : une crise de peur caractérisée.
Peu à peu, gagné par l'ambiance, il sentit ses doigts s'agiternerveusement.
Il eut l'idée alors de sortir une feuille, son paquet de tabac, et, minutieusement, il s'efforçait derouler une cigarette.
Absorbé dans son travail, il s'interdisait la peur.Nous pouvons encore progresser d'un pas dans la lutte contre l'émotion.
Alors que la crise n'a pas encore faitexplosion dans le champ de la conscience, il ne faut pas craindre de faire face directement au mal.
Inutile de fixerl'attention ailleurs.
L'émotion n'en subsiste pas moins et exerce ses ravages aveuglément.
Par contre, il y a tout àgagner en l'intellectualisant, en la passant au crible du jugement critique, en dépistant les fauteurs de troubles.Analyser l'émotion naissante, c'est souvent la dompter.L'action exercée sur l'émotivité pourrait à la rigueur nous paraître suffisamment efficace pour freiner ou inhiberl'émotion.
Nous ne le pensons pas cependant, et nous espérons l'avoir assez montré.
Nous pouvons, comme nousvenons de le dire, arriver par l'amélioration du stade « état » à espacer les crises, à les rendre de plus en plus rares,de moins en moins probables.
Mais l'émotion proprement dite se déclenchant entraîne inexorablement ses processusphysiologiques et psychiques.
C'est ainsi seulement que l'on peut expliquer devant un danger grave la défection decertains hommes de valeur et habituellement courageux, comme certains crimes accomplis sous le coup de la colère.L'homme demeure une épave dans le déchaînement de l'émotion, alors que l'émotivité s'avère la source de tous lesenrichissements.
En un sens plus large, concluons que l'émotion a ses élus et ses réprouvés..
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