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Quelle signification et quelle valeur attribue-t-on a l'opinion ?

Publié le 27/02/2005

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Freud a souligné dans un texte ce qu'il tenait pour deux blessures essentielles infligées par la science à l'humanité (la troisième étant sa découverte de l'inconscient et donc de l'impuissance relative du moi à s'auto-déterminer). Ces deux blessures dites narcissiques, ce sont, respectivement, la remise en cause du géocentrisme au profit d'un système héliocentrique et la découverte d'une filiation de l'homme et du singe. Ici il paraît clair que l'avancée du savoir s'est construite contre les données de l'opinion.       II-La relativité des opinions.               Le monde du sens commun se soutient d'une certaine tendance au relativisme, thématisée par un proverbe qui fait consensus « des goûts et des couleurs, on ne discute pas ». Autrement dit, si le discours du sens commun n'est pas nécessairement exempt de prosélytisme, loin s'en faut, il n'a pas non plus l'ambition d'énoncer quelque vérité absolue.             Les opinions se disent, s'échangent, se confrontent, se modifient, elles sont relatives aux circonstances et ne participent pas d'une pensée générale et systématique. L'opinion est une unité de valeur dans le cadre de la conversation. Ce n'est pas tant le contenu que la forme qui importe, l'opinion n'est pas une thèse fabriquée mais un simple avis que l'on donne spontanément. Une opinion est un point de vue général et qui n'est pas spécifique à celui qui l'énonce ; à l'inverse, une proposition philosophique ou scientifique possède en propre sa singularité et a une place déterminée dans l'économie théorique à laquelle elle participe.

En philosophie comme en science il semble que l’opinion, la doxa, soit condamnée à jouer le rôle de faire valoir. Tout se passe comme si la marche vers le savoir se faisait à contre-courant de l’opinion, la barrière du langage entre le discours du sens commun et celui du savant tend à stigmatiser un écart entre deux rapports au monde, l’un immédiat et naïf, l’autre médiatisé et réfléchi. L’opinion est par définition ce qui correspond à l’avis le plus répandu, paradoxalement c’est également celui dont il faut davantage se méfier. L’opinion ce serait donc le niveau zéro du savoir, sa valeur ne serait que purement négative, à moins, nous le verrons, que ce ne soit pas le savoir qui est en jeu mais le pouvoir.

« pouvoir qui est en jeu, mieux vaut garder l'opinion de son côté.

Dans Le Prince , Machiavel souligne qu'une des conditions pour durer dans le rôle du Prince c'est de susciter à la fois lacrainte et en même temps le respect ; c'est à dire qu'il faut savoir en mêmetemps s'imposer comme chef sans pour autant passer pour un tyran et semettre l'opinion à dos.

Il y a deux manières antithétiques de lire cette situation, l'une, tropoptimiste, consiste à voir dans le souci du politique pour l'opinion un indice dela démocratie ; et l'autre, pessimiste mais pertinente, qui consiste à dénoncerle risque d'une surenchère populiste.

Les récents débats en France entrepoliticiens et juristes, les premiers, répondant à la demande d'une certaineopinion, se permettant des incursions dans le domaine des seconds, parexemple sur la question de la prévention de la récidive, domaine d'ordinairepréservé par l'une des bases de la Constitution, en l'occurrence la séparationdes pouvoirs.

Le risque le plus évident est de ne voir en l'opinion qu'une valeurélectorale et de conformer ses promesses aux préoccupations de lapopulation sans chercher à en saisir les causes réelles.

Cela nous amène àune dernière remarque, celle du pouvoir des médias et du caractèreessentiellement suggestif des thèmes récurrents dans les soucis de l'opinionpublique.

Les opinions n'appartiennent peut-être pas tant au sens communqu'elles ne lui sont imposées.

Les médias sont peut-être aujourd'hui la plusgrande fabrique d'opinion au point d'être un pouvoir politique.

Conclusion : L'opinion est donc avant tout ce qu'il s'agit de maîtriser : soit, pour les savants en faisant taire l'opinion, soit pour le politique en composant avec l'opinion.

Il s'agit d'un côté d'écarter l'opinion et de l'autre de la séduire, de laconvaincre, de toute façon l'opinion se présente comme le discours du sens commun qu'il faut parvenir à dominer.

Lasignification de l'opinion est toujours jugée pauvre et symptomatique d'un état culturel et social tandis que sa valeurest d'être tantôt un obstacle, tantôt une indication électorale.

Il se peut, nous l'avons vu, que l'opinion nes'appartienne même pas à elle même mais soit fabriquée, manipulée par le discours des puissants, quelque forme qu'ilpuisse prendre (propagande politique, éducation religieuse, persuasion médiatique...).. »

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