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Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration, pour la ressemblance des choses dont on admire point les originaux (Pascal)

Publié le 02/01/2005

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pascal

Il faut en effet réaffirmer que l'art n'a aucune utilité, contrairement aux autres choses de notre vie. En fait, Kant définit la production artistique comme une finalité sans fin, c'est-à-dire que l'oeuvre d'art n'a pas d'autre but que elle-même. De même, le philosophe allemand caractérise la réception de l'art comme désintéressée, comme pure contemplation esthétique qui ne vise aucune satisfaction d'un désir, ou d'un bien moral. Schopenhauer voit dans le tableau, une scène certes quotidienne mais extraite de son contexte habituel. Les choses représentées ne sont plus en relation avec d'autres choses, elles ne peuvent nous servir et donc n'excitent pas notre volonté. Dès lors, nous ne voyons plus les objets tels que nous les voyons tous les jours. Nous pouvons enfin voir ce qu'ils sont réellement, pour eux-mêmes, dans leur essence et non plus dans leur relation avec notre intérêt. L'art nous permet de voir le monde autrement grâce à la représentation, à la mise à distance de l'objet.  

3. Le but de l'art n'est pas l'imitation Hegel affirme que le but de l'art ne saurait consister dans l'imitation de la nature.

L'art au sens actuel, désigne la capacité à produire des objets beaux. En parlant des arts, on entend les beaux-arts. Les oeuvres d'art sont ainsi d'une très grande diversité : architecture, sculpture, peinture,.. Le terme "art" vient du mot latin ars et du grec techné : il peut désigner autant une technique, un savoir-faire, que la création artistique, la recherche du beau. Pourtant les deux significations diffèrent de par leur fin. En effet, si la technique vise l'efficacité d'une action, l'art n'a d'autre finalité que lui-même, c'est-à-dire qu'il n'a pas d'utilité concrète.  Il s'agit ici de savoir si la représentation que la peinture fait du monde extérieur se distingue des choses même représentées. Platon a le premier reproché à l'art de n'être qu'une pâle copie de la réalité. L'artiste se sert en effet souvent de son environnement pour créer. Mais peut-on dire que l'art n'introduit pas une autre dimension? L'inutilité de sa représentation ne peut-elle pas justement nous permettre les objets représentés d'une autre manière? Le but de l'art n'est pourtant pas à chercher ailleurs que dans la simple imitation de la nature?

pascal

« L'art nous permet de voir le monde autrement grâce à la représentation, à la mise à distance de l'objet.

3.

Le but de l'art n'est pas l'imitation Hegel affirme que le but de l'art ne saurait consister dans l'imitation de lanature.

Pour lui, en prétendant que l'art consiste dans une fidèlereprésentation de ce qui existe déjà, "on met en somme le souvenir à la basede la production artistique" et on prive l'art " de sa liberté, de son pouvoird'exprimer le beau." Ainsi, "le naturel ne doit pas être la règle, la loi suprêmede la représentation artistique." La création proprement dite serait en effetdétruite.

Il faut admettre que l'artiste puise dans le monde sensible, dansl'immédiat, mais son contenu n'est pas entièrement emprunté à la nature. Hegel rompt avec Kant, pour qui la beauté naturelle tient une large part.

Lacontemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, pense Hegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire de l'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas uneréalité donnée, elle n'est pas faite pour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sens qui veut se rendre matériel.

On nepeut le condamner pour son apparence, car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à la religion : la religion grecque est l'art greclui-même.

Ce sont Homère et Hésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegel définit comme"classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne estessentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pure individualité charnelle, qui a souffert et quiest morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnelle de ce divin, dont le passage historique aété fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'est probablement pour la raison que la spiritualitéchrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. Delacroix et Baudelaire s'insurgent aussi contre cette conception réaliste de l'art.

Ils affirment le primat del'imagination dans l'art.

Le sujet premier de l'art ce n'est pas la nature mais l'artiste lui-même, le fond de son âme, ses émotions, etc.

Baudelaire compare le monde, la nature à un dictionnaire et affirme que les peintres qui ont del'imagination "cherchent dans leur dictionnaire les éléments qui s'accommodent à leur conception[...] ceux qui n'ontpas d'imagination copient le dictionnaire" ( Curiosités esthétiques). L'oeuvre d'art est avant tout création libre de forme.

Elle est "l'expression d'une émotion individuelle, d'un sentimentou la traduction d'un imaginaire." comme l'affirme Baudelaire.C'est aussi pour cela que Kandinsky voit dans l'art "le langage qui parle à l'âme, dans la forme qui lui est propre."L'art est vision personnelle du monde et nous voyons le monde dans une oeuvre d'art par les yeux du peintre.Merleau-Ponty compare la vision du monde dans une oeuvre d'art à la vision que nous avons de quelque chose àtravers de l'eau.

"Quand je vois à travers l'épaisseur de l'eau le carrelage au fond de la piscine, je ne le vois pasmalgré l'eau, les reflets, je le vois justement à travers eux, par eux." Il en est de même pour le peintre.

Nous nevoyons par le monde extérieur, mais le monde intérieur du peintre qui est comme "transpercé par l'univers".. »

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