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Quelles sont les exigences de la vie en société ?

Publié le 04/11/2009

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Il suffit de considérer ce qui se passe lorsqu'un groupe décide de s'organiser en vue d'atteindre des objectifs groupaux, pour en tirer des remarques générales valables pour toute vie collective.

  • 1 — Relations internes, relations externes et objectifs collectifs. Les membres du futur groupe actif se rassemblent selon des critères variés (identité d'origine, parenté, affinités, voisinage, identité d'idéologie ou de valeurs, situation difficile à résoudre en commun car elle est la situation actuelle du groupe, solidarité pour faire face à une menace commune, etc.) mais leur rassemblement ou leur adhésion au groupe (créatrice du sentiment d'appartenance, exprimé par le « nous «) ne peut se satisfaire du simple plaisir d'être ensemble.

Le plaisir d'être ensemble laisse les membres dans un état de passivité ou dans une situation temporaire de communication dite « phatique « (idyllique, de satisfaction purement affective) qui n'est possible que si la survie des membres est par ailleurs assurée et si la situation du groupe n'est pas difficile.

Si ce groupe veut agir pour « sortir « de sa situation actuelle, pour réaliser des objectifs, il faut d'une part que ces objectifs soient précisés, d'autre part que le groupe s'éprouve lui-même comme une force capable de les atteindre, ce qui implique la prise de conscience collective des intérêts communs ou des idéaux partagés, et la volonté collective de s'organiser pour les atteindre et les réaliser.

De ce fait, deux phénomènes se font jour :

  • A — Conscience de la situation et du milieu extérieur par rapport auxquels le groupe veut et va agir. Que ce soit pour utiliser les ressources naturelles du milieu de vie (culture, chasse, pêche, organisation de la survie matérielle du groupe, habitat, exploitation du milieu naturel environnant), ou pour agir efficacement dans un milieu social ambiant plus vaste (s'insérer dans un autre groupe plus large, participer à une action commune plus vaste, ou au contraire lutter contre un autre groupe concurrent ou ennemi, prendre le pouvoir dans la société ambiante, etc.), dans tous les cas le groupe, uni par ses objectifs et par sa solidarité d'action, doit prendre conscience le plus clairement possible de sa situation dans le milieu de vie qui est son champ d'action future.

« obligation sociale, celle d'accomplir sa tâche ou sa part de travail, et cela d'une certaine façon, à un certainmoment, dans un délai donné, avec des moyens et en coopération-coordination réglée.

Cette obligation se trouveautomatiquement assortie d'un risque de sanction, ne serait-ce que la désapprobation du groupe en cas de non-exécution, le rejet-exclusion, la réaction socio-affective plus ou moins clairement instituée dans des types desanctions.A la limite, un groupe révolutionnaire « exécutera » celui de ses membres qui a flanché et qui a ainsi compromis lesuccès du groupe, cette mise à mort violente représentant la puissance groupale elle-même comme autoritésupérieure aux individus composant le groupe.Tout groupe, quel qu'il soit, pose nécessairement des limites à la liberté individuelle de faire ce qui plaît, des limites àla déviance des conduites par rapport aux conduites attendues.

Le groupe en tant que tel exerce sur chacun une «pression de conformité ».Cet aspect de la vie groupale organisée en vue d'une survie ou d'une action, justifie par conséquent les trèsanciennes réflexions comme celles de Spinoza, Hobbes et même Rousseau dans « Le Contrat Social » (où la majoritéayant décidé, tous doivent se conformer et obéir en vue de l'intérêt général défini par le vote majoritaire, seulcritère), et les plus récentes comme celles de Freud.

L'énorme erreur est cependant de considérer la Sociétéuniquement comme une contrainte arbitraire et étouffante, comme un pur système de répression (Freud, Reich,Marcuse).

Elle devient pure répression arbitraire et dévitalisante lorsque les membres du groupe ont perdu lesentiment d'appartenance, le désir de coopération, la solidarité et l'identité de vues sur les objectifs du groupe.Autrement dit le sentiment de contrainte et l'idée que la Société (ou le groupe) est un pur pouvoir arbitraire derépression, de sanction et d'étouffement de la liberté individuelle de faire ce qui plaît au moment où on en a envie,ne peuvent naître que sur la scission entre l'idéologie individuelle et l'idéologie groupale, sur la désolidarisation et surla perte de confiance dans le groupe.Cela est facile à illustrer : imaginez que vous ayez adhéré à un groupe d'action politique orienté vers l'actionviolente, et que votre adhésion, expression de votre idéologie, soit sincère et absolue.

Vous voilà prêt à accepterde sacrifier vos désirs et besoins égoïstes ou égocentriques, aux intérêts du groupe, et à adopter lescomportements imposés par l'autorité du groupe, ceci même au prix de souffrance personnelle et de risque.

Laconfiance a transformé la contrainte en discipline librement consentie, mais la contrainte et les sanctions sont là ;vous êtes même prêt à les imposer à d'autres membres du groupe que vous jugez traîtres ou « mous », en vousidentifiant au groupe, à ses valeurs, à ses normes, à ses croyances, à ses mythes.Mais voilà que votre enthousiasme personnel tombe, que votre confiance dans les objectifs du groupe, dans sesmoyens, dans sa structure, dans ses mythes,...

faiblit.

Dans la même mesure, vous percevrez les obligationsgroupales comme des contraintes, les normes comme arbitraires, l'autorité comme répressive aveugle, votre moicomme réhabilité, contestataire, sollicité par ses désirs individualistes.Si vous avez la chance d'être quelques-uns à, sentir cet écart nouveau entre vos objectifs personnels et lesobjectifs du groupe, et si ces objectifs personnels peuvent se raccorder aux objectifs d'autres dissidents enpuissance,...

vous aurez toujours le recours de susciter un sous-groupe et de faire scission, ce qui vous feraretrouver dans le nouveau sous-groupe la confiance et la soumission acceptée à une nouvelle discipline.Mais supposons que vous soyez seul à vous désolidariser.

Tant que cette disposition d'esprit est toute intérieure,vous pestez intimement contre la contrainte aussitôt ressentie et vous vivez sous tension.

Votre personnage estdissocié de votre personnalité.

Dès que ces dispositions intérieures se manifesteront, elles s'exprimeront encontestation, refus d'obéissance, accusation de l'autorité, mépris pour ceux qui se laissent gouverner etdépersonnaliser, revendication de liberté et de spontanéité.Le groupe, on l'a vu, a ses propres marges de tolérance de la déviance de ses membres.

Dès lors, si vous dépassez« les bornes » groupales, le groupe (ou l'autorité qui l'incarne) vous appliquera des sanctions.

La peur de cessanctions peut d'ailleurs vous inciter, lorsque vous êtes dans l'état de désolidarisation intérieure, à ne pasmanifester de désaccord, et à continuer une participation toute extérieure et artificielle, associée à une tensionintérieure croissante et à une méfiance accrue à l'égard des autres membres, considérés ipso facto comme dessurveillants ou des « chiens de garde » du groupe auquel vous devenez étranger.3 — Adaptation et inadaptation sociales.

Nous faisons partie de plus d'un groupe (groupe-classe, groupeidéologique, groupe familial, groupe de voisinage, groupe ethnique, groupe de travail, associations diverses,nationalité et société nationale, etc., et à la limite appartenance au genre humain).Nous faisons partie (nous sommes membres) de ces groupes de façon différente : appartenance de fait sansparticipation sociale active, appartenance voulue et librement choisie, appartenance revendiquée, appartenanceespérée ou « de référence » (dans la mesure où, étant dans tel groupe, nous défendons les valeurs d'un autregroupe qui est pour nous un groupe d'aspiration personnelle), appartenance marginale, appartenance avec un statutd'opposant interne, etc.

Les englobant tous dans notre vie quotidienne, il y a la Société comme milieu de vie ; ellenous a précédé dans l'existence (nous naissons dans une société déjà existante) et elle nous survivra ; elle a deshabitudes, des normes, des valeurs, un langage, un certain stade de développement, bref une « culture ».

Être «modelé » par le milieu social d'existence, c'est s'acculturer.

L'acculturation est insensible lorsque l'on grandit dans unmême milieu socio-culturel (apprentissage de la langue dite « maternelle », influence des modes de penser, d'agir, deréagir, intégration des habitudes sociales et des normes) ; elle devient plus évidente et plus difficile lorsque, venantd'un autre milieu social étranger, nous avons à vivre dans un nouveau milieu.

Ainsi les immigrants ne sont «acculturés » qu'à la 2e ou 3e génération.Ce qu'il faut comprendre, c'est d'une part que l'acculturation est une modalité d'un processus plus fondamental,celui de la socialisation, par lequel la socialité essentielle de l'être humain s'accomplit, le rendant capable, au-delàde toute acculturation, de participer à un groupe quelconque, et lui permettant, au nom même de valeurs socio-humaines supérieures aux habitudes socio-culturelles historiques, de juger un groupe social, de contester lesrelations interhumaines telles qu'elles s'y sont établies par le fait de la structuration des groupes, et de vouloir lesforger autrement.. »

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