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Quels besoins le travail peut-il satisfaire ?

Publié le 17/01/2022

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D'un côté, on a l'idée que le travail est lié au besoin, à la nécessité : il serait impossible de ne pas travailler sans perdre la vie qu'on ne gagnerait pas. Cependant, il y a une dignité et une valeur du travail qui font qu'on souhaite l'arracher à la nécessité. On veut que le travail puisse satisfaire d'autres besoins que le simple fait de vivre. Mais ce serait prendre le risque de faire du travail quelque chose d'inutile.
 On ne peut que se demander alors quels besoins exactement le travail pourrait satisfaire. On cherche ici à comprendre comment travailler pour d'autres besoins que vivre sans pour autant comprendre le travail comme inutile. Quelle utilité conférer au travail en dehors des besoins primaires? Se pourrait-il que le travail soit essentiel et inutile?
 

« nature (Descartes) Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637), Descartes metau jour un projet dont nous sommes les héritiers.

Il s'agit de promouvoir unenouvelle conception de la science, de la technique et de leurs rapports, apteà nous rendre « comme maître et possesseurs de la nature ».

Descartesn'inaugure pas seulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme,de la domination technicienne du monde.Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de la philosophie,c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avec sa compréhensionantérieure.

Dans le « Discours de la méthode », Descartes polémique avec laphilosophie de son temps et des siècles passés : la scolastique, que l'on peutdéfinir comme une réappropriation chrétienne de la doctrine d'Aristote.Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à la philosophiespéculative qu'on enseigne dans les écoles » une « philosophie pratique ».

Laphilosophie spéculative désigne la scolastique, qui fait prédominer lacontemplation sur l'action, le voir sur l'agir.

Aristote et la tradition grecquefaisaient de la science une activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre butque de comprendre le monde, d'en admirer la beauté.

La vie active estconçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne non seulement deshommes, mais des dieux.Descartes subvertit la tradition.

D'une part, il cherche des « connaissancesqui soient fort utiles à la vie », d'autre part la science cartésienne necontemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance.

Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au coeur même de l'activité deconnaître.La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophiepratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouiraitsans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussipour la conservation de la santé [...] »La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'hommepour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de latechnique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquerdans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée.D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers de nosartisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Il n'est pasindifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît comme on agit ou ontransforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offert à l'action de l'homme,dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournit la nature.La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement, artificiellement la nature.Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement une naturedésenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître et possesseur de lanature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant, l'homme est ici décrit commeun sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient (« possesseur »), et qui peut en faire ce que bon luisemble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiter l'action del'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait la métaphysiquecartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce qui relève du corps n'estqu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant les animaux à des machines,Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époque de Descartes est celle où Harveydécouvre la circulation sanguine, où le corps commence à être désacralisé, et les tabous touchant la dissection, àtomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination technicienne de la naturene concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La « philosophie pratique » estutile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corps humain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel,est objet de science, et même objet principal de la science.

« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rendeles hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit lechercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la technique et de lamédecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant « comme maîtres &possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but. c) Le désir de dominer l'autre.. »

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