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Quels droits la compétence donne-t-elle ?

Publié le 27/02/2005

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DROIT (lat. directus, droit, conforme à une règle)

Gén. Le sens de l'adjectif latin directus, sans courbe, indique d'emblée que le droit est institué pour se conformer à une règle, voire rectifier, corriger les relations entre les hommes. Ainsi, le droit qui dit ce qui doit être s'oppose d'abord au fait (ce qui est). Il est dans l'essence du droit de s'instituer contre le fait. Droit positif. Le droit positif est l'ensemble des règles définissant ce qui est légal, permis, et illégal, interdit, dans une société donnée. L'institution du droit positif signale la disjonction de la puissance matérielle (capacité de faire) et du pouvoir formel (droit de faire) ; nul n'est autorisé à faire tout ce qu'il peut faire : nul ne peut tout ce qu'il peut. Droit naturel. Le droit en tant qu'il est simplement positif (posé, établi comme convention) est lui-même un fait de culture. Ainsi, les hommes n'auraient pas tous les mêmes droits. Ce qui est ici illégal serait ailleurs permis. Or, n'existe-t-il pas un droit supérieur à toute convention positive qui résulte de la nature de l'homme ? On appelle, en effet, droit naturel non pas le droit existant naturellement, mais le droit qui met en évidence la vraie nature du droit : énoncer ce qui doit être pour tous les hommes, autrement dit corriger le fait aussi bien culturel que naturel. Ce droit idéal signale la disjonction toujours possible entre ce qui est légal et ce qui est légitime. Une loi n'est pas forcément juste ; elle ne l'est qu'en rendant légal ce qui est légitime et illégal ce qui est illégitime. Est légitime « ce que tout homme peut faire également » quelles que soient ses particularités naturelles (force, sexe) et culturelles (nationalité, religion). Par droit naturel, il faut donc entendre droit rationnel : l'identité des droits est fondée sur une identité ontologique des hommes (tous les hommes ont la faculté de penser) et non sur une identité naturelle ou culturelle. Ainsi, on peut opposer la conception universaliste du droit naturel ou rationnel aux conceptions naturalistes et culturalistes des racistes. Voir égalité.

« - Chacun possède donc une compétence, de manière naturelle, et cette compétence lui donne le droit – et même le devoir – d'accomplir sa fonction (celle pour laquelle il est compétent et uniquement celle-là) demanière excellente.

C'est pour cela qu'on ne saurait mettre n'importe qui à la tête de la cité : la compétencedonne le droit à l'homme possédant la compétence nécessaire à l'exercice du pouvoir, et à cette homme làseulement, d'exercer effectivement le pouvoir. II.

La nécessaire limitation des droits relativement à la compétence : le problème de l'élitisme - Le problème que pose un tel droit, dans la perspective où Platon l'a défini, c'est que précisément la compétence semble être une disposition naturelle : sans la disposition naturelle qui convient, un hommecommun ne pourra jamais développer une quelconque compétence puisqu'il ne la possède pas déjà enpuissance.

Or, un tel ancrage de la compétence dans une disposition naturelle apparaît commeproblématique. - En effet, dire que c'est la compétence qui donne le droit d'exercer tel travail, revient en fait à faire obstacle au processus de perfectibilité lui-même. - Dire que seule la compétence, en tant que déjà réalisée, en tant qu'effective, donne le droit d'exercer une fonction en adéquation avec cette compétence, c'est du même coupe renoncer à la notion deperfectibilité qui définie en propre l'homme dans son humanité.

C'est en effet la notion de perfectibilité quidéfinit, même à l'état de nature ( Rousseau , Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes), l'homme en tant qu'homme.

La perfectibilité signifie simplement la capacité qu'à l'homme (en tantque trait distinctif relativement aux animaux) de devenir et de changer ; ce qui implique donc aussi lacapacité de se dépraver. - Le risque de baser le droit sur la compétence effective est celui de l'élitisme.

En effet, il n'y a rien de mal, a priori, à vouloir le meilleur pour la société dans laquelle on vit ; cependant, cela devient un problème àpartir du moment où la compétence, qui comme telle peut nous faire revendiquer des droits, intervientcomme un critère discriminant.

Ainsi, l'homme du commun n'aurait plus son mot à dire sur la politique etdevrait sans remettre aveuglément à l'homme politique dirigeant précisément parce qu'il ne possède pas lacompétence qui pourrait lui donner droit de critiquer telle ou telle décisions politique.

Eriger la compétencecomme principe à partir duquel on a le droit de juger tel ou tel fait, revient en réalité à nier à ceux qui n'ontpas la compétence effective, la possibilité de toute libre expression.

Et en ce sens cela irait à l'encontre duprincipe démocratique qui veut que chaque citoyen ait son mot à dire.

Voilà le risque que comporte, engerme, le fait d'ériger la compétence dans la sphère du droit. - La compétence ne saurait donc en ce sens donner quelque droit dans la mesure où se serait inscrire, au fondement même de l'homme, une inégalité naturelle.

Or, il ne faut jamais perdre à l'esprit que la compétencen'est pas innée mais acquise et qu'en ce sens elle donne, plus qu'un droit, le devoir à l'homme compétent detransmettre et de perpétuer sa compétence. III. Le devoir de transmettre sa compétence : un devoir pour l'humanité - Le seul droit que l'on peut ainsi reconnaître, à proprement parler à la compétence, revêt plutôt l'allure d'un devoir : c'est celui de s'enseigner.

En effet, ce droit reconnu à l'homme compétent de pouvoir enseigneret transmettre sa compétence aux autres est en même temps un devoir pour l'humanité parce qu'elleapparaît comme la condition de tout progrès.

Loin donc de figer la compétence dans la sphère du droit, quireviendrait du même coup à poser la base d'une société foncièrement inégalitaire, l'homme compétent doitchercher à tout faire pour transmettre sa compétence parce cette transmission apparaît comme la conditionde tout progrès de l'homme.

C'est ainsi que le savoir-faire du maître est transmis à l'apprenti qui à son tour,quand il sera devenu compétent, pourra l'enseigner.

On ne naît pas compétent, on le devient.

Et c'est cedevenir de la compétence qu'on ce doit de perpétuer au nom de l'humanité en l'homme. - La plasticité de l'être humain établie en premier lieu par la philosophie, puis confirmée par l'anthropologie, la perméabilité de l'esprit à toutes les influences les plus contradictoires, ou même les plus pernicieuses,ouvrent un champ de réflexion dont on mesure difficilement l'étendue.

L'éducation qui, selon Kant, soumetl'homme aux normes de l'humanité et « l'arrache à ses penchants brutaux », engage l'avenir de l'individu etdes nations.

Kant la considère tout d'abord sous sa forme négative ; c'est la discipline qui règle lecomportement humain, en empêchant l'enfant de se détourner de sa vraie destination, c'est-à-dire laculture.

L'instruction, conçue au contraire de façon positive, pourrait permettre de développerfavorablement, et indéfiniment, la nature humaine.

La malléabilité de nos facultés permet en effet deconcevoir un perfectionnement de l'humanité, pourvu seulement que plusieurs générations reçoivent uneéducation dirigée vers un but constant (Traité de pédagogie).

On comprend ainsi que le seule droit qui peutêtre reconnu à la compétence est celui de la transmission : l'homme compétent, et lui seul, peut – et plusprofondément doit – transmettre ces aptitudes pour assure la pérennité de son savoir d'une part, et pourdévelopper l'humanité en l'homme d'autre part. Conclusion - S'il semble a priori que la compétence entre dans la sphère du droit, en ce sens que comme résultat d'un dur labeur elle peut être considérée comme un élément justifiant la revendication d'un certains nombresde droits (celui d'exercer la fonction pour laquelle on est compétent, celui de faire autorité dans sondomaine de compétence, etc.), il semble en réalité que faire entrer la compétence dans la sphère du droit. »

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