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Quels savoirs peut-on acquérir grâce aux images ?

Publié le 27/02/2008

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 A y regarder de près, notre esprit est plein d’images : celles des souvenirs passés, celles des perceptions présentes, celles du futur imaginé, rêvé. Toutes ces images, comme représentations sensibles, nous disent quelque chose, sur le monde ou sur nous-mêmes. Il semblerait alors que les images jouent un rôle dans notre connaissance du réel. Mais quel statut accorder à cette connaissance, qui n’est pas celle, formalisée et rigoureuse de la science, mais celle, atomisée, de nos premières impressions sur le monde ? Plutôt qu’un savoir des images, il semble qu’il faille parler de savoirs, multiples et variés, qui se juxtaposent dans l’esprit sans organisation, autrement dit de savoirs qui n’en sont pas véritablement, car le savoir se conçoit comme un tout unifié et cohérent. Pour que les images puissent être intégrées à la connaissance, il faudra donc, en tant que multiplicité de savoirs sensibles, qu’elles se laissent unifier dans un savoir théorique, conceptuel du réel.

 

I – Les images, sources de nos premiers savoirs sur le monde II – Le savoir (à distinguer des savoirs) se passe des images III – La connaissance par concepts ne serait pas possible sans images

 

« donner l'image de cette figure, me le représenter en esprit ou même le dessiner sur le papier.

Mais lespropriétés que je trouve ainsi ne dépendent aucunement de l'image que je me suis donnée de la figure.

Eneffet, je peux tout aussi bien trouver les propriétés d'une figure que l'imagination ne peut se représenter,dont je ne peux me donner l'image.

Descartes prend l'exemple du chiliogone, figure à mille côtés.

Bien queje ne puisse m'en donner l'image, l'idée du chiliogone est parfaitement claire à mon esprit : je peux fairesur lui des calculs parfaitement intelligibles et rigoureux, alors même que je ne peux pas me lereprésenter.

Que je puisse me donner ou non l'image de ce que j'étudie n'a donc aucune incidence sur laconnaissance de l'objet étudié.

L'idée, par laquelle je connais une chose, est indépendante de l'image decette chose.

Plus encore, nous pouvons dire avec Descartes que l'image ne sert à rien pour connaître. III – La connaissance par concepts ne serait pas possible sans images - L'image est le signe d'une réalité abstraite .

Pour Platon, il y a deux mondes : le monde sensible, celui de l'expérience, et le monde intelligible des Idées.

Les Idées sont des abstractions, c'est-à-dire quel'esprit peine à les concevoir.

En effet, je connais l'arbre sensible, particulier (celui de mon jardin parexemple), mais je ne peux me donner l'Idée d'arbre, le concept, qui englobe tous les arbres particuliersmais qui lui ne se représente pas.

Dès lors, il faut ramener le concept abstrait à du sensible, à duconcret.

Platon utilise à cet effet le mythe, qui donne l'image de ce que la pensée logique ne peutreprésenter et exprimer.

Pour faire comprendre l'origine du monde, c'est-à-dire le concept de cause,Platon propose dans le Timée l'image du démiurge, qui crée le monde en imprimant à la matière les formes qu'il contemple dans le monde des Idées.

Par l'image, l'esprit accède au concept, qui lui permet deconnaître le sensible comme participant (relevant) des Idées, et non plus par la seule expérience.

C'estdonc sur l'image que se fonde la connaissance par abstraction.

L'idée du chiliogone elle-même ne seconçoit qu'à partir de la représentation du pentagone, elle présuppose au moins l'image, même confuse,d'un certain nombre de lignes, d'une surface occupée par la figure.

L'esprit est obligé de se représenterce qu'il veut connaître ; le concept n'est accessible que par une représentation imagée de lui-même. - L'image est un instrument de l'entendement pour connaître .

Pour Kant, l'image est produite par l'imagination mais, à la différence de Bachelard, il ne l'oppose pas à la connaissance.

L'image est en effetle moyen de la connaissance, en ce qu'elle opère sous le commandement de l'entendement.

Laconnaissance naît de ce que nos intuitions sensibles sont ramenées aux concepts purs, aux catégories del'entendement.

L'image est le moyen terme qui réalise cette liaison.

Cette image, Kant l'appelle« schème », représentant intuitif d'un concept pur.

Le schème du concept de causalité est par exemple celui de la succession : cela signifie que là où une succession se vérifie toujours (entre deux phénomènespar exemple), on peut appliquer la catégorie de causalité.

De même, le nombre est le schème du conceptpur de quantité.

Par les schèmes, la diversité de nos perceptions sensibles se trouve ramenée à unnombre limité de concepts, qui sont les catégories de l'entendement.

Le monde se voit ainsi structuré parles schèmes, de sorte que l'imagination, par les images qu'elle produit au service de l'entendement,contribue à nous rendre le monde intelligible.

En synthétisant la diversité du sensible, les imagessubordonnées à l'entendement sont le moyen d'une connaissance unifiée du monde.

Ainsi conçues ellesne produisent pas une accumulation de savoirs juxtaposés, comme lorsqu'on les conçoit comme simplesreproductions des perceptions, mais bien le savoir, comme application de concepts purs à la diversité sensible. Conclusion : L'image n'est à exclure du domaine de la connaissance que si elle est assimilable à une fantaisie de l'imagination, qui nourrit exclusivement le domaine de l'art, et qui ne donne qu'une connaissance subjective du réel.Si elle n'est pas déformée en revanche, l'image est le premier matériau, d'ailleurs multiple, de notre savoir sur lemonde.

Cela ne signifie pas que les images sont une sorte de sous-savoir.

Bien au contraire, elles sont l'intermédiaireindispensable d'un vrai savoir : sans elles, il n'y aurait pas de passage de la diversité sensible vers les concepts quil'unifient ; le sensible et l'intelligible ne se rencontreraient jamais, rendant impossible toute connaissance sur le réel.. »

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