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Qu'est-ce que créer ?

Publié le 27/02/2005

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  -         Deuxièmement, créer est un acte duratif et conatif, càd un effort qui suppose un mouvement vers (on passe du néant à quelque chose qui existe). Comment fixer dans des mots statiques ce qu'est ce mouvement créateur sans le dénaturer automatiquement ? Comment parler de l'acte de créer sans le trahir aussitôt ? Créer se situerait hors de tout langage qui tenterait d'en percer rationnellement le secret.   -         Enfin, l'intitulé même du sujet est paradoxal : vouloir définir l'acte de créer, en apposant ainsi le verbe d'état (« être »), c'est chercher à lui assigner des modalités fixées par avance, c'est chercher à le prévoir. C'est donc supposer qu'on peut établir un mode d'emploi en matière de création. C'est d'ailleurs tout le problème des mauvais artistes, qui appliquent à la lettre un ensemble de « recettes à succès » (on dit alors que leurs oeuvres manquent d'âme). On peut ainsi parler d'une disproportion entre la demande de définition de notre sujet et l'impossibilité de cet objet à être défini.     I.                   L'introuvable mode d'emploi de l'acte créateur   On distingue traditionnellement la fabrication technique, où prime la répétition du même standard et la planification industrielle, de la création artistique sans règle préexistante, puisque le génie créateur « donne les règles à l'art » (Kant).

-         On ne crée réellement que de l’inédit, même au sens spirituel d’une création d’idées ou de concepts. Comment expliquer l’acte créateur, qui est, par définition, surgissement ex nihilo ? –càd qu’il est sans support ni matériau préalable, contrairement à la fabrication (qui elle construit à partir d’éléments donnés qu’elle ne fait qu’assembler). Ainsi le processus créatif aurait-il quelque chose d’irrémédiablement insaisissable, de proprement insondable. Puisque les raisons et les moyens de la création sont exclus a priori de sa définition, puisque pour créer on ne part de rien, comment serait-il possible de remonter aux causes de cet acte pour en rendre compte ?. Dans cette mesure, il semble que cet acte de créer soit hors de toute causalité.

 

-         Deuxièmement, créer est un acte duratif et conatif, càd un effort qui suppose un mouvement vers (on passe du néant à quelque chose qui existe). Comment fixer dans des mots statiques ce qu’est ce mouvement créateur sans le dénaturer automatiquement ? Comment parler de l’acte de créer sans le trahir aussitôt ? Créer se situerait hors de tout langage qui tenterait d’en percer rationnellement le secret.

 

-         Enfin, l’intitulé même du sujet est paradoxal : vouloir définir l’acte de créer, en apposant ainsi le verbe d’état (« être «), c’est chercher à lui assigner des modalités fixées par avance, c’est chercher à le prévoir. C’est donc supposer qu’on peut établir un mode d’emploi en matière de création. C’est d’ailleurs tout le problème des mauvais artistes, qui appliquent à la lettre un ensemble de « recettes à succès « (on dit alors que leurs oeuvres manquent d’âme). On peut ainsi parler d’une disproportion entre la demande de définition de notre sujet et l’impossibilité de cet objet à être défini.

 

« a pour résultat une pièce unique.

Produire en série, c'est reproduire, et ce n'est déjà plus créer. La reproduction en série exige ainsi la codification positive des règles de production , alors qu'il y a toujours un je ne sais quoi indéfinissable dans la nouveauté créée.

Lorsqu'on a les plans de ce qu'on produit, on est dans la technique, or il n'y a pas de technique de création qui soit entièrement communicable .

On n'a pas encore inventé de science de l'art créateur. b. Kant avait perçu cela quand il affirmait qu'il ne pouvait y avoir d'esthétique comme science du beau .

C'est le sens du jugement réfléchissant kantien, qui s'exerce entre autres dans le domaine du goût, et lie le particulier à l'universel sans que l'universel soit connu etdonné avant le particulier, sans que le jugement sur le beau soit l'exemplification d'une loi .

On a alors, dans le jugement réfléchissant, une impossibilité d'appliquer un concept a priori de l'entendement à ses objets.

De même la règle de l'art, si elle existe, est sui generis (chaque création a sa propre logique interne) et ne peut faire l'objet d'undiscours normatif a priori sur la création, au sens où sa valeur universelle est toujours à découvrir. c. Selon Bergson , la technique du sculpteur concerne « tout ce que son œuvre aura de commun avec d'autres », et non son caractère unique ; « cette technique est commandée par les exigences de la matière surlaquelle il opère et qui s'impose à lui ; elle intéresse, dans l'art, ce qui est répétition ou fabrication, et non plus la création même » ( La Pensée et le Mouvant ).

Là où la technique fournit des recettes générales sur lesquelles s'appuyer, la création est ce qui surgit toujoursinopinément. d. Transition : on achoppe pour la définition de l'acte de créer sur l'absence de règles de la création. II.

Le paradoxe de la question « qu'est-ce que créer ? » Comme on le disait, on est amené à mettre en contradiction l'objet avec la forme de la question qu'on doit ici luiposer. C'est le verbe être qui pose problème dans « qu'est-ce que créer » .

Créer, ce n'est rien de moins que faire accéder une chose à l'être .

Donc, assigner un être à la création, qui elle-même rend possible l'être, est problématique.

On se rend compte que l'on a peut-être ici une formulation tautologique, ou du moins une circularité de langage , et ce parce qu'on doit délimiter a priori ce qui est la source de toute nouveauté ! Bergson peut nous aider à résoudre cette aporie, en ce qu'il se confronte à cette impossibilité de donner d'avance le sens de la création. a. Selon Bergson, la seule essence propre du réel (la durée créatrice) est qu'il est ce qu'on n'attendait pas : « Le possible et le réel » a ainsi pour sujet « la création d'imprévisible nouveauté qui semble se poursuivre dansl'univers ».

Le fait de créer est donc celui de l'univers comme de la conscience individuelle : « Pour ma part, jecrois l'expérimenter à chaque instant.

J'ai beau me représenter le détail de ce qui va m'arriver : combien mareprésentation est pauvre, abstraite, schématique, en comparaison de l'événement qui se produit ! Laréalisation apporte avec elle un imprévisible rien qui change tout ».

( La Pensée et le Mouvant , p.

98). b. C'est que Bergson présente une ontologie où le temps est efficace, càd créateur .

L'image prévisible que l'on peut se faire du réel est toujours de nature spatiale : « juxtaposition figurable par avance de choses déjà connues », alors que l'événement qui arrive est unique et neuf, comme« dessiné d'un seul trait par une main d'artiste » ( Ibid. ).

L'intérêt de Bergson est qu'il rassemble, sous la catégorie de durée créatrice , des flux aussi différents que le cours des choses (« tout aussi inattendu etoriginal »), la création artistique, et la vie intérieure de la conscience :« Nous avons le sentiment d'être créateurs de nos intentions, de nosdécisions, de nos actes », et : « J'ai la même impression de nouveautédevant ma vie intérieure […].

L'acte lui-même, en s'accomplissant, a beauréaliser du voulu et par conséquent du prévu, il n'en a pas moins sa formeoriginale ».

Ce qui l'amène à faire s'équivaloir durée, vie et création : « Ainsi l'être vivant dure essentiellement ; il dure, justement parce qu'il élabore sans cesse du nouveau et parce qu'il n'y pas d'élaboration sans recherche, pas de recherche sans tâtonnement.

Le temps est cette hésitation même, ou n'est rien du tout ». c. Créer, c'est donc essentiellement durer et pour l'esprit percevoir en soi un temps concret (de cum-crescere , qui croît avec, qui n'est pas fixé par d.. »

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