Devoir de Philosophie

Qu'est ce que la morale ?

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

morale
C'est bien connu, « qui veut noyer son chien l'accuse de la rage »….. L'idéologie dite progressiste qui milite pour la libéralité des moeurs, notamment sexuelles, a, depuis les années 1960, cultivé avec vigueur et férocité la critique de « la Morale » (nous mettons des guillemets là où, derrière une manière de dire, se dissimule un problème d'apparence et d'illusion), et ce en s'appuyant sur des auteurs traditionnels et sulfureux (Sade, Nietzsche, Oscar Wilde, Artaud, Wilhelm Reich, Bataille). Elle a par là même annoncé la naissance de besoins nouveaux des hommes des sociétés industrielles avancées –parce qu'évidemment beaucoup d'autres groupes humains n'en sont pas encore à poser leurs problèmes en ces termes, ne seraient-ce que nos concitoyens de Guyane française, les Yanomamis ! --, concernant une forme de liberté spontanée, « démocratique », qui correspondrait à la manifestation véritable de soi…..Comme si l'immoralité volontaire, érigée au rang d'art de vivre, pouvait être un principe et une règle de conduite au même titre que la dite « moralité » de « la Morale » !Y aurait-il comme une « moralité » de l'immoralité ? Cette manière d'envier à « la Morale » sa maîtrise sur les esprits fait penser à la formule de La Rochefoucauld : l'hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu  .Ainsi, à renvoyer « la Morale » à une immoralité foncière, puisqu'elle est accusée de dominer violemment les hommes, de réprimer leurs pulsions jusqu'à la castration, la critique de la Morale ne fait pas bien mieux, et risque fort de se muer en idéologie toute aussi « totalitaire ». Comment y voir clair alors ?
morale

« la légitimité d'une morale.

Car parmi toutes ces prétendantes au trône que sont les diverses formes de moralité oud'immoralité, on peut parier que certaines sont plus légitimes que d'autres, et que certaines autres sont de vraies ….Usurpatrices.

La question de la légitimité sera notre ligne de force pour chercher un critère discriminant.

Rousseautoujours : « Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes »(ibid .) – Quant au critère, disons-le de suite, ce sera l'universel. C'est pourquoi il est nécessaire de distinguer les morales factuelles (réelles, effectives) de la morale pure(en termes kantiens, de la métaphysique des moeurs :en termes spinozistes, de la moralité de la raison) : lesmoralités factuelles relèvent du fait, auquel nous posons la question : qu'en est-il des faits ? La morale pure, elle,est le résultat d'une élaboration rationnelle répondant au « quid juris ? » (qu'en est-il en droit ? i.e ; est-ce fondé en raison ?), qui est la question de la légitimité. Essayez donc de mettre la Morale à la porte, elle reviendra par la fenêtre.

La critique de la Morale auraitbien tort de prétendre épuiser son ennemi, puisqu'elle n'est forte que de la puissance du camp d'en face, et parcequ'elle n'atteint finalement qu'une partie de la « Morale », qu'on appelle la « Morale moralisante » (Marx) ou la« moraline » (Nietzsche).

La « moralisation » systématique, voilà l'obstacle.

Vous savez, cette manie qu'ont certainsTartuffe, hypocrites et pharisiens, de « faire la morale », de « donner des leçons de morale », d'être « un redresseurde torts », un « amendeur de l'humanité » (de mettre l'humanité à l' amende), comme dit Nietzsche, de ne penserqu'en termes de grandes oppositions morales, le Bien contre le Mal, le Vice contre la Vertu , etc.

Attention auxmasques, ici! D'autant qu'on sait que la moralisation du monde dissimule une faiblesse ou une impuissance demauvais aloi (les vieillards donnent de bons conseils parce qu'ils sont incapables de donner de mauvais exemples, diten substance La Rochefoucauld) ou exprime une méchanceté foncière sous couvert de « bonté », de« compassion », d' « altruisme » - ce que Jacques Brel avait stigmatisé dans « Les Dames patronnesses ».

Commedit Nietzsche : « Ce n'est point leur charité, mais l'impuissance de leur charité qui empêche les chrétiensd'aujourd'hui de nous – brûler vifs » (Par-delà le bien et le mal, $ 104). C'est un problème très actuel, repérable dans nombre de dérives et d'excès (de zèle) politiques et religieux.Il nous faut dégager la sublime statue de la « Morale » de ces coquillages, algues et parasites qui la rendentméconnaissable, comme la statue de Glaucus sortant de l'eau après des siècles d'immersion.

Ce sera la partdestructrice de notre réflexion. Car il y a aussi une part constructrice qui dépend, paradoxalement, de cette négativité de la pensée.

Noussavons combien les grands penseurs critiques de la Morale furent aussi de grands moralistes, de grands « juges » dela Morale : « La vraie morale se moque de la morale.

C'est –à-dire que la morale du jugement se moque de la moralede l'esprit qui est sans règles […] Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher », dit Pascal (Pensées,Lafuma 513).

Il nous faut donc supposer une morale non moralisant, non moralisatrice.

Une ? Même plusieurs, sijamais, autre pari, la vérité en morale supporte aussi d'être plurielle.

Notre enquête consistera à chercher àdistinguer, à nommer et à décrire les diverses formes de la vraie moralité. Petite phénoménologie de la Morale La Morale peut être définie en général comme une doctrine des moeurs, qui dit les diverses manières debien se conduire, de se comporter convenablement, selon les règles, les conventions, les normes et les valeurs d'ungroupe humain, sinon de l'humanité entière. Elle apparaît donc comme un fait social, une institution.

Les coutumes, les traditions, les récits mythiques(récits fondateurs –pensons à certains livres de l'Ancien Testament, comme le « Deutéronome », avec les lois deMoïse, le « Livre de Job » ou « L'Ecclésiaste »), mais aussi les règles de la vie sociale (la politesse, les manières detable, les conduites du corps), les chartes de métiers ( et tout ce qu'on appelle « déontologie »), tous cessystèmes de lois et de normes s'imposent aux sujets sociaux, au sens où ils les précèdent, où les sujets les trouventdéjà tout faits, comme des « faits accomplis », dans leur perfection ou leur imperfection, et dans la mesure où ils ysont soumis.

Il y a une antériorité temporelle de la morale sur la conscience du sujet empirique, quant aux faitssociaux.

Nous verrons tout à l'heure qu'il y a aussi une antériorité logique, qui concerne le plan de la vérité, de lastructure formelle de la pensée.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles