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Qu'est-ce que la technique pure ?

Publié le 27/02/2005

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technique

 

La technique peut se définir comme usage ou l’emploi d’une habileté particulière : d’un certain art de faire en vue de produire quelque chose de façon plus efficace et plus rapide. En ce sens, la notion de technique a principalement un aspect économique : économie de temps, de moyens etc. La technique est effectivement l’ensemble des procédés ou méthodes d’un art, d’une activité ; mais aussi l’ensemble des applications de la science dans le domaine de la production. On peut donc dégager deux compréhensions globales de ce qu’est la technique : soit un savoir-faire, une habilité soit une application de la science. Il ressort de la il possibilité de prendre à la fois la technique comme application et en elle-même. Or parler de technique pure, n’est-ce pas considérer cette technique de façon indépendante, autonome de toute application. Dès lors, quel est son sens, sa valeur, son fondement ? C’est bien à travers ces trois sous problèmes que peut se définir notre approche définitionnelle.

            Si la technique pure peut être pensée comme travail sur soi et performance (1ère partie), faut-il s’interroger sur la possibilité même de son indépendance (2nd partie), voire sur le risque de la considérée comme telle (3ème partie).

 

 

  • I – La technique pure comme performance

 

  • II – La technique pure comme propédeutique

 

  • III – Risque d’une technique pure

 

 

 

technique

« appliquée.b) En ce sens, l'exercice de la technique pure, de la technique en soi, n'a pas réellement d'intérêt.

Et il apparaîtradifficile ici de produire une critique de cet « esprit d'utilité » à la manière que peut le faire Russell dans le dernier chapitre de Problèmes de Philosophie pour la philosophie et la science elle-même dans la mesure où la technique elle-même suppose ce rapport d'application.

En effet, on peut rappeler que l'essor même de la technique est dû àl'âge classique à cette volonté de « devenir comme maître et possesseur de la nature » comme le définit Descartes dans le Discours de la Méthode , partie V.

La pure technique serait alors un jeu ; un jeu gratuit.

Sans application, la technique n'a pas de sens ni de valeur.

De même, chez Hésiode dans Des travaux et des jours, la technique n'est pas superflue ; elle est ce sans quoi la vie sera impossible ou insupportable.

Elle est ce par quoi la nature peut êtretournée en notre faveur.

Et dès lors, on peut voir apparaître un mouvement dialectique : la technique est ce moyennaturel par lequel nous tournons la nature contre elle, c'est-à-dire en vue de notre bénéfice et contrairement ànotre mauvaise disposition originelle.c) Et c'est notamment ce que l'on peut voir aussi chez Bacon dans le Novum organum puisqu'il s'agit de « vaincre la nature ».

La technique n'a donc pas tant un rôle d'auxiliaire de la nature afin de pourvoir une natureinsatisfaisante que celui de maîtriser la nature, c'est-à-dire de pouvoir l'utiliser, la comprendre et finalement de fairedu monde, un monde proprement humain.

Bien plus si l'on comprend l'origine mythologique de la technique, on peutcomprendre que celle-ci n'a de sens qu'en vue de l'application comme le montre Platon dans le Protagoras .

En effet, le besoin est né de la nature ou condition mortelle de l'homme ou plus exactement du mauvais partage desbiens entre les animaux ; partage opéré par Epiméthée.

Si l'on peut parler effectivement de besoin c'est dans lamesure où ce dernier est essentiellement un manque matériel.

Or pour pallier ces manques, Prométhée « dérobe àHéphaïstos et à Athéna le génie créateur des, en dérobant le feu ; et c'est en procédant ainsi qu'il fait son cadeauaux hommes.

Voilà donc comment l'homme acquit l'intelligence qui s'applique aux besoins de la vie ».

Le feu est ici lesymbole de la technique dans la mesure où c'est lui qui permet particulièrement le développement de l'outil qui dansson étymologie grecque renvoie bien à la technique.

Cette dernière est donc conçu pour le moyen d'assouvir nosbesoins fondamentaux et c'est notamment ce que l'on retrouvera dans la République .

Dès lors si la technique pure existe elle n'a de sens qu'en vue d'une plus grande maîtrise de son art en vue d'une application.

Transition : Si la technique pure existe, faut-il alors la concevoir comme une propédeutique à la pratique.

En effet, la techniquepure ne peut pas se dissocier le technique appliquée.

L'un prépare l'autre.

Il y a fécondation entre les deux.L'existence de la technique pure n'est possible et n'a de sens qu'en vue de cette application qu'elle prépare etmaximise.

En effet, y aurait-il un risque à parler d'une technique pure détachée de toute application ? III – Risque d'une technique pure a) La technique, par le développement proprement humain du monde qu'elle propose, est bien ce que Heidegger appelle dans sa critique dans Question sur la technique ? un « arraisonnement ».

Plus exactement cela signifie un dévoilement du monde que l'on trouve dans le fondement mathématique de la nature.

La raison se fait au monde,elle se dévoile au grand jour.

Et c'est dans l'arraisonnement que se trouve le danger de la technique, c'est-à-diredans son essence.

De ce point de vue, on peut dire aussi avec Max Weber dans le Savant et le Politique que la technique produit un « désenchantement du monde » : le monde est maîtrisé, cadencé, connu etc.

Dès lors, si latechnique est porteuse d'une ontologie faut-il alors comprendre que cette valeur négative voire dangereuse de latechnique est d'autant plus exacerbée si on la pense seulement comme technique pure.

Plus précisément, celasignifie que parler d'une technique pure n'a de sens que si elle est maîtrisée en vue d'autre chose qu'elle-même.

Ils'agit d'éviter la dangerosité d'un solipsisme technique.b) Parler d'une technique pure c'est aussi comprendre cette technique comme n'ayant de valeur que pour elle-même.

Il s'agit bien de constater que sans rapport éthique ou au demeurant maîtrisée cette technique pure apparaîtcomme dangereuse.

En effet, pure ne signifie pas simplement, la technique pour elle-même et par elle-même, maisaussi la technique autonome c'est-à-dire comprise hors de toute problématique environnemental.

La technique dece point de vue peut être considérée comme une malédiction alors.

Et c'est bien ce que l'on peut voir à travers lamise en garde que produit Hans Jonas contre le pouvoir technicien dans le Principe de responsabilité .

Dès lors la notion de respect qui se fait jour.

Il s'agit donc d'une reformulation de l'éthique autour de l'idée de responsabilité.

Etc'est bien ce qu'il affirme dans Pour une éthique du futur , puisque Jonas montre que l'espèce humaine se trouve à un carrefour ; dotée d'une puissance en constante extension, où il lui faut désormais faire des choix et prendre desdécisions, assumer ses hésitations qui lui éviteront le « sort de l'apprenti sorcier ».

Et cet enjeu se trouveparticulièrement saisissant du point de vue de l'économie et de la technicité.

Cette éthique n'est donc là pour brimerla vie mais au contraire pour l'aider à parer les dangers, donc d'une certaine manière, ne pas penser la techniquecomme technique pure, c'est-à-dire indépendante de toute éthique, ou moralité.c) Le problème est que la technique ainsi comprise, c'est-à-dire dans son essence fait de l'homme sur le terre ceque Michel Serres dans le Contrat naturel nomme un parasite.

La technique serait l'art qu'à l'homme de parasiter la terre.

Or de ce point de vue, seule la symbiose est envisageable : « Or à force de la maîtriser, nous sommesdevenus tant et si peu maître de la Terre, qu'elle menace de nous maîtriser à son tour.

Par elle, avec elle et en elle,nous partageons un même destin temporel […] Ainsi les anciens parasites, mis en danger de mort par les excèscommis sur leurs hôtes, qui, morts, ne les nourrissent plus ni ne les logent, deviennent obligatoirement dessymbiotes.

[…] Voici la bifurcation de l'histoire : ou la mort ou la symbiose.

» Or penser une technique pure, c'estrisquer non pas la symbiose mais la mort.. »

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