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Qu'est-ce que le care ?

Publié le 29/01/2013

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« la doctrine du "chacun pour soi" a l'allure formelle d'un jugement moral universalisable, elle contribue également à masquer les inégalités de ressources, de pouvoirs et de privilèges qui ont permis la réussite de certains et pas d'autres. Une manière d'aborder [ces problèmes] est de reconnaÎtre qu'au cours de sa vie chacun d'entre nous est dans le besoin de care; c'est pourquoi l'inégalité entre ceux qui dispensent et ceux qui reçoivent des soins ne devrait pas avoir une telle importance morale...

« LES DOSSIERS PHILO une attitude d'empathie et de respect.

Le philoso­ phe empiriste anglais David Hume voit dans cette capacité de projection le «principe animateur » des autres passions humaines.

Le «principe de sympathie » est celui «par lequel nous pénétrons les sentiments des riches et des pauvres et pre­ nons part à leur plaisir et à leur gêne » (Traité de la nature humaine).

La condition de possibi­ lité de la sympathie se situe dans« la faculté que nous avons de nous mettre, par l'imagination, à la place des autres.

» (Adam Smith, Théorie des sentiments moraux) Se mettre à la place de l'autre, c'est accueillir en soi, dans le cas du soin, la réa­ lité d'un autre en souffrance.

Cet accueil de l'al­ térité est, chez Emmanuel Levinas, ce qui définit la subjectivité.

« Le sujet est un hôte » (Totalité et Infini), il est otage de la rencontre du visage de l'autre dont la vulnérabilité le renvoie à sa pro­ pre responsabilité.

Aussi le soin est-il un don : « Je suis responsable d'autrui sans attendre de réciproque, dût-il m'en coûter la vie.

» (Levinas, Éthique et Infini) L'invisibilité des saignants La pensée du care, développée par des philoso­ phes américaines comme Carol Gilligan ou Joan Tronto, pointe l'invisibilité de ceux qui pratiquent les soins.

Même si nous sommes tous des êtres vulnérables, le prendre soin, rappelle Fabienne Brugère, est foncièrement inégalitaire.

Il est l'en­ vers du décor de notre société de « production financiarisée » : « Il est la condition invisible du marché du travail.

L'entrée dans la com­ pétition économique des uns n'est possible que parce que d'autres assurent tout ce qui relève du soin dans une société : éducation des enfants, soins corporels des malades, des personnes âgées, travail et bénévolat social.

» (Communication « Inégalités en tous genres ») Les individus ne deviennent autonomes qu'à condition de recevoir beau- coup de soins.

Or l'importance du soin est déniée par l'organisation même du travail: le salarié ne croise presque jamais la per­ sonne qui vient au petit matin nettoyer son bureau.

De plus, les problématiques de genre recoupent celles du soin : la non-reconnaissance des soignants qui effectuent des tâches jugées subalternes, mais ô combien essentielles, touche 10 en priorité les femmes.

La discrétion est rendue naturelle dans les pratiques du care alors qu'elle est le fruit d'une volonté sociale.

Pour une philosophie du soin En prônant un changement de regard sur le soin et les personnes qui le prennent en charge, Joan Tronto lance un appel à un autre modèle de société : « Que signifierait, dans nos sociétés modernes contemporaines, prendre au sérieux, comme fai­ sant partie de notre définition d'une société bonne, les valeurs du care -prévenance, responsabilité, attention éducative, compassion, attention aux besoins des autres traditionnellement exclues de toute considération publique.» (Un monde vul­ nérable, pour une politique du care) Cela suppose de revaloriser le soin au lieu d'en faire le terreau volontairement méconnu sur lequel se déploie notre autonomie.

Joan Tronto critique fermement cette « irresponsabilité des privilégiés » comme si les soins qu'on leur prodiguait étaient un état de fait, comme si la table se dressait, le bureau se. »

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