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Qu'est-ce que l'ETHIQUE ?

Publié le 14/08/2009

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Du grec «êthikos« qui signifie usages, moeurs. L'éthique se distingue de la morale par une exigence de systématisation, de mise en question et de recherche des fondements; elle est donc souvent liée à une recherche métaphysique. Dans l'usage actuel, on entend par éthique une conception cohérente et personnelle de la vie (l'éthique gidienne, l'éthique sartrienne), alors que la morale désigne plutôt les exigences véhiculées par une société ou une culture, et plus ou moins intériorisées par les individus qui en font partie.

« un premier renversement.

Selon Kant (1724-1804), seule l'intention peut être définie comme absolument bonne.

La morale ne saurait en aucun cas résider dans les actions, dont aucune n'est intrinsèquement bonne, puisque tout ce que nous possédons et produisons , y compris dans la sphère de la pensée , peut être utilisé à mauvais escient ou du moins, à terme, se révéler mauvais.

Le bien est donc le domaine de l'« intention pure» .

De la même manière, la loi morale, que chacun est libre de suivre ou non, est une détermination a priori de notre esprit.

Elle n'a pas de modèle empirique et précède toutes ses représentations sensibles.

Cette loi se présente à la raison sous la forme d'une exigence inconditionnelle, un devoir , le célèbre «impératif catégorique» kantien, dont le sujet pensant doit s'assurer qu'il souhaiterait que la maxime qui le gouverne soit valable pour tous , à la manière d'une loi universelle .

l'impératif catégorique instaure ainsi l'autonomie d'une volonté humaine libre, puisque génératrice de sa propre loi morale.

LA CONDITION HUMAINE LES STOÏCIENS : UNE hHIQUE DE LA FINITUDE La philosophie stoïcienne fonde la plupart des approches théoriques qui font découler l'éthique d'une réflexion plus globale sur la place de l'homme dans le monde .

Très populaire à la fin de l'Antiquité , le stoïcisme d'tpidète (50- 125) et de Marc Aurèle (121-180) se distingue de l'épicurisme en posant la vertu , et non le plaisir , comme principe du bonheur .

l'homme vertueux est celui qui fait usage de sa raison pour ----' distinguer , d'une part, ce qui dépend de lui - et peut donc faire l'objet d 'un jugement moral- et, d'autre part, ce qui échappe à son contrôle -et pour cette raison n'est ni bon ni mauvais.

Les actions, les pensées ou encore les désirs, appartiennent à la première catégorie.

À l'inverse , la fortune , les honneurs ou la mort, sur lesquels il n'a pas de prise, doivent le laisser indifférent, car tenter d'agir sur eux provoque des souffrances inutiles .

L'homme doit donc admettre sa finitude et, pour vivre bien , opérer des choix conformes à sa nature universelle .

Souvent à tort jugé pessimiste, le stoïcisme invite plutôt à une résignation positive : il s'agit pour l'homme en quête de bonheur de connaître et d'accep ter sa condition.

SPINOZA: L'HARMONIE ET L'ÉTERNITÉ L'éthique spinoziste a pour point de départ la place de l'homme par rapport au cosmos et à son ordre immuable.

D'après Spinoza (1632- 1677), le monde est constitué d 'une seule substance infinie , Dieu ou la nature -c'es t ce qu'on appelle une conception moniste du monde -, et c'est la connaissance de cette substance qui est le salut de l'homme .

Dans son Éthique, le philosoph e décrit les trois étapes du chemin intellectuel qui conduit à la sagesse et à la vertu.

Dans un premier temps, l'homme doit acquérir l'idée de sa nature propre , celle d'un être fini et singulier .

Il se perçoit ensuite dans cette univer selle nécessité qu'est la nature ou Dieu.

l'ultime connaissance intervient quand il parvient à transfigurer son individualité et sa finitude pour se concevoir comme partie de cette substance éternelle et infinie.

Celui qui parvient à s'envisager sous cette perspective est heureux, car il sait que ses souffrances et ses peines sont relative s: elles ne sont que les résultats du cours universel de la nature.

La vertu consiste alors à favori ser la tendance fondamentale du sujet à persévérer dans son être.

SCHOPENHAUER: L'ÉTHIQUE DU RENONCEMENT Schopenhauer (1788-1860) élabore son éthique en opposition à la morale rationnelle kantienne .

Pour lui, le monde est gouverné de manière destructrice e t incohérente par une force aveugle, absurde, sans raison ni fin: la volonté .

Cette volonté est le mal inhérent à l'exis tence et la cause de toutes les souffrances humaines : l'homme conscient de l'ab surdité de sa vie est un être nécessairement malheureux.

Pour échapper à cette condition et atteindre l'ataraxie , l'homme doit nier tout désir , tout vouloir -vivre, c'est-à-dire se soustraire à tout rapport aux choses.

En se libérant de ce principe destructeur qu'est la volonté , l'homme devient sage et a pitié de ses semblables.

Ce sentiment est préci sément celui sur lequel repose la moralité: c'est la pitié.

et non les commandements de la raison pratique kantienne, qui incite l'homme à agir moralement.

Philosophe de l'absurde , Schopenhauer propose ainsi une éthique pessimiste , très inspirée de la pensée hindoue: libéré de l'action nocive de la volonté et de la tyrannie de ses désirs, l'homme vertueux est un ascète qui, telle sage hindou , accède enfin à la quiétude .

SARTRE: LA LIBERTÉ ET L'ENCAGEMENT À l'inverse de Schopenhauer, Sartre (1905-1980) invite à s'engager dans le monde en vue de le transformer .

l'homme est un être condamné à être libre et il est responsable du sens qu'il donne à sa vie.

Conformément à l'asse rtion qui fonde l'existentialisme, selon laquelle l'exis tence précède l'essence, l'homme est avant tout un homme qui se construit: ce n'est qu'au terme de son existence que l'on peut définir ce qu'il est.

il n'existe aucune définition a priori de la natur e humaine : l'homme est ce qu'il fait, dans le monde et face à une situation donnée.

Et même s i ce monde est hostile et cause de souffrances, l'homme doit l'affronter tel qu'il est, et s 'y engager pour le bouleverser et le tran sforme r .

Il doit adopter une attitude résolument active pour le r endre meilleur .

Cette éthique révolutionnaire suppose un engagement total de chaq u e homme dans l'activité sociale et politique .

De cette manière, l'homme donne sens à son existence et devient vertueux.

Il est un être libre, respon sable de ses actes qui, en s'engageant, engage l'humanité tout entière.

lES CRITIQUES DE L'ÉTHIQUE lE SCEPTICISME A l'instar de l'épic urisme et du stoïcisme , le scepticisme admet que l'homme peut atteindre le bonheur ou l'ataraxie .

Toutefois , il s'oppose à ces éthiques e n refusant l'idée d'un quelconque principe directeur .

Pour le scep tiqu e, toutes les propositions qu'offre la raison sont équivalentes: il n'y a pas lieu de préférer l'une à l'autre.

L e plaisir épicurien et la vertu stoïcienne ne correspondent à rien.

Ce sont des positions dogmatiques , des affirmations purement arbitraires de la raison , que l'homme doit éviter .

En refusant ces illusions du dogmatisme et ces faux choix de la raison , il adopte alors une attitude d 'indifférence par rapport à toute chose et à tout problème , et se libère ainsi de toute souffrance.

C'est ce qu'expose Sextus Empiricus (11'-111' siècle) dans ses Hypotyposes pyrrhoniennes .

Selon lui, toutes les théories classiques du bonheur, du bien et du mal, ne sont que des théories arbitraires et vides de sens.

Est sage l'homme qui atteint le bonheur dans une perspective d'«époché »,c'est-à-dire en refusant les certitudes de la raison comme celles de la sensation.

Le scepticisme a marqué l'histoire de la philosophie : Kant et Descarte s, notamment ont construit leur propre éthique en réponse à cette doctrine.

LA CRITIQUE OBJECTIVE DE HECEL Dans Les Principes de Jo philosophie du droit , Hegel (1770-1831) critique la morale , et plus particulièrement la morale du devoir kantienne, qu'il définit comme purement formelle.

Selon lui, la morale de la raison pratique pêche par son subjectivisme: trouvant son fondement dans la raison du sujet pensant elle échoue à saisir les exigences d'ordre supérieur , c'est-à-dire universelles et nécessaires .

Elle débouche ainsi sur une éthique relativiste , sans contenu véritable .

Pour Hegel , la «vie éthique» est ancrée dans le social, le politique et l'éco nomique .

À la subjectivité de la loi morale du sujet kantien, soi-disant universelle et rationnelle, il oppose la rationalit é objective de la morale d'État.

l'obéissance à la loi est une manifestation objective, et non plus subjective , de l'esprit.

Seule l'éthique de la vie sociale incarne de manière implicite et collective la morale véritable .

l'esprit objectif est cette transmutation du monde par l'esprit m ême, qui donne nais sance à tout es les institution s juridiques, morale s ou politiques .

lA CRITIQUE MARXISTE Marx (1818 -1883) et Engels {1820-1895 ) ont vivement critiqué la morale en dénonçant son caractère répressif et sa fin supposée: maintenir l'ordre dans une société bour geoise et un système capitaliste .

Ils dénoncent l'hypocri sie morale d'un tel système, qui mépr ise les masses et le prolétariat sous couvert d'une morale bourgeoise mensongère .

Selon eux, la bonne conscience bourgeoise n'a qu'un but: masquer la réalité de l'exploitation de l'homme par l'homme .

Elle n'est que l'un des instruments qui permet à la bourgeoisie d e faire perdurer sa dominati on sur les pauvres, d 'asseoir la légitimité d'une société purement capitaliste , tout en se donnant une bonne image d'elle- même .

À cette morale hypocrite , Marx et Engels opposent une morale révolutionnaire prête à se mettre au service des masses, vertueuse et exigeante dans l'abnégation.

Cette morale révolutionnaire se veut essentiellement égalitaire et non répressive .

l'éthique socialiste de Marx et Engels préfi gure donc , dans une certaine mesure, l'existentialisme de Sartre: l'engagement politique et social doit permettre l'avènement d'un monde nouveau .

LA CRITIQUE LOCIQUE DE WITTGENSTEIN Dans son Tradatus lagico-philas aphicus, le philosophe et logicien Wittgenstein (1889-1951) élabore un système selon lequel toute propo sition logique est une tautologie , c'est-à-dire qu'elle reste vraie en vertu de sa forme seule , quelle que soit la valeur des vérités qui la composent, et ne renvoie à rien d 'autre qu'à elle-même.

Or l'éthique est un système de propositions qui s 'apparente à celui de la logique.

Posant leurs concepts -le Beau , le Bien- pour elles-mêmes , les doct rines éthiques sont purement autodésignatives .

Elles ne parlent que d'elle s-m êm es et sont donc vides de sens.

Cela ne revient pas à dire que l'éthique profère des non-sens qu'elle ne «dit» rien, puisque «dire» suppose de «désigner des objets empiriques extérieurs».

Or, le philosophe est formel :« Ce que l'on ne peut pas dire, il faut le taire .» En mettant en lumière la nature logique de la réflexion éthique , Wittgenstein entend donc démontrer son impossibilité m ême.

L'ÉTHIQUE AUJOURD'HUI Contrairement aux autres branches de la philosophie traditionnelle , constituées en sciences à part entière ou progressivement tombées en désuétude , l'éthique a conservé sa spécificité.

Mieux, l'accélération du progrès technique , ces cinquante dernières années, l'a remise sur le devant de la scène .

Aujourd 'hui, l'éthique est convoquée, par l 'intermédiaire des fameux «comités d'éthique», dans des domaines aussi divers et complexes que la médecine ou l'économie .

Les débats que susciten t l'euth anasie, le clonag e humain, le développement durable ou le commerce équitable témoignent, si besoin est, de la nécessité impér ieuse pour l'homme de réfléchir sur les moyens et les fins de son activité .. »

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