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Qu'est-ce que vivre ?

Publié le 27/02/2005

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     c. Montaigne a lui aussi marqué une certaine aversion concernant la possibilité de connaître la nature humaine, et donc de définir l'homme dans des limites conceptuelles bien établies. De fait, il insistera sur le fait que « les autres forment l'homme : je le récite » (Essais, III, 2, p. 804). Ainsi de l'humanité il n'y aurait donc plus que des histoires, et pas de connaissance ? Non : la nature humaine est contingente : « Nous n'avons aucune communication à l'être, parce que l'humaine nature est toujours au milieu entre le naitre et le mourir, ne baillant de soi qu'une obscure apparence et ombre (II, 12, p. 601). La nature humaine est inconnaissable. Seule la condition de l'homme, multiple et variée, peut permettre d'appréhender l'humanité de l'homme. En tant donc que condition, l'humanité n'existe pas avant de se produire : « L'homme en général, de qui je cherche la connaissance, y paraît plus vif et plus entier qu'en nul autre lieu, la diversité et vérité de ses conditions internes en gros et en détail, la variété des moyens de son assemblage et des accidents qui le menacent (Essais, II, 10, p.

La vie caractérise l’ensemble des phénomènes de toute sorte qui, pour les êtres ayant un degré suffisamment élevé d’organisation, s’étendent de la naissance jusqu’à la mort. Pascal dira que « La vie de l’homme est misérablement courte. On la compte depuis la première entrée dans le monde ; pour moi je ne voudrais la compter que depuis la naissance de la raison, etc. « (Discours sur les passions de l’amour). On comprend ainsi que la vie ne peut être limitée à un processus bio-organique, et qu’en effet vivre suppose aussi une conscience qui pense la vie, une raison, comme le souligne Pascal, permettant de se comprendre comme être faisant face au monde, et n’étant pas simplement dans le monde (comme l’animal). Vivre désigne ainsi l’individu, son histoire, et son rapport fondamental à la radicalité de sa propre finitude, de sa propre mort. Mais le sujet pensant, qui ne peut s’en tenir à une conceptualisation de lui-même, peut-il se comprendre (ou se sentir) totalement en tant qu’être vivant ?

« concevoir (Sartre, L'existentialisme est un humanisme , Nagel, p.

22). D'autre part, et toujours du point de vue de Sartre lui-même, le subjectivisme de la définition de l'humanité ne signifie pas en effet « choix du sujet par lui-même » mais « caractère indépassable de lasubjectivité humaine ».

Autrement dit, il est impossible de définir l'humanitéautrement que depuis l'immanence même du sujet humain ; ou encore : le faitmême d'être humain précède toujours en acte l'effort de définition del'humanité, en tant que cet effort ne peut être la tâche que d'un homme.Mais encore : « (...) nous voulons dire que l'homme existe d'abord, c'est-à- dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui estconscient de se projeter dans l'avenir.

L'homme est d'abord un projet qui sevit subjectivement, au lieu d'être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur; rien n'existe préalablement à ce projet ; rien n'est au ciel intelligible, etl'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être » (Sartre, p.

23).

C'est là lesens principal de la formule selon laquelle pour l'homme « l'existence précèdel'essence ».

Une philosophie existentialiste se définit par le fait qu'elle pose l'existenceavant l'essence et de la sorte définit la condition humaine.

Les objetsmatériels dérivent d'un concept, répondent à une finalité — ce à quoi l'objetva servir — et à un ensemble de règles techniques.

Pour tout ustensile,l'essence précède l'existence, et son existence ne vaut que dans la mesureoù elle réalise l'essence, c'est-à-dire par rapport à l'idée qui a permis de la concevoir et de la produire.

Dans la théologie traditionnelle, on voit en Dieu une sorte d'artisan supérieur qui a crééle monde et les hommes à partir d'une idée, d'un projet.

Lorsque Dieu crée, il sait au préalable ce qu'il crée.

Chaqueindividu réalise un certain concept contenu dans l'entendement divin.

Au xviiie siècle, au concept de Dieu a succédéle concept de nature humaine, chaque homme étant un exemplaire particulier d'un concept universel : l'Homme.

Dupoint de vue de l'idée ou de l'essence, c'est-à-dire dans le fond, tous les hommes sont semblables, quels que soientleur culture, leur époque ou leur statut social.

Pour l'existentialisme athée tel que l'a pensé Sartre, Dieu n'existe pas,il n'y a pas d'origine unique au monde, ni de référent suprême.

Il y a un donné d'origine : la réalité humaine, soit desindividus qui d'abord existent avant de se définir par concepts.

On surgit dans le monde et l'on se pense ensuite.

Sil'homme est a priori indéfinissable, c'est qu'a priori il n'est rien tant qu'il ne s'est pas fait lui-même par unengagement dans le monde : "L'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait." b.

Vouloir corseter l'homme dans des concepts, voilà qui est contre-nature, puisque l'homme en vient ainsi à se concevoir et à vivre sous la domination d'un « vouloir être » qui ne caractérise pas son essence propre.

C'est là ensubstance une thèse nietzschéenne, marquant la décadence de l'homme qui vit sous le joug de la raison « malade ».Nietzsche s'est lui-même émancipé du confort moral des commandements, de la vie religieuse, puisqu'il vivait plus une idée qu'il ne la pensait : ainsi, tel l'enfant, il fallait vivre, et pas se terrer dans ces abusives abstractionsenfantées par la raison.

C'est là tout le challenge de l'homme, de saisir et de se libérer du joug de ces esprits quinous inculquent une manière de vivre uniforme et bien policée.

La vie est création, à la différence de cette raisonacharnée qui réinstaure toujours la mesure, l'unité, le faux « vrai » : dès lors, « on est fécond dans la mesure où l'onest riche en contradiction » ( Crépuscule des idoles , V, 3).

Le but pour un homme est donc de vivre à la lumière de cette vie instinctive qu'il recèle, bien enfouie en lui, à cause des cadres qui le conditionnent : « Ce qui importe leplus c'est la vie : le style doit vivre » (Nietzsche, Lettre à Lou Andréa Salomé ). c.

Montaigne a lui aussi marqué une certaine aversion concernant la possibilité de connaître la nature humaine, et donc de définir l'homme dans des limites conceptuelles bien établies.

De fait, il insistera sur le fait que « les autres forment l'homme : je le récite » ( Essais , III, 2, p.

804).

Ainsi de l'humanité il n'y aurait donc plus que des histoires, et pas de connaissance ? Non : la nature humaine est contingente : « Nous n'avons aucune communication à l'être, parce que l'humaine nature est toujours au milieu entre le naitre et le mourir, ne baillant desoi qu'une obscure apparence et ombre (II, 12, p.

601).

La nature humaine est inconnaissable.

Seule la condition del'homme, multiple et variée, peut permettre d'appréhender l'humanité de l'homme.

En tant donc que condition,l'humanité n'existe pas avant de se produire : « L'homme en général, de qui je cherche la connaissance, y paraîtplus vif et plus entier qu'en nul autre lieu, la diversité et vérité de ses conditions internes en gros et en détail, lavariété des moyens de son assemblage et des accidents qui le menacent ( Essais , II, 10, p.

416).

L'homme, sans cesse objet de variations, « coulant et roulant sans cesse », perpétuellement dans « le passage », et non dans« l'être » immobile, est acteur de sa propre vie, mais ne peut être auteur d'une garantie absolue de la définition deson être.

Conclusion On voit que la vie, en tant qu'elle incarne une variété infinie de phénomènes observables, ne se corsète pas dansun ou plusieurs concepts.

Vivre, en dehors de la vie animale, c'est (s') éprouver le monde, c'est aller en avance sursoi, aller au cœur de la pensée de déterminations fondamentales (comme la mort qui est la fin de la vie), et parconséquent, vivre plus dignement peut-être, car conscient de la valeur de la vie dans son ensemble.

Dépasser sapersonne, et comprendre le « vivre » comme une dynamique perpétuelle et intelligente, c'est prendre en compte lecaractère hautement spéculatif de la vie (cf.

Hegel, Philosophie de la nature), et lui attribuer le reflet du moteurspirituel qui agence toute effectivité : l'Esprit.. »

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