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QU'EST-CE QU'ÊTRE DÉMOCRATE ?

Publié le 22/02/2012

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Introduction Le terme démocratie vient de l'association de deux termes grecs: δημος, le peuple et le pouvoir, la démocratie est donc le régime politique qui favorise et demande l'avis du peuple, et le démocrate est la personne qui est favorable à ce régime, et qui le soutient. On s'interrogera ici, non sur la nature d'un démocrate, mais sur la réalisation de la pratique de l'acte démocratique, car le sujet pose la question "qu'est-ce qu'être démocrate" et non "qu'est-ce qu'un démocrate". Se pose donc la question de savoir s'il existe plusieurs manières d'actualiser le fait d'être démocrate, si ces manières peuvent coexister, si elles sont légitimes, et si elles reflètent réellement ce qu'est la démocratie. S'agit-il du pouvoir des hommes ou du pouvoir des citoyens ? En d'autres termes, le démocrate est-il pour que tout soit gouverné en vue des préoccupations particulières des individus, au risque de sombrer dans la démagogie, ou du bien universel des membres de l'État, au risque d'instaurer un régime totalitaire ?

« II.

Sens négatif Le glissement de la personne du démocrate vers celle d'un démagogue ou d'un tyran est attesté dans les textes desphilosophes grecs du IVe siècle av.

J.-C.

Ce glissement s'explique du fait d'une altération du désir de tendre vers lavertu qu'éprouvent les hommes.Platon développe cette idée dans le VIIIe livre de la République.

Ce livre développe l'idée des changements derégime politique, glissement qui s'opère à partir du meilleur régime, celui des aristocrates, les philosophes "gardiens"de la cité, jusqu'à la tyrannie, considérée comme le pire fléau qui puisse être.

Platon prête à Socrate des propos quidéveloppent successivement, pour chaque régime, la nature du régime ainsi que l'homme qui en est représentatif.Ainsi, nous sont présentées la timocratie, dans laquelle les hommes recherchent les honneursτιμ(αω)ῶ = honorer, puis l'oligarchie, dans laquelle seul un petit nombre(ολιγοι) gouverne, parce qu'ils sont fortunés, puis la démocratie, dans laquellele pouvoir est confié au peuple, et enfin, la tyrannie, lorsqu'un seul a pris le pouvoir.On constate donc que la démocratie, aux yeux de Platon, n'est pas du tout un bon régime politique: en effet, il estsitué à l'avant-dernière place dans la hiérarchie des régimes politiques.

De fait, lorsqu'il développe le caractère del'homme démocratique, on comprend très bien cette dévaluation de la démocratie.

L'homme démocratique, selonPlaton, n'est à l'écoute que de ses propres désirs, de sa jouissance.

Par ailleurs, comme la démocratie est un"gouvernement charmant, anarchique et bigarré", il est fait pour aveugler les femmes et les enfants, extrêmementcrédules.

Aussi, la pratique de la démagogie commence-t-elle à se développer.

Pour Platon, un démocrate n'est riend'autre qu'un sophiste, ce qui est une définition injurieuse et honteuse.

Être sophiste signifie aussi être, le plussouvent, incompétent, d'autant plus qu'ils se vantent de posséder des savoirs qu'ils ne possèdent que trèsrarement.

Ainsi, ce gouvernement bigarré, qui regroupe des individus aux diverses pensées politiques, puisqu'on a laliberté d'expression (παρρησια).

L'égalité de tous est donc fonctionde la liberté des désirs de chacun.

Enfin, le fait d'attribuer les charges en tirant au sort parmi les citoyens accentueencore plus les risques d'incompétence des élus, et comme les citoyens n'ont pas tous la chance de recevoir uneéducation, le peuple se retrouve mal gouverné sans savoir pourquoi.Ainsi, être démocrate, pour Socrate et Platon, c'est être fortement démagogue et incompétent, et être fortementtenté de devenir un tyran, donc de s'accaparer le pouvoir tout entier pour l'unique satisfaction de ses désirs. Une autre critique surgit à l'encontre de l'homme démocratique, qui émet des doutes concernant sa capacité àdésirer être lié aux autres par les liens de la démocratie, car l'homme est profondément égoïste.

C'est la thèse deMarx.Dans La Question Juive, Marx explique que l'homme est une monade, dont l'égoïsme est garanti par les Droits del'Homme.

Ainsi, l'homme est incapable de vouloir gouverner pour une majorité, puisqu'il ne se préoccupe que de lui-même et de ses propres libertés, définies comme "le pouvoir qui appartient à l'homme de faire tout ce qui ne nuit pasau droit d'autrui".

Il définit de la même façon la propriété: "droit qui appartient à tout citoyen de jouir et de disposerà son gré de ses biens, de ses revenus, du fruit de son travail et de l'industrie, elle fait que chaque homme trouveen l'autre homme, non la réalisation, mais au contraire, la limite de sa liberté".Par ailleurs, l'homme démocratique est un capitaliste, cette notion permettant même de le définir encore plusprécisément que son étymologie.

Ainsi, puisque tout s'équivaut, rien ne vaut sauf l'argent et ce qui protège l'hommedémocratique, c'est à dire la police, les prisons et la justice.

Dans sa réalisation de la démocratie, l'hommedémocratique est donc ce qu'il y a de plus nocif pour la société elle-même.Ainsi, être démocrate, pour Marx, c'est être violemment détaché des autres, du fait de la nature de l'homme, ce quiest totalement contraire à son idée de la politique et lui semble donc aberrant, lui pour qui le fondement de toutrégime doit être l'association en collectivités afin d'aboutir à l'abolition définitive de l'Etat. Comme nous l'avons vu, l'homme démocratique n'est donc constitué qu'en regard de sa propre jouissance, d'où unepropension à amasser des richesses et donc l'entrée dans une logique capitaliste et l'ouverture à un libéralisme, à lafois économique et moral, qui contribue au dérèglement de la vertu des hommes.

Ainsi, être démocrate, c'estabandonner toute moralité.Mais faut-il se rallier à un tel manichéisme? Il semblerait qu'il vaudrait mieux s'interroger sur la véritable valeur du faitde se dire démocrate aujourd'hui, ce terme a-t-il toujours un sens aussi concret que ceux qu'ont pu lui donner lesdifférents auteurs en leur temps? III.

Synthèse qui va au-delà En 1848, Auguste Blanqui a dit: "Qu'est-ce donc qu'un démocrate, je vous prie? C'est là un mot vague, banal, sansacception précise, un mot en caoutchouc".De fait, depuis la IInde République, le terme de démocrate est employé à tout va.

Pour dénoncer un fait, quel qu'ilsoit, on se contente d'ajouter "dans un monde qui se dit démocrate, il est incroyable que…" pour donner de lalégitimité à ses propos.

Tout le monde serait-il démocrate? D'après Alain Badiou, philosophe contemporain, ladémocratie serait l'emblème du monde des symboles, ainsi, se dire démocrate serait un axiome.D'ailleurs, le terme même de démocratie, contrairement à l'oligarchie ou à la tyrannie, n'indique pas dans saformation même à combien de personnes sera confié le pouvoir: pour l'oligarchie, ce seront les plus riches, c'est àdire une poignée de personnes, la tyrannie ne donne le pouvoir qu'à une seule personne.

La dèmokratia ne répondpas à la question "combien?", c'est donc le pouvoir de n'importe qui.. »

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