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Qu'est-ce qu'être raisonnable ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Ainsi est-il reconnu dans la tradition antique que la raison permet à l'homme de lutter contre ses passions. L'homme, parce qu'il a un corps, est un être de désirs. Autrement dit, l'homme est souvent porté vers l'inclination, la tentation, la convoitise, le fantasme. S'il ne veut pas sombrer dans la débauche ni s'abîmer dans la déchéance, il doit convoquer la rigueur et l'austérité de sa raison afin de rejoindre le chemin de la vertu. Être raisonnable revient finalement à « marcher droit sur les chemins sinueux « (cf la Bible). L'usage de la raison est donc le garant d'une conduite raisonnable. On comprend que, loin d'être trop raisonnable, l'homme doit sans cesse remettre son ouvrage sur le métier et travailler à la maîtrise de lui-même puisque tel est l'essentiel d'une conduite raisonnable. Dans son Traité des passions de l'âme, Descartes analyse la mécanique des passions qui conduisent l'homme à une dépendance et à une aliénation. Devenir raisonnable, c'est user de sa volonté, c'est convoquer toutes ses forces, c'est lutter contre les désirs et c'est souffrir pour être sage. Ainsi, Montaigne voyait dans la maîtrise de soi la source de la sagesse et plus encore de la liberté : «La vraie liberté, c'est de pouvoir toutes choses sur soi «.

■    Mots clés

•    Qu'est-ce que : lorsqu'un sujet commence par ce genre de question, il appelle une définition (cf. Conseils pour la dissertation).
•    être (# devenir) : indique l'essence, l'état, ce qui est.
•    raisonnable : selon le sens commun, est raisonnable celui qui se conforme à une norme établie ; celui qui suit sa raison. Est raisonnable celui qui est doué de raison et qui se conduit de manière sensée.


■    Problématique


Si l'homme se définit par la raison, comment se fait-il que nous puissions déraisonner ? Être raisonnable est-ce être rationnel ?

  • 1. Dans une première partie, interrogez-vous sur la définition de l'homme, être de raison. Mais l'homme est aussi un être d'action, de passion.
  • 2. Qu'est-ce alors qu'agir raisonnablement ? Peut-on, et comment, être rationnel et raisonnable ?
  • 3. Enfin, montrez ce paradoxe du naturel chez l'homme : la raison est innée, mais être raisonnable est un acte de la volonté qui postule que je peux ou non développer cette possibilité qui fait notre humanité.

« nous le sommes sans l'être et comment nous le devenons. B.

Plan : I.

Etre raisonnable est-ce être doué de raison ou «se faire une raison» ? 1.

Des êtres seuls et de leurs projets on dira qu'ils sont raisonnables.

Par contre au niveau de la conscience pure onles considère comme rationnels (ex.

: la solution d'un problème mathématique est rationnelle, celle d'un problèmehumain est raisonnable).

Le double sens du mot raison se retrouve dans les expressions «âge de raison», «avoirraison», «raison suffisante».

Au niveau de la pensée, de la connaissance, la raison ordonne les objets, nous n'avonspas à être raisonnables car seul est en cause un jeu d'intelligence (cf.

ci-dessus : la raison est principe d'accord).2.

Mais la raison n'est pas destinée uniquement à faire des sciences, elle doit servir dans la vie quotidienne.

Nous nenous contentons que rarement d'Une action brute, nous donnons toujours des raisons à nos actions.

C'est dansl'existence qu'il s'agit d'être raisonnable et si nous ne le sommes pas vraiment il y a en nous des dispositions à l'être.Or au sens commun, est raisonnable celui qui ne veut pas ce qui ne peut s'obtenir qui se contente de ce que lemonde lui offre, qui évite de faire surgir des obstacles, qui s'abstient de manifester envers les objets, lesévénements ou les êtres, un mécontentement que laissent éclater ceux qui «ne se font pas une raison».3.

Par quoi il apparaît que c'est en face des obstacles rencontrés qu'il s'agit d'être raisonnable et que l'être consisteà retrouver malgré eux accord et contentement (cf.

la morale cartésienne).

La raison doit nous permettre de nousbien conduire en cette vie, de conquérir le contentement en adhérant à l'ordre du monde, en comprenant lanécessité qui régit l'univers de façon à supporter d'une âme égale ce qui lui est contraire (cf.

ci-dessus). Transition : Si la raison a une fonction de connaissance en même temps qu'elle nous permet d'être sage et de gouvernerl'action, ne permet-elle pas ainsi l'accord de l'homme avec l'univers et les autres hommes eux-mêmes doués deraison : II.

Etre raisonnable consisterait alors à rechercher cet accord entre soi, le monde et les autres. 1.

Etre raisonnable selon le sens commun n'est qu'illusoire dans la mesure où cela repose sur un conformismerésultant de la crainte ou de la paresse, et où «hurler avec les loups» peut paraître raisonnable.

Cependant, s'il estpossible de s'illusionner on en remarque pas moins un accord apparent, et si superficiel soit-il, il indique l'accordvéritable que nous cherchons.2.

Cet accord repose sur un usage de la raison qui doit régler notre action de manière telle que nous puissions êtrecontents (cf.

Descartes).

Il faut choisir l'accord avec le milieu dans lequel on vit en choisissant toujours l'accord dela mesure.

D'une part, la raison nous pousse à considérer comme utile de nous régler sur ceux qui nous entourentdans la mesure où ce qu'ils font n'est pas contraire à notre raison ; d'autre part, elle nous fait préférer les intérêtsdu tout dont nous ne sommes qu'une partie à ceux de notre personne particulière.3.

L'attitude raisonnable est donc accord avec autrui car qui utilise sa raison ne peut que considérer l'homme danstous les cas ; accord avec le monde puisque c'est savoir «changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde».

C'estl'être tout entier qui réalise un équilibre qui lui fait prendre conscience qu'il peut être content dans la mesure où il nemanque pas de volonté pour exécuter ce qu'il juge être le meilleur, étant donné qu'il a tout fait pour bien juger. Transition : Nous comprenons mieux dès lors ce que c'est qu'être raisonnable et comment le devenir. III.

C'est alors que l'on réalise que la raison fait notre liberté. 1.

De fait, s'il s'agit d'être content, comment l'homme peut-il l'être, lui qui se sait fini alors qu'il est animé d'uneexigence d'infini, source de tout progrès.

En réalité, la conscience est non-coïncidence avec soi, pouvoir de refus ;se contenter alors c'est refuser de nous libérer.2.

Or c'est l'union seule de la raison et de la volonté qui peut produire cet accord que nous cherchons quand nousparlons d'être raisonnable, parce qu'elle seule fait notre liberté.

Ce qui revient à dire que la volonté n'est autonomeque si elle est raisonnable (cf.

Kant).

Seule la raison nous fait libre car elle nous oblige à vouloir l'universel. C.

Conclusion : Résumé :Nous voyons donc qu'être raisonnable c'est d'abord vouloir l'être puisque cela ne va pas de soi.

Nous pouvonstoujours choisir la violence, nous servir de la raison comme d'un outil pour atteindre des fins qui ne sont pasraisonnables.

Mais bien juger n'est pas seulement juger de la conformité des moyens à la fin, c'est juger du point devue de l'universel, en cherchant l'unité des êtres. Conséquences :En un mot, nous voulons être raisonnables, nous essayons de le devenir et nous ne le sommes jamais qu'en de raresinstants, suffisants cependant pour nous apprendre qu'être raisonnable serait sans doute être homme parmi tous leshommes en un «règne» où la violence n'aurait plus de part.. »

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