Qu'est-ce qui est historique ?
Publié le 16/12/2009
Extrait du document
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historique avance, plus elle se pose de nouvelles questions et voit des subtilités qu'elle ne repérait pas avant.” L'historique est donc achevé, passé.
Le travail de l'historien porte sur quelque chose de fini.
Cependant,l'historique n'est pas seulement le mort ressuscité par l'historien : après le travail opéré par l'historien, ce quiest historique est intégré par les hommes, voire célébré, et tout se passe comme si l'historique appartenait auprésent, au vivant.
* Ce qui est historique, c'est aussi ce qui est vivant : l'historique évolue comme un être vivant car il s'inscritdans une continuité logique, il contient en lui-même son devenir, et se différencie dans l'unité, étant à la foissingulier et universel.
En effet, l'histoire se déroule selon une succession logique : des civilisations s'éteignent inéluctablement, etd'autres se mettent à dominer.
L'empire romain s'est effondré avant de laisser une autre civilisation dominer.
Lemoustique a ainsi évolué: son génome s'est adapté aux insecticides, et il s'est transformé: une race demoustiques plus résistants s'est mise à dominer.
Une civilisation disparaît pour qu'une autre apparaisse: c'estun phénomène qui se produit sur du temps long.
L'historique est une succession logique: il faut qu'unévénement historique “meurt” pour laisser place à un autre, et ainsi faire vivre l'historique.
Jared Diamond,dans son ouvrage Effondrement ou Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie retrace l'histoire de peuples, qui ont dominé un moment avant de céder leur place comme les incas.
Toutefois,ce processus d'évolution de l'historique ne peut se percevoir que dans la continuité.
Les travaux de FernandBraudel, et de l'école des Annales en général ont permis de concevoir une nouvelle approche de l'histoire, plusproche du modèle d'évolution biologique.
Il révolutionne la manière de l'histoire, en cessant de de fonderl'histoire sur des événements ou sur un facteur dominant.
L'histoire doit se concevoir du du temps long, etmêler histoire individuelle, histoire des faits sociaux.
L'histoire est perçue comme quelque chose d'aussicomplexe qu'un être vivant, et qui doit être analysée sous tous ses aspects : les scientifiques se sont renduscompte que l'évolution d'une cellule n'était pas toujours semblable et que différents facteurs (externes commel'adaptation au milieu ou internes comme la modification du génome) se combinaient pour transformer l'être.Mais l'évolution de la cellule est lente, et se fait pas à pas, et non sous forme d'une révolution.
L'historiquefonctionne de même.
Alexis de Tocqueville, dans L'ancien régime et la révolution développe une thèse desociologie historique: on attribue souvent la “centralisation” française à Napoléon, or Tocqueville prouve quecela était déjà en germe dans l'Ancien Régime.
Les régimes politiques passent mais l'organisationinstitutionnelle reste, il y a des cultures d'Etat, car l'Etat se construit sur la très longue durée.
On pourraitappliquer le même raisonnement aux révolutions russes de 1917: ce sont des révolutions, mais la “machinetsariste” ne se modifie pas en elle-même, elle se met simplement au service du nouveau pouvoir, ce qui a puexpliquer certaines dérives.L'historique contient en effet en lui-même son devenir.
Un événement historique se déploie sous différentesformes qui paraissent déduites de son commencement.
La révolution française se développe selon ce qu'onpouvait deviner dans l'esprit de la révolution française.
L'historique permet d'actualiser l'esprit d'une époque, dele faire (re)vivre aujourd'hui, par le biais des célébrations.
Le 14 juillet, fête nationale instaurée aux débuts dela IIIème République célèbre plus l'esprit de la révolution que la prise de la Bastille en elle-même.
Ce qui esthistorique est une renaissance d'une partie de l'histoire, un esprit vivant, rendu présent.
De plus l'historique, bien qu'il ne semble pas perçu directement en tant que tel par les acteurs, fait l'objetd'une lutte.
Touraine parle d'une “lutte pour l'historicité”.
Pour lui, la société est un drame car on lutteperpétuellement contre le destin : pour lutter contre l'oubli, il faut influencer le système d'action historique.Acquérir une reconnaissance est une question de survie.
L'historique est la clé de la survie : ainsi, desmouvements collectifs au Moyen-Âge ont certainement eu lieu mais ont sombré dans l'oubli, car ils n'ont pasreçu le qualificatif d' “historique”, alors que la Révolution Française a produit une transformation trèsimportante et a eu un retour sur les pratiques donc sur le système d'action historique.
L'historique n'existe quedans la vie, dans ce qui perdure.
Nous pouvons également l'appliquer à mai 68: qu'est-ce qui fait de mai 68 unmouvement historique? C'est qu'il a produit un renversement historique, avec des pratiques culturellesdifférentes, des mouvements antiautoritaires.
Dans cette mécanique, les mouvements sociaux ont eu un rôledéterminant, et sont alors devenus historiques.
Certaines époques ont certains systèmes de valeur, desfaçons de percevoir le monde, et c'est la façon dominante de percevoir ce monde qui devient historique.
Il ne.
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