Devoir de Philosophie

Qu'est ce qui garantie que je suis moi ?

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

A la première observation de ce sujet pourrait nous venir l'idée qu'il comporte un pléonasme. En effet, le « je suis moi » fait se redoubler le pronom personnel de façon telle qu'il ne semble y avoir là que redondance. Une distinction, cependant, est à faire. « Je » est la forme nécessitée par le français pour exprimer quelque chose de personnel, quelque chose qui m'est propre : il  exprime tout entier la subjectivité. Le « Moi », à l'inverse est la reconnaissance objective de cette subjectivité, le fait de poser cette subjectivité en une identité. Le moi est alors une certitude inébranlable qu'un sujet est capable de saisir. Or, ce passage de la subjectivité à l'objectivité semble ici dépendre de quelque chose en particulier. Pour que le sujet arrive à se saisir comme tel, il y aurait donc un élément essentiel, constitutif de la subjectivité comme de sa saisie objective. Aussi serait-il nécessaire de parler de « garantie ». Le sujet détiendrait alors un moyen infaillible, une propriété inébranlable, de se penser lui-même comme sujet. Il nous paraît néanmoins essentiel de relativiser l'importance qui est ici donnée à ce terme de « moi ». Si Pascal disait déjà que « le moi est haïssable », c'est parce qu'il constitue une pure projection de l'esprit qui s'établit objectivement comme réalité. Or, bien loin de permettre à l'homme de poser son identité, cette projection narcissique donne à son existence l'illusion d'être un fondement inébranlable, une garantie absolue, alors qu'elle n'est jamais que mouvements et tiraillements. Plus encore, si cette garantie peut reposer sur un attribut du sujet, peut-être n'existe-t-elle en acte, dirait Aristote, qu'en s'ouvrant au monde  et par l'intermédiaire d'autrui.

« sentiment de moi-même, et l'on peut vraiment dire que je n'existe pas ; et si toutes mes perceptions étaientsupprimées par la mort, si je ne pouvais plus ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr, après la dissolution de moncorps, je serais entièrement annihilé, et je ne conçois pas qu'on demande de plus pour faire de moi, une parfaitenon-entité.

» La perception du monde qui nous entoure est donc nécessaire à la perception de nous-mêmes.

Sinous n'avions plus aucune perception, nous ne serions plus nous-mêmes.

III/ L'intervention d'autrui permet la reconnaissance Il faut donc que l'homme perçoive le monde qui l'entoure pour pouvoir être garanti de son identité et enavoir pleinement conscience.

Il conviendrait pourtant ici de se remémorer l'exemple du fameux Robinson, repris àDefoe par Michel Tournier, dans son Vendredi ou les limbes du Pacifique.

Ce dernier, après bien des péripéties, aorganisé au mieux l'île sur laquelle il s'est échoué.

A un moment pourtant, après avoir dompté les aspects sauvagesde l'île, il lui arrive de douter de sa propre existence et de son identité.

Contraint déjà de parler à voix haute pour nepas perdre l'usage du langage, il s'interroge sur ce qu'il reste de lui-même après le naufrage.

Pour tout autrepersonne hors de l'île sur laquelle il se trouve, il est considéré comme mort, puisqu'il ne peut faire parvenir aucunenouvelle.

Comment alors être persuadé de son existence propre quand tout autre conscient vous renvoie l'image devotre absence ? A ce moment là, lorsque Robinson est prêt à sombrer, apparaît alors Vendredi…L'importance d'autruidans la prise de conscience de nous-mêmes et dans la reconnaissance de notre existence nous semble dès lorsfondamentale.

La présence d'autrui peut ainsi apparaître comme un miroir dans lequel nous nous reconnaissons.Outre toutes les réflexions sur l'expression du visage, qui manifeste la présence de la conscience et le regard del'autre (réflexions familières à Tournier comme Levinas), nous voudrions insister également sur la portée de lacommunication.

C'est surtout parce qu'il ouvre la possibilité d'une communication et d'un échange qu'autrui se révèleessentiel à cette certitude de notre identité.

Merleau-Ponty pouvait ainsi dire, dans sa Phénoménologie de la perception, que l'essentiel du rapport à autrui se fait par l'échange deparoles qu'il permet.

Il affirme, contre Sartre, qu'autrui ne fait pas quem'objectiver lorsqu'il m'observe.

Cela a d'ailleurs une dimension proprementangoissante que chacun ne peut supporter très longtemps.

« L'observation dechacun par le regard de l'autre n'est ressentie comme pénible que parcequ'elle prend la place d'une communication possible.

(…) Si j'ai affaire à uninconnu qui n'a pas encore dit un seul mot, je peux croire qu'il vit dans unautre monde où mes actions ne sont pas dignes de figurer.

Mais qu'il dise unmot, ou seulement qu'il ait un geste d'impatience, et déjà il cesse de metranscender : c'est donc là sa voix, ce sont là ses pensées, voilà donc ledomaine que je croyais inaccessible.

Chaque existence ne transcendedéfinitivement les autres que lorsqu'elle reste oisive et assise sur sa dimensionnaturelle.

» Par la communication, par une apparition des pensées d'autruidans son attitude, notre présence prend tout son sens.

Quand bien même ils'agirait d'un faible échange, il y a ainsi une reconnaissance de l'autre, et afortiori de soi, qui a lieu dans cette communication.

Un terrain de partage etd'échanges s'ouvre alors et permet à chacun de ne plus douter de sa propreexistence.

Conclusion : -La conscience, essence de la pensée, affirme notre existence.-Cette existence n'en est une que si elle est perçue.-La perception d'autrui, et plus encore l'échange avec lui, nous garantit de notre identité.« Je » n'est garanti d'être un « moi » que si l'identité se nourrit des différences.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles