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Qu'est-ce qui justifie le respect d'autrui ?

Publié le 27/02/2005

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S'il m'est permis d'utiliser mes semblables comme moyens (un commerçant pour acheter quelque chose), il est rigoureusement amoral de les réduire à n'être que des moyens, et à ne pas reconnaître leur éminente dignité, qui doit me les faire respecter : « L'habileté et l'application au travail ont un prix marchand ; l'esprit, l'imagination vive, l'enjouement ont un prix de sentiment ; au contraire, la fidélité à ses promesses, la bienveillance selon des principes (et non par instinct) ont une valeur intrinsèque. » Le respectMon action est finalisée. Je poursuis des buts : réussite professionnelle, bonheur... Autrui est parfois pour moi un obstacle, le plus souvent un moyen dont je me sers. Le respect d'autrui est au-delà de l'amour de soi. Ce qui ne signifie pas que je doive me sacrifier et renoncer à tout. Il y a certes des êtres qui sont portés à la bienveillance au point de prendre comme but de toutes leurs actions le bien d'autrui. Mais un tel amour de l'humanité ne se commande peut-être pas. Il est, en tout cas, difficile. C'est la raison pour laquelle, le respect d'autrui ne peut prendre que la forme d'une obligation morale.

La notion de respect revêt une particulière actualité : il semble qu'elle soit une préoccupation contemporaine des sociétés développées en butte à une dégradation avérée des relations interindividuelles. Le respect fondé sur les valeurs morales, apparaît comme la condition de préservation des rapports sociaux, mais qu'en est-il du sens à donner au verbe « falloir « ? Si le respect est un dû, comment est-il éprouvé par ceux qui le pratiquent, comme une contrainte lourde et ennuyeuse, ou, au contraire, comme un gage de sympathie et de convivialité ?

 

« L'homme est un être social qui n'a pas d'existence en tant qu'individu coupé d'autrui.

Sartre : "J'ai besoin de lamédiation d'autrui pour être ce que je suis." C'est la formule textuelle par laquelle Sartre, dans L'Être et le Néant (3epartie, ch.

I, I), pose que la présence d'autrui est essentielle à la prise deconscience de soi.

Il en fait la démonstration par l'analyse de la honte.

J'aihonte de moi tel que j'apparais à autrui, par exemple si je suis surpris à faireun geste maladroit ou vulgaire.

La honte dans sa structure première est hontedevant quelqu'un.

Elle est immédiate, non réflexive.

La honte est un frissonimmédiat qui me parcourt de la tête aux pieds sans préparation discursive.L'apparition d'autrui déclenche aussitôt en moi un jugement sur moi-mêmecomme objet, car c'est comme objet que j'apparais à autrui.

La honte est, parnature, reconnaissance.

Je reconnais que je suis comme autrui me voit.

Lahonte est honte de soi devant autrui; ces deux structures sont inséparables.Ainsi j'ai besoin d'autrui pour saisir à plein toutes les structures de mon être.Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi et que je ne suispas.

La présence d'autrui explicite le «Je suis je» et le médiateur, c'est-à-direl'intermédiaire actif, l'autre conscience qui s'oppose à ma conscience, c'estl'autre.

Le fait premier est la pluralité des consciences, qui se réalise sous laforme d'une double et réciproque relation d'exclusion : je ne suis pas autrui et autrui n'est pas moi.

C'est par le fait même d'être moi que j'exclus l'autre comme l'autre est ce qui m'exclut en étantsoi.Avec la honte nous sommes en présence d'un de ces exemples-types, qui, comme nous l'avons dit', font preuve.

Lamême analyse pourrait être faite, comme Sartre lui-même le suggère, sur la fierté ou l'orgueil, et ce serait un bonexercice pour le lecteur de la tenter.

Sur cette médiation entre moi et moi par l'autre, Sartre se reconnaît tributairede Hegel, qui a montré, dans la Phénoménologie de l'Esprit, que la lutte pour la reconnaissance doit avoir pouraboutissement cette certitude : je suis un être pour soi qui n'est pour soi que par un autre.

L'intérêt de la formulede Sartre, c'est qu'elle pose le problème d'autrui en deçà, en quelque sorte, de la question de la connaissance desoi et qu'elle en apparaît comme le fondement. Conclusion : Jung, Psychologie de l'inconscient : « Une diminution de l'hypocrisie et un accroissement de la connaissance de soi- même ne peuvent avoir que de bons résultats sur le plan de la tolérance, car on n'est que trop disposé à reportersur autrui le tort et la violence que l'on fait à sa propre nature.» L'idée d'un devoir semble donc à la fois faite pourêtre transgressée (je mets les pieds sur la banquette sans me soucier de ce que je la dégrade car ce qui ressort demon attitude est qu'elle n'a de prix que parce que tout le monde me dévisage et marque son désaccord) et faitepour être éprouvée avec la légèreté d'une évidence.

L'intériorisation de la contrainte, qui est le résultat du longtravail qu'est l'éducation depuis l'enfance, fait que je pratique le respect sans l'entendre comme un respect mais enéprouvant la certitude que j'agis spontanément au nom d'un universel considéré comme humain. « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne loiuniverselle.

» Les plus anciens travaux de KANT portent la marque de son intérêt pour la morale.

Devenu professeur ordinaire demétaphysique et de logique le 31 mars 1770, Kant projette d'achever, au cours de l'hiver, ses recherches sur lamorale.

Cependant, les deux années suivante, il ne réussit qu'à rassembler des matériaux et à esquisser un plan.Absorbé par la mise au point de la « Critique de la raison pure » qui ne sera publiée qu'en 1781, Kant ajourne sonprojet.Ce n'est qu'en avril 1785 que paraît, à Riga, « Fondements de la métaphysique des moeurs ».

C'est le premierouvrage dans lequel Kant traite de manière directe de la morale.

Un exposé plus élaboré, plus philosophique, cadauthentiquement critique, paraîtra en 1788 : la « Critique de la raison pratique ».

La réflexion morale se prolongeradans la « Critique de la faculté de juger » (1790), « La religion dans les limites de la simple raison » (1790, jusqu'à l'« Anthropologie » (1798).Dans « Fondements de la métaphysique des moeurs », Kant cherche à donner à la moralité son véritable fondement.Dans cette perspective, il récuse toutes les doctrines de l'Antiquité qui rattachent la morale au principe dubonheur..

Lié à la satisfaction d'inclinations sensibles (besoins, désirs, passions, tendances), aux possibilitésqu'offrent la nature et la société, le bonheur dépend de conditions qui sont relatives et ne peut donc servir de loiuniverselle ni être le principe déterminant de la morale.

Plus généralement, Kant rejette la prétention de l'empirisme. »

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