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Qu'est-ce qu'une tendance ?

Publié le 10/10/2009

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CONSEILS PRELIMINAIRES    La notion de tendance joue un rôle très important dans la psychologie moderne. Le sujet demande, dans sa brièveté, une définition et une étude de cette notion. Il nous ramène donc à une question de cours, à développer aussi complètement que possible, sans toutefois s'égarer dans des digressions.  Ne pas oublier que la notion de tendance peut être, en elle-même, discutée par certains psychologues. Le problème qu'elle pose peut apparaître au cours de l'exposé.    PLAN    Introduction. — Le terme tendance dans le langage courant insiste sur l'existence de forces internes qui orientent un mouvement.

  • I. —La tendance, expression du dynamisme biologique:
 — de l'excitabilité à l'instinct ;  — de l'instinct à la tendance ;  — l'habitude, créatrice de tendance ;  — du biologique au psychologique.
  • II. — La tendance : ses caractères :
 — l'intention ;  — tendances affectives ;  — permanences ;  — inconsciences (tendance et désir) ;  — la tendance est-elle entité métaphysique ?
  • III. — Rôle en psychologie de la tendance :
 — regroupement des faits ;  — explication des faits ;  — on connaît la tendance par ses manifestations.  Conclusion. — Virtualité et unité de soi.

« aveugle.

Il y a peu d'instincts de cet ordre chez l'homme.

Est-ce à dire que cette grande, cette unique ressource del'activité, le dynamisme biologique et instinctif a disparu ? Il n'en est rien.

Mais le schéma sommaire de l'acteinstinctif se heurte, chez l'homme, à toutes sortes d'obstacles, et, en particulier à des disciplines sociales quiinterdisent à l'être d'obéir de façon spontanée aux impératifs de sa vie biologique.

Les réactions instinctives, par làmême, ne s'anéantissent pas mais se diversifient et se relient à d'autres forces que créent en nous les dressages etles habitudes.Les habitudes sont en nous sources de tendances.

Elles créent des dispositions, à la fois liées aux besoins primitifset indépendantes de ces besoins, où s'impliquent l'inné primitif et l'acquis récent dans un seul et même dynamisme.Nous sommes encore très près de l'organique et nous en sommes déjà très éloignés, presque au niveau dupsychologique.

C'est dans cette zone obscure, dans ce hiatus, selon certains psychologues entre la vie biologiqueet la vie consciente que se situent les tendances, notions dont la psychologie moderne se sert pour tenterd'élucider cette zone obscure, ou de combler ce hiatus.La tendance est ce phénomène dans lequel se retrouve le dynamisme propre de l'être vivant, lorsqu'il « sous-tend »notre vie psychologique.

Ainsi, par exemple, à l'origine de notre pensée, alors que celle-ci n'a encore aucun objetclairement conçu, à la limite des possibilités de l'introspection, nous pouvons saisir un mouvement à peine sensible,que nous appellerons intention, à condition de n'y point voir quelque chose d'intellectuellement formé.

Si j'essaie deme souvenir, la direction et la forme que va prendre ma réflexion me sont données, antérieurement à tout desseinpropre.

Il y a une intention qui n'est pas consciente, qui commande mon activité présente, en lui donnant uneimpulsion.

Dans la vie affective, le besoin est, avons-nous dit, ce qui, primitivement, meut l'être.

Ce qui reviendrait àdire que le besoin comblé équivaudrait à l'inaction.

Sans doute, le besoin est-il un stimulant, mais il n'apparaît pascomme ayant une continuité suffisante pour orienter tout l'être.

De même, le phénomène conscient le plus primitif,le désir, n'est que sporadique, discontinu.La notion de tendance intervient ici pour assurer, par delà la discontinuité du désir, des penchants, des inclinations,la permanence de l'orientation élémentaire de l'être.

Au-delà de l'épisodique qui se manifeste dans le désir,subsisteraient en nous des forces propres à notre être.

On a pu dire que les tendances sont les thèmes de notreêtre.On peut se rendre compte du dynamisme des tendances dans certains états, assez pénibles du reste, où nous nedésirons rien, ni ceci, ni cela, et où pourtant nous sentons confusément que nous désirerions quelque chose, siseulement nous savions quoi.

Tout se passe comme si, profondément, nous désirions quelque chose, et que rien nesemble susceptible de satisfaire ce désir, qui sourd du plus profond inconnu de nous-mêmes.

Etat de malaise et denostalgie, que les écrivains romantiques se sont plu à décrire, et pour lesquels ils ont trouvé de belles métaphorespleines d'un infini qui était en eux-mêmes.

Dans ces états il est évident que des forces en nous restent insatisfaites,qu'elles n'ont pas leur exercice normal, faute de découvrir un objet sur lequel elles pourraient s'exercer.

Si un objetse présente, la tendance, qui reste obscure, va émerger comme désir à la conscience.

Ce désir, avec son objet,correspondra — ou non — à la tendance profonde, il en contrariera d'autres, car sur la diversité confuse de nostendances, c'est l'activité réelle seule qui peut opérer une unité provisoire et sans cesse remise en question, tantque l'homme n'atteint pas sa propre plénitude.La notion de tendance, parce qu'elle touche à une région obscure de notre vie, prise dans sa totalité peuts'appliquer à des niveaux différents, depuis la tendance la plus élémentaire, située très près du besoin physiologique,jusqu'aux niveaux les plus élevés de la vie intellectuelle.

Le caractère commun, c'est leur permanence, sous lesorientations en apparence diverses qu'elles peuvent prendre dans notre activité consciente.

Car la tendance, du faitmême qu'elle est inconsciente, n'a pas de rigidité, elle reste souple, susceptible de déviations ou de sublimations.Telles sont, par exemple, les tendances dérivées de l'instinct sexuel qui peuvent prendre, dans la vie consciente,des formes proversives ou aversives, et procurer leur dynamisme à des formes d'activité aussi peu instinctives quel'activité artistique.

Il va de soi que toutes les tendances, selon leur niveau, selon leur force propre, entrent encontact, se pénètrent, ou se heurtent et entrent en conflit, créent dans l'être des divorces auxquels il est difficilede remédier, tant que ces tendances ne sont pas fixées autour de directions conscientes, imposées par la volonté,et qui fassent leur part à tontes les tendances.La principale difficulté, c'est que ces tendances nous échappent.

Leur caractère de latence est une difficulté sur leplan de l'analyse psychologique.

Car, enfin, la notion de tendance dont la psychologie fait usage, donne un nom àdes réalités insaisissables directement dont on affirme cependant la permanence inobservable.

N'est-ce pas là créerune réalité très métaphysique ?Sans doute, un esprit positif se verra peu satisfait par la création de la notion de tendance.

Peut-être faut-iladmettre que dans le domaine qui nous intéresse nous sommes amenés à formuler des hypothèses qui n'ont devaleur que dans la mesure où elles permettent un regroupement de faits, et une explication valable des phénomènesconnus.

Même si la tendance n'a pas l'avantage d'être observable, elle garde sa valeur.

Sans elle, nous en serionsréduits à une explication trop sommairement mécaniste des phénomènes biologiques et psychiques.

L'investigation,les recherches auxquelles ont donné lieu cette notion a permis d'insister sur les formes préconscientes de laconscience dont on ne peut plus aujourd'hui sous-estimer l'importance.

Cette notion regroupe un certain nombre defaits psychologiques (intentions, schémas, — potentialités de l'être) dont elle fournit un moyen d'expliquer.Comment, par exemple, sortir du paradoxe du plaisir que nous recherchons, avant de savoir si les objets verslesquels nous tendons seront susceptibles de nous procurer ce plaisir.

Nous savons bien qu'un désir, avant d'êtreconscient, a souvent suivi un long cheminement obscur.

Si nous sommes attentifs, nous pouvons nous rendrecompte, après que le désir s'est fait jour, de multiples tentatives qu'avait déjà faites la tendance pour s'exprimerdans notre action réelle.En parlant de tendance en psychologie, on insiste donc sur des virtualités de l'être, sur des possibles qui, à traversles accidents du milieu alentour, réussiront à se concrétiser, à se fixer.

C'est insister également sur le fait qu'un êtren'est qu'autant qu'il agit, que les possibilités éparpillées de sa personnalité ne trouveront leur réalisation que dansune prise de conscience de soi aussi fine que possible et dans l'avènement de la volonté, unificatrice des tendances. »

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