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Qu'est que connaitre ?

Publié le 24/03/2005

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a) Rappelons sommairement le processus de la connaissance sensible caractérisée par le rôle qu'y jouent les sens et particulièrement la vue, le plus instructif d'entre eux. Les objets extérieurs impressionnent un organe sensoriel, par exemple l'oeil, et cette impression, une fois parvenue au cerveau, produit le phénomène psychique de la sensation. La sensation objectivée, c'est-à-dire projetée en quelque sorte à l'extérieur, sur l'objet qui l'a provoquée, constitue la perception. la perception et la sensation nous avons la forme la plus élémentaire de connaissance celle qui est à la base de tout notre édifice cognitif et scientifique. Sans doute on ne dira guère que voir un château, entendre un morceau de musique, c'est les connaître : si, pour les connaître, il faut les avoir vus, la connaissance est autre que la sensation ou la perception; elle consiste dans le pouvoir d'identifier un objet donné à un objet antérieurement perçu. Néanmoins, comme, dans le domaine sensible, « connaître » consiste à conserver à sa disposition ce mystérieux résidu de la sensation grâce auquel nous pouvons nous représenter à nouveau ce que nous avons déjà perçu, le percevoir en son absence, nous sommes autorisés à voir dans la perception le type même de la connaissance sensible. Nous y observerons l'essentiel de son mystère. b) Cette connaissance vaut aux choses un nouveau Diode d'existence. Représentons-nous un coin de l'univers dans lequel aucun être doué du pouvoir de connaître n'a pénétré. Il existe, certes, et la visite d'un explorateur qui le contemple et en rapporte des souvenirs n'augmentera pas cette existence brute; néanmoins, le fait d'être connues donne aux choses un mode d'être nouveau : auparavant, elles n'existaient qu'en elles-mêmes; ensuite, elles existent aussi dans un autre ou du moins pour un autre.

« a) Pour nous faire une idée de ce mode de connaissance, partons d'exemples concrets.Supposons qu'on me demande, à moi qui ignore tout de la botanique, si je connais cette plante.

Je pourrai répondreque je l'ai vue et qu'on la trouve sur les coteaux calcaires, mais je ne prétendrai pas la connaître, et je renverrai lecurieux à un botaniste, qui pourra en donner une définition logique par le genre prochain et la différence spécifique :la connaissance du botaniste est du type scientifique.Il est aussi un type vulgaire de connaissance intellectuelle.

C'est le cas de la connaissance que je puis avoir despersonnes qui me sont familières ou du moins avec qui j'ai eu des relations personnelles me permettant d'avoir urneopinion sur elles.

Un professeur à qui, au début de l'année, on demande son avis sur un de «es élèves, pourrarépondre : « Je le vois bien — c'est un petit blond au second banc — mais je ne le connais pas.

» Quelquessemaines plus tard, après avoir corrigé plusieurs devoirs, entendu diverses réflexions de cet élève et causé avec lui,il pourra dire : « Maintenant, je commence à le connaître; voici ce que je pense de lui.

» b) Ces deux types de connaissance paraissent à première vue fort différents, mais il est facile d'y retrouver lesmêmes caractères essentiels et, par là, d'obtenir une définition de la connaissance intellectuelle.Pour le vulgaire comme pour le savant, connaître un objet c'est pouvoir le classer, le faire entrer dans descatégories préalablement arrêtées.

Si ces catégories sont méthodiquement hiérarchisées, comme dans le cas de labotanique, on a une connaissance scientifique; sinon, on reste au niveau de la connaissance vulgaire.

Mais, dans lesdeux cas, connaître consiste à saisir, non pas seulement comme dans la connaissance sensible, les objets eux-mêmes, mais leur nature ou du moins certaines de leurs propriétés.

Nous pouvons donc conclure que « connaître »consiste à pouvoir dire les caractères distinctifs d'un objet. c) Pour pouvoir préciser ces caractères, il faut les saisir, et cette saisie nous ramène à la perception, mais à uneperception d'un genre nouveau, intellectuelle, et non plus sensible.

Tandis que la première nous fait atteindre leschoses matérielles, par )a seconde nous atteignons les rapports qui existent entre les choses, matérielles ,ouimmatérielles.

Nous pouvons donc donner cette autre définition de la connaissance intellectuelle : connaître, c'estpercevoir des rapports.Ces rapports sont fort nombreux : rapports d'identité ou de ressemblance, de causalité ou de finalité, decoïncidence ou de succession, soit dans le temps, soit dans l'espace, etc.

Mais tous ces rapports prennent la formed'un jugement qui peut s'exprimer par une proposition dans laquelle un attribut est affirmé d'un sujet au moyen duverbe être — nous disons : la cause de ma panne c'est le manque d'essence, comme : le flamant est un échassier.C'est pourquoi nous pouvons ramener la perception de tous les rapports à la perception de rapports d'identité.

Nousarrivons ainsi à une autre définition de la connaissance intellectuelle : connaître, c'est identifier. II.

Qu'est-ce que a connaître » en général ? — De la connaissance sensible aussi nous avons dit qu'elle implique une identification : ce n'est pas quand je vois quelqu'un pour la première fois que je déclare le connaître, maisquand, le revoyant en imagination ou réellement, j'ai, grâce à des perceptions antérieures, ce sentiment defamiliarité qui caractérise la reconnaissance.

En somme, « connaître ».

c'est « reconnaître ».

Nous pouvons doncétendre à toute connaissance la .

définition que nous venons de donner de la connaissance intellectuelle :connaître, c'est identifier.Mais il ne sera pas inutile, reprenant lu distinction des deux modes de connaissance, de voir que l'identification sefait, elle aussi, de deux manières fort différentes : A.

Identification agie et identification pensée. — Tout d'abord, tandis que dans la connaissance intellectuelle, l'identification est pensée, dans la connaissance sensible, est elle simplement agie. a) Commençons par l'identification pensée, plus facile à se représenter ou à penser, précisément parce qu'elle estpensée.

Elle suppose qu'on a séparément, en réalité ou sous forme de concepts, les deux objets à identifier et qu'onvoit s'ils se recouvrent l'un l'autre ou s'ils, diffèrent.

Ainsi le botaniste a dans son esprit ou dans son mémento lanotion des plantes les plus communes dans son pays; pour lui, identifier une fleur consiste a voir à quel type de lanomenclature elle correspond; il déclarera la connaître quand il pourra donner son nom. b) Dans la connaissance purement sensible, l'identification est agie et consiste dans un comportement pratique sansaucune comparaison entre la pensée actuelle de nos sens et un objet représenté mentalement.

Ainsi, pour un chien,reconnaître ou identifier un individu qui l'a menacé d'un bâton, c'est aboyer après lui; reconnaître un enfant qui lecaresse, c'est accourir auprès de lui avec des signes de joie. B.

Identification à un individu et identification à un type.

— a) Dans l'exemple que nous venons de donner, l'animal reste dans le singulier : il identifie un individu à un individu et non à un type universel.

Dans Jean qui passe, il nevoit pas «un ennemi », mais «celui qui l'a menacé d'un bâton »; Pierre qui s'avance n'est pas pour lui « un ami »,mais « celui qui le caresse ».

Dans la connaissance sensible, l'identification ne s'élève pas au-dessus de l'individuel. b) Au contraire, la connaissance intellectuelle se fait par identification à un type universel.

Nous l'avons vu en cequi concerne la connaissance scientifique de la nature des choses : elle consiste à les situer dans une classificationpar genres et par espèces.

Même dans la connaissance vulgaire qui se borne à la détermination de caractèrespermettant de reconnaître ! les individus, nous passons par l'intermédiaire de notions générales1.

Quand je dis queJacques est grand, blond, légèrement voûté, quand je le juge vif, mais bon, je l'analyse et je compare les diverstraits qui le caractérisent à des notions qui peuvent être affirmées d'un nombre illimité d'individus.La connaissance intellectuelle ne se confond donc pas avec la connaissance sensible; néanmoins, nous pouvons. »

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