Devoir de Philosophie

Qui fait la Loi ?

Publié le 21/03/2005

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• Il semble que la majuscule mise au terme Loi exclut de notre champ d'investigation les problèmes concernant la détermination des lois dans le domaine des activités scientifiques.  • Sommes-nous invités à nous demander qui peut être législateur « dans le domaine « moral «? Cf. (entre autres), à cet égard, la position kantienne. Dans la 3e maxime (voir citation). Kant reconnaît la transcendance du Devoir, mais en quelque sorte, il l'intériorise en la ramenant à la transcendance, dans l'être humain, de la Raison par rapport aux mobiles empiriques. Tout dans la nature obéit à des lois. Mais l'homme seul est capable d'agir d'après la représentation des lois.  Cette représentation entre en conflit, chez lui, avec « les entraves subjectives « qui viennent de ces mobiles empiriques, tels que ceux de la sensibilité, de l'intérêt, de la prudence, etc., et c'est ce qui explique que la loi de la raison prenne pour lui la forme d'un impératif, c'est-à-dire d'un commandement et, en quelque sorte, d'une contrainte.  Mais l'impératif moral a un caractère tout à fait spécial : c'est un impératif catégorique. La seule intention proprement morale (la seule obligation morale ?) c'est d'agir non seulement conformément au Devoir, mais par pur respect pour le devoir, par la seule représentation de la loi morale identifiée avec la loi de la Raison.  Cela aboutit à ce que le Devoir n'est pas une loi extérieure à laquelle on se soumet ; c'est une loi que l'homme, en tant qu'être raisonnable, s'impose à lui-même, de sorte que, dans l'acte moral, il est à la fois législateur et sujet.    • Sommes-nous invités à nous demander qui peut être « Législateur « dans le domaine « Juridique « (mais ne devrions-nous pas plutôt avoir comme intitulé « qui fait les lois «). A moins que nous prenions l'expression dans son sens trivial (c'est-à-dire qui a et exerce la puissance).  Méditer à cet égard le texte (provocateur, on peut l'espérer) de Platon extrait du Gorgias. La Loi comme anti-naturelle. La Loi comme anti-vie puissance (cf. Nietzsche).  • Se référer à et méditer la position marxiste notamment, dans le rôle dévolu au juridique, à la superstructure.  citations  

« une loi juridique ou encore morale, une loi statistique ou même encore une loi divine? Qu'y a-t-il de commun danscette topologie qui va du mont Sinaï jusqu'au tribunal d'instance, en passant par la relativité restreinte ou ladilatation et la contraction des corps soumis à une certaine vitesse? Le critère qui en ressort a minima c'est bien tout d'abord l'idée de nécessité: en effet, on retrouve dans l'ensemble de ces lois l'idée d'une nécessité à l'oeuvre.Ou pour être plus précis, l'ensemble des lois tendent vers cette nécessité dont l'ultime paradigme demeure la loi àl'oeuvre dans la nature.

Ainsi, les corps subissent nécessairement la force gravitationnelle à l'oeuvre au sein del'univers et d'une manière univoque et constante.

Ici, il ne peut pas ne pas en être ainsi précisément.

Or, on saisitque la loi morale, juridique ou même divine tendent vers cet horizon de la nécessité: il faut que les hommes soientsoumis à des lois dans l'espace civil afin de pouvoir assurer la pérennité du vivre-ensemble: sans loi, la sociétédevient un ultime chaos déchiré de part en part par les dissensions et les violences privées.

L'établissement des loispour réguler le devenir des individus doit donc être perçu comme nécessaire tout autant que les lois qui régissent lescorps matériels dans l'univers.

De même, on peut penser dans cette perspective que la loi morale tout comme la loidivine participe à l'élaboration sereine du vivre-ensemble.

Dans cette perspective, on ne fait pas justice à la loidivine en l'assimilant à la loi morale, mais l'on peut faire valoir son originalité en rappelant que l'observance de laparole divine pour le fidèle est l'occasion soit de se rapprocher du modèle divin et de sa volonté, soit d'établir ici basle royaume céleste.

La loi nous apparaît donc comme un énoncé nécessaire, un énoncé sous lequel se subsume unemultiplicité de faits: en effet, rappelons qu'une loi ne se contente jamais de dire le particulier, elle énonce unegénéralité qui vaut universellement.

En effet, tous les corps subissent la gravité, quelque soit leur localisation dansl'espace-temps; cependant, on constate déjà une certaine relativité des lois juridique, morales et même divines,d'un point à l'autre du globe.

Quoiqu'il en soit, la loi vise toujours un large nombre de cas, même si elle n'atteint passystématiquement cette universalité des lois à l'oeuvre au sein de la nature.

Or, qui établit cet énoncé nécessaireet général, et qui se charge de son application? Hobbes: loi de nature et LéviathanI. Hobbes, dans le livre II, chapitre XVII (« Des causes, de la génération et de la définition de la république ») du Léviathan réfléchit sur la nécessité à l'oeuvre au sein des communautés animales.

Il remarque ainsi que le problème politique ne se pose proprement pas chez les abeilles et les fourmis qui vivent pourtant en société: « et pourtant ils n'ont pas d'autre direction que leurs jugements et appétits particuliers; ils n'ont pas la parole qui leur permettraitde se déclarer l'un l'autre ce qu'ils jugent profitables à l'intérêt commun ».

Pourquoi en somme l'humanité n'est-elle pas capable de vivre comme ces animaux sociaux, pourquoi l'intérêt commun n'est pas une chose qui va de soitchez l'homme? Le fait est que, pour reprendre l'exemple des abeilles, les inclinations particulières et spontanées dechacune vont dans le sens de l'intérêt collectif.

Dans un langage plus moderne, nous pourrions dire que le génomede chacun des insectes lui dicte un ensemble déterminé de comportements qui vont dans le sens de la sauvegardede la colonie.

En somme, le comportement individuel est toujours effectué en vue de la pérennité de l'espèce: il n'ya même pour ainsi dire pas véritablement de notion d'individualité puisqu'en dernière instance c'est toujours lasauvegarde et le maintient de l'espèce qui s'exprime à travers les particuliers.

Comme l'explique Hobbes: « l'accord de ces créatures est naturel, alors que celui des hommes, venant seulement des conventions, est artificiel: aussin'est-il pas étonnant qu'il faille quelque chose d'autre, en sus de la convention, pour rendre leur accord constant etdurable ».

Si personne ne fait la loi, on peut dire que l'homme, qui est toujours dans un état de rivalité avec ses proches, fait sa loi précisément.

En effet, à l'état de nature, c'est-à-dire lorsque les rapports humains sont soustraits à l'arbitrage d'une institution étatique, l'homme est un être soucieux de son intérêt avant toute chose,ainsi que de sa sécurité.

C'est cette promotion de son égoïste et unique intérêt qui pousse chaque homme à rentreren conflit avec les autres, à devenir « un loup pour l'homme ». La paix que procurerait l'édification d'un espace civil ne va guère de soi: l'homme, contrairement à l'abeille n'est pasun être spontanément social, mais bien plutôt belliqueux.

Aussi, si chacun suit son droit de nature (soit la liberté pour chacun de faire ce qu'il juge nécessaire pour assurer sa propre survie), il en ressort une guerre de tous contretous et à court ou moyen terme une autodestruction de tout espace collectif.

C'est ainsi qu'apparaît dans l'oeuvrehobbesienne l'idée de loi naturelle : cette dernière s'impose naturellement certes, et donc tout à la fois nécessairement.

Ainsi, la recherche de la paix et du consentement s'impose de manière nécessaire pour que leshommes puissent vivre ensemble.

Il existe donc deux lois fondamentales, deux lois de nature, deux lois que personnene construit mais qui s'impose naturellement dans l'esprit de tout homme.

Ainsi, à la question « qui fait la loi? », nous diront qu'il ne s'agit proprement de personne, bien que le problème ne s'arrête pas ici. En effet, la question politique va devenir en somme la manière de traiter cette nécessité qui s'impose à l'homme pourassurer la sauvegarde de l'édifice civile.

L'homme cherche ainsi un consentement commun qui puisse lui procurercette paix.

L'État nait précisément de cette initiative: il s'agit d'établir un contrat où chacun se dé-saisit « dans toute la mesure où l'on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit qu'on a sur toutechose »: c'est ainsi que se constitue selon Hobbes l'État légitime précisément, un État nécessaire dont émanera la loi civile.

Si la souveraineté de l'État est absolue pour Hobbes, c'est parce que seule la toute puissance permet decontrôler des violences toujours prête à reprendre le dessus.

Cependant, ce dernier apporte une unité à la pluralitédes volontés, à l'hydre populaire.

Il est donc la solution au vivre-ensemble; de plus, malgré son aspect radical, il estseul établit sur la base d'un consentement collectif.

En effet, chacun accepte le contrat qui préside à l'édifice socialprécisément parce qu'il sait qu'il y va ici de son intérêt.

C'est dans ce contrat qui figure la genèse de l'ensemble deslois civiles: en renonçant à leur droit de nature, les individus assurent par contre le respect des lois naturelles.

Eneffet, l'État se charge d'établir les lois et de les faire respecter au sein de la collectivité (seul lui pouvant dissuaderpar sa puissance).

Mais, parce que les citoyens ont adhéré au contrat social volontairement, c'est au final eux qui. »

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