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Rapports sociaux et institutions : l'expression politique des rapports de force

Publié le 01/05/2014

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LA VIOLENCE.

LA VIOLENCE : REMARQUES GÉNÉRALES.

La violence est trop souvent réduite à sa forme spectaculaire, belli¬queuse. Il ne faut pas oublier qu'il existe une violence latente, qui avoue rarement son nom, et dont les différentes sciences humaines ont pu caractériser les formes (agressivité produite par une frustration ; violence d'un interdit intériorisé, d'un tabou, violence d'un rapport de soumission ou d'exploitation entre les hommes, etc.). La politique elle-même, comme lutte d'intérêts pour la conquête du pouvoir et la régula-tion de toute la vie sociale, est violence sous de multiples aspects. On comprend qu'indépendamment des formes « stabilisées « de vie politi¬que — les institutions, qui ne sont que des rapports de force codifiés —, la violence soit d'une façon ou d'une autre au coeur de la réflexion politique. La guerre, de ce point de vue, n'interrompt pas la causalité historique pour faire valoir son ordre propre ; elle doit être envisagée à travers la fameuse hypothèse de Clausewitz, c'est-à-dire comme une « continuation de la politique par d'autres moyens «.

« riorité est laide et injuste, et que l'injustice consiste essentiellement à vouloir s'élever au-dessus des autres ( ...

).

Mais qu'il se rencontre un homme assez heureusement doué pour secouer, briser, rejeter toutes ces chaînes, je suis sûr que, foulant aux pieds nos écrits, nos sortilè­ ges, nos incantations, nos lois toutes contraires à la nature, il se révol­ terait, se dresserait en maître devant nous, lui qui était notre esclave, et qu'alors brillerait de tout son éclat le droit de la nature » (Gorgias, 483 a-484 a, Éditions Les Belles Lettres, pages 162 et 163).

Rappe­ lons que Socrate réfute un tel point de vue en montrant que le « droit de la nature ».

forcément solidaire du rapport de force qu'il exprime, est aussi précaire que lui.

Indexer le droit sur la force, c'est, comme le notera également Rousseau, le frapper de stérilité (puisque le droit n'ajoute rien à la force et qu'il disparaît avec elle).

Si le recours à la violence est toujours légitime, la notion même de légitimité n'a plus aucun sens.

- Relativisation de l'idée de légitimité.

Avec Montaigne et surtout Pascal (Pensées) l'accent est mis sur la relativité de toute institution humaine.

Chaque époque, chaque type de société, prétend définir des normes absolues, alors que le plus souvent les principes reconnus ne font qu'entériner et perpétuer un rapport de force.

« Ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste » (Pascal).

Ainsi, la « légalité » n'est le plus sou­ vent que le domaine d'exercice d'une violence reconnue, ou imposée, la codification d'un rapport de force.

L'homme, prisonnier de sa finitude et de ses fautes, ne peut engendrer à lui seul de normes absolues.

Le droit et la justice varient avec le temps et l'espace (cf.

Pensées, Édi­ tions Brunschvicg, 294) : «Trois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence, un méridien décide de la vérité ( ...

) ; le droit a ses époques ( ...

).

Plai­ sante justice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà.

» De la violence comme oppression légale à la violence comme révolte.

..

Épître de Paul aux Romains : « Oue chacun se soumette aux autorités en place.

Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu.

» ..

Chapitre 3 du livre 1 du Contrat social de Rousseau : «Toute puissance vient de Dieu, je l'avoue; mais toute maladie en vient aussi, est-ce à dire qu'il soit défendu d'appeler le médecin ? » ..

Prenant le contrepied de toutes les attitudes de justification et d'apologie, qui confondent le droit et le fait, tout en condamnant le recours à la révolte, assimilé à une sorte de sacrilège, Rousseau s' at­ tache à définir en toute rigueur la notion d'autorité légitime (cf.

début du Contrat social).

Toute autorité n'est pas légitime du seul fait qu'elle est instituée, car elle peut reposer sur ce non-sens qu'est « le droit du plus fort » ou, plus généralement sur la violence d'une oppression qui n'est maintenue que grâce à la force.

Le droit de révolte, dans ces conditions, correspond à un besoin de justice et d'équité que rien ne 177. »

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