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Rousseau: Amour de soi et amour propre

Publié le 27/02/2008

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« L'amour de soi, qui ne regarde qu'à nous, est content quand nos vrais besoins sont satisfaits ; mais l'amour-propre, qui se compare, n'est jamais content et ne saurait l'être, parce que ce sentiment, en nous préférant aux autres, exige aussi que les autres nous préfèrent à eux, ce qui est impossible. Voilà comment les passions douces et affectueuses naissent de l'amour de soi, et comment les passions haineuses et irascibles naissent de l'amour-propre. Ainsi, ce qui rend l'homme essentiellement bon est d'avoir peu de besoins et de peu se comparer aux autres ; ce qui le rend essentiellement méchant est d'avoir beaucoup de besoins et de tenir beaucoup à l'opinion. Sur ce principe, il est aisé de voir comment on peut diriger au bien ou au mal toutes les passions des enfants et des hommes. Il est vrai que ne pouvant vivre toujours seuls, ils vivront difficilement toujours bons : cette difficulté même augmentera nécessairement avec leurs relations, et c'est en ceci surtout que les dangers de la société nous rendent les soins plus indispensables pour prévenir dans le coeur humain la dépravation qui naît de ses nouveaux besoins. » Jean-Jacques ROUSSEAU, Émile, Livre quatrième.

• Ce texte, extrait de l'Émile, se rapporte au thème de éducation, dans ses relations avec la genèse des passions. Le problème qu'il soulève est celui de savoir si l'éducation peut vraiment favoriser les passions naturelles et conjurer les passions négatives, nées de l'amour-propre et des besoins artificiels. l'éducation peut-elle restaurer, sinon l'état d'innocence originel, tout au moins une certaine plénitude et harmonie ?  • Quelle est idée directrice du texte ? On peut maîtriser les passions et les intégrer dans le processus éducatif si l'on comprend bien leur double origine (instinct de conservation et désir de paraître, de se comparer, etc.). Loin de la dépravation sociale liée à l'amour-propre, un état de « pureté « s'avère possible.  • On saisit, du même coup, enjeu du texte : nous faire gagner, éventuellement, une possibilité de maîtrise de l'affectivité. Les retombées de ce pouvoir sont évidentes ; n'y gagnons-nous pas éventuellement la liberté et l'autonomie ? De même que le vrai contrat social rend possible la formation d'un être raisonnable connaissant le bonheur d'une société droitement organisée, de même l'éducation bien conduite assure un gain de liberté.  

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« répudiation de la nature. Étude ordonnée A.

Première grande partie : « L'amour de soi [...] impossible » L'amour de soi ne regarde qu'à nous : il porte sur la conservation de soi-même et représente un sentiment liéaux limites et à la mesure ; ce qui le fonde est la satisfaction des vrais besoins c'est-à-dire des manquesreposant sur une réalité quasi biologique ou physiologique – distincts en ceci des désirs, beaucoup pluscomplexes et susceptibles d'illimitation.

Faim ou soif sont des besoins, alors que l'on peut parler du désird'argent ou de gloire.

Le besoin repose sur une base naturelle authentique et se modèle sur des règles issuesde la nature.L'amour propre, au contraire, est artificiel.

Loin d'aller immédiatement aux besoins, il examine les relations dedifférence en liaison avec le moi : il met en parallèle moi et autrui.

Alors que l'amour de soi vise la conservationde soi-même, l'amour-propre ne saurait trouver de satisfaction ni de limites : son projet est insensé etcontradictoire.

Il tire son origine des comparaisons et exige que chacun préfère notre personne à lui-même.

Il ya de la folie en lui, chaque individu, faisant plus de cas de soi que de tout autre, refusera de préférer l'autre.D'où la haine, la lutte, la rivalité incessante, le désir de mort inassouvi.

Si je compare, j'établis un rapport etj'examine des relations de ressemblance et de différence ; je mets en parallèle et ces rapprochementsengendrent, comme va le montrer la deuxième partie, la haine.De cette dichotomie va naître la nature (double) des passions, dont nous allons saisir la source.. B.

Deuxième grande partie : « Voilà comment [...] opinion » Cette dualité de l'amour de soi et de l'amour-propre permet de comprendre, en effet, la dualité des passions.Les états affectifs correspondant à des phénomènes passifs de l'âme (c'est le sens fréquent de passion auXVIIIe siècle) peuvent être bienveillants et nous attacher aux autres par des élans tendres et positifs.

Ilsnaissent alors de l'amour de soi.

Par exemple, pitié, amitié, etc., illustrent ces passions douces.

Au contraire,les affects de destruction et de haine s'originent dans l'amour-propre et dans l'esprit de comparaison.

Quandl'homme a peu de besoins et manques et qu'il n'examine pas les différences et distinctions qui le séparent desautres hommes, alors il connaît la pitié et l'amitié ; il est essentiellement bon, c'est-à-dire marqué par lapositivité, l'amour du bien, etc.

Ce qui rend, au contraire, l'homme méchant, c'est-à-dire susceptible de fairedélibérément le mal, c'est la multiplication des besoins, devenus artificiels (goût du luxe, de l'argent, etc.) et lerègne de l'opinion, du jugement d'autrui, en bref du paraître et de l'artifice.

Quand vient l'empire de l'opinion,alors naissent les passions mauvaises.

Car l'opinion signifie l'opinion des autres, le jugement collectif, unensemble de jugements de valeur énoncés par le groupe.

Or le mensonge et la crédulité s'accouplent, pourengendrer cette opinion, qui fait naître la passion mauvaise née du mensonge et du paraître. C.

Troisième grande partie : « Sur ce principe [...] besoins » Si nous partons de cette proposition première d'analyse, nous pourrons prendre en main les passions et lesconduire méthodiquement vers le bien, vers les valeurs positives.

Que veut dire exactement Rousseau ? Queles passions naturelles, douces et affectueuses, fondées sur l'amour de soi, doivent être favorisées, tandis queles passions « noires », jalousie, haine, etc., seront repoussées et répudiées, puisque l'amour-propre serarefoulé.

D'où la mise à distance de l'empire de l'opinion et du paraître social.Rousseau note qu'on ne peut faire vivre dan la solitude les individus, d'où les comparaisons inévitables et leretour des passions mauvaises.

Toutefois, l'éducateur doit s'efforcer e mettre par avance les sujets dans unedisposition favorable : les périls inhérents à une société corrompue ne disparaîtront pas, mais le bon éducateur,en respectant la nature, s'efforcera de prévenir le mal enraciné dans la multiplication des besoins.

En n'altérantpas l'âme primitive, Jean-Jacques Rousseau s'attaque à la dépravation, c'est-à-dire à une déviation contraire àla nature.

Que faut-il faire ? Prévenir le mal, agir avant sa naissance, empêcher, par ces précautions, lanaissance du mal lié au paraître social.

ROUSSEAU (Jean-Jacques). Né à Genève en 1712, mort à Ermenonville en 1778. Il n'est pas dans notre propos de résumer la vie de Rousseau, sou séjour aux Charmettes chez Mme de Warens, à. »

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