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Rousseau et l'amour

Publié le 14/03/2012

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Le penchant de l'instinct est indéterminé. Un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature. Le choix, les préférences, l'attachement personnel sont l'ouvrage des lumières*, des préjugés, de l'habitude ; il faut du temps et des connaissances pour nous rendre capables d'amour, on n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé. Ces jugements se font sans qu'on s'en aperçoive, mais ils n'en sont pas moins réels. Le véritable amour, quoi qu'on en dise, sera toujours honoré des hommes ; car, bien que ses emportements nous égarent, bien qu'il n'exclue pas du coeur qui le sent des qualités odieuses et même qu'il en produise, il en suppose pourtant toujours d'estimables sans lesquelles on serait hors d'état de le sentir. Ce choix qu'on met en opposition avec la raison nous vient d'elle : on a fait l'amour aveugle parce qu'il a de meilleurs yeux que nous, et qu'il voit des rapports que nous ne pouvons apercevoir. Pour qui n'aurait nulle idée de mérite ni de beauté, toute femme serait également bonne, et la première venue serait toujours la plus aimable. Loin que l'amour vienne de la nature, il est la règle et le frein de ses penchants.

 "Tomber amoureux", voici une expression française faisant partie de notre langage quotidien. Elle signifie qu'être amoureux est totalement imprévisible, inné voir instinctif. Lorsqu'on tombe, on ne prévoit pas de chuter alors en "tombant amoureux", on pense généralement que l'amour pour une personne est le plus souvent non calculé.  Or d'après Rousseau, si l'on prête réellement attention aux choix amoureux effectués soit disant "instinctivement" par la plupart des gens, l'amour apparaît comme procédant d'un jugement de la raison.  C'est ce que s'efforce de montrer le texte que l'on va commenter.

 

 La thèse dans le texte est que même si "l'amour vien[t] de la nature, il est la règle et le frein de ses penchants". Autrement dit Rousseau élabore un concept de l'amour à travers une explication descriptive. Celui ci signifie que l'amour corrige nos instincts en les réglant et en leur donnant du sens.

 

On étudiera ainsi la thèse de Rousseau énoncée dans le texte au sein d'une première partie puis l'antithèse de celle-ci au sein d'une seconde partie.

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« Une seconde thèse est énoncée dans ce texte.

Elle est développée tout au long du texte à partir de la seconde phrase jusqu'àl'avant dernière.

Selon elle, l'amour est raisonnable.

En effet, l'amour est un choix.

Certes, ce choix finale dépendra du hasard des rencontre néanmoins il dépendra de nospréférences.

Qu'elles soient physiques, caractérielles, intellectuelles ou encore sportives elles permettront de distinguernotre "objet d'amour" de tous les autres.

Il peut être influencé par notre entourage, notre culture ou encore notre mode devie.

Depuis notre naissance, on est influencé par les normes sociales qui vont jouer sur nos choix futures.

En effet, leshommes ont tendance à davantage élire leur "conquête amoureuse" par rapport à leur classe sociale qu'à leur comportement.Par exemple, une jeune fille de la haute bourgeoisie ne peut se marier avec un homme de classe populaire, sans travail, bienqu'il soit très brave et affectueux.

L'amour se distingue ainsi de l'instinct du fait qu'il ne soit pas issue de la nature mais dumilieu socio-culturel.

Contrairement à l'instinct, l'amour n'est pas simplement une élection spontanée d'une personne.

Dansl'amour, l'"objet" est choisi.

Pendant la vie d'un homme , le jugement lui permet de devenir capable d'amour car c'est grâce àcelui-ci que l'esprit attribue à la personne déridée des qualités (ou des défauts) comme par exemple la préférence reposantsur un jugement comparatif.

Une femme sera jugée plus digne d'amour qu'une autre ou un homme plus beau qu'un autreselon un savoir subjectif propre à chaque sujet.

D'où d'après Rousseau "on aime qu'après avoir jugé, si l'on préfère qu'aprèsavoir comparé".

Mais il faut préciser que ce jugement se fait à notre insu et se constitue avec le temps, voilà une autredistinction entre l'instinct et l'amour: l'amour n'est pas immédiat.

Mais une troisième et dernière thèse peut être relevée depuis "le véritable amour" jusqu'à la fin du texte.

Rousseauentreprend au sein de celle-ci une éloge de "l'amour véritable".

Il ne parle plus de l'opposition de l'amour et l'instinct maisbien de l'amour véritable qui est loin d'être aveugle.

Il dit qu'il "sera toujours honoré des hommes" car même s'il peutamener un sujet à accomplir des actes déraisonnables issus du désir de possession et de la jalousie ("il n'exclue pas du coeurqui le sent des qualités odieuses") il rend capable de développer certaines vertus.

L'amour est donc en somme digned'estime.

L'amour est le plus souvent considéré comme aveugle mais cela se trouve être paradoxal du fait que leraisonnement est tout sauf objectif.

L'amour n'a pas besoin d'une analyse rationnelle pour voir des rapports entre un acteapparemment étrange et la logique d'un caractère.Rousseau utilise la métaphore de la vision dans la phrase: "On a fait l'amour aveugle parce qu'il a de meilleurs yeux que nous,et qu'il voit des rapports que nous ne pouvons apercevoir." Elle renvoie au caractère immédiat de l'intelligence dont l'amournous rend capable.

La raison nous permet ainsi de sentir et de voir des rapports que nous n'apercevrions pas sans l'amour,faute de nous y intéresser et de concentrer sur eux notre attention.

Sans cette faculté de jugement, sans comparaison entredifférentes personnes, l'amour serait tout comme l'instinct: indéterminé et "Toute femme serait également bonne" poursatisfaire l'instinct sexuel.

Néanmoins, le problème est de savoir si l'amour nous vient de la nature ou est-il la conséquence d'un acte raisonné ?Certaines personnes n'approuveraient pas la thèse énoncée par Rousseau.

Elles pourraient penser que l'amour va de paireavec l'instinct.

Cet instinct serait le même que celui de l'abeille recherchant avec soin la bonne fleur à butiner ou encore de latortue enterrant ses oeufs sans crainte dans le sable.

On peut ainsi commencer cette anti-thèse du texte de Rousseau en expliquant en quoi l'amour est déterminé par la nature etnon par la raison.

Le désir peut faire perdre plus ou moins la raison.

Il crée le trouble de l'esprit mais surtout il fait naître et entretient unequantités d'illusions.

Tout d'abord l'illusion de la personne.

Quand on désire quelqu'un on lui attribue des qualitésexceptionnelles qui le fera se distinguer de toutes les autres personnes du monde.

Parallèlement, on a tendance à sedévaloriser.

Cette idéalisation du partenaire aurait une origine biologique, ce serait un moyen de souder le couple pendantl'élevage de la progéniture.

Puis l'illusion du temps.

Quand on aime quelqu'un, on pense que c'est pour l'éternité...

Pourtant, le plus grand ennemis dudésir est justement le temps qui passe: Le désir se transforme en tendresse, la tendresse en habitude et l'habitude en haine.C'est un cycle naturel pour le désir, il a donc la nécessité de se renouveler en apportant des changements réguliers dans la viecomme par exemple l'achat de nouveaux sous-vêtements qui permettra de raviver la flamme de ce désir disparu.

Et pour finir, l'illusion sur la nature du désir.

On a tendance à croire que l'amour est inexplicable, mystérieux, magique.Pourtant derrière cette féerie il y a des mécanismes biologiques qui nous viennent de la nature: du fait de nos hormones, oncommence à "tomber amoureux" à partir de la puberté.L'amour n'est ainsi pas "raisonné" comme peut prétendre Rousseau puisque la raison elle-même est influencée par le désir etplus particulièrement par les illusions issues elles-même de la nature.

Comme les Jansénistes disaient: "La raison et l'amoursont ennemis jurés." (cf.

Pierre Corneille).

La pièce de théâtre "Le Cid" illustre à merveille cette idée car le héros se voit êtreobligé de choisir entre amour et raison.

Dans une seconde partie nous étudierons le vecteur en nous de la volonté de la nature: l'instinct.. »

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