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SAINT AUGUSTIN ET LA TEMPORALITE

Publié le 22/02/2012

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Qu'est-ce que le temps? Qui serait capable de l'expliquer facilement et brièvement? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l'idée qu'il s'en fait ? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler. Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de passé; que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas d'avenir; que si rien n'était, il n'y aurait pas de présent. Comment donc, ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus. SAINT AUGUSTIN.
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« REMARQUES D'ENSEMBLE.

• Quelques éléments de réflexion.

- Ce texte est extrait du onzième livre (chapitre XIV) de l'ou­ vrage de saint Augustin : les Confessions.

Le problème du temps y est posé en liaison avec la thématique de la création divine (cf.

chapitre Xlii du même livre: «On ne peut concevoir un temps antérieur à l'existence du monde, car Dieu a créé l'un avec l'autre»).

- On s'attachera surtout à dégager le statut que saint Augus­ tin donne au temps dans ce texte : saint Augustin souligne d'ail­ leurs un paradoxe central : le ter.1ps nous est familier, et pourtant nous ne parvenons pas à le définir.

Sa réalité nous échappe au moment où nous nous efforçons de la saisir (cf.

la dernière phrase).

- On sera attentif à la conception du temps qui se dégage du texte .

Ligne orientée, irréversible, liée au sentiment inévitable de ce qui passe et meurt, le temps semble solidaire ici de la subjec­ tivité chrétienne (sentiment de la finitude).

Saint Augustin l'op­ pose d'ailleurs à l'éternité (qu'il définit, par antithèse, comme un présent qui se perpétue).

-Problématique sous-jacente: la vie humaine , inscrite entre naissance et mort, est une aventure temporelle orientée, fina­ lisée, dont la durée n'est pas réversible.

Lieu d'un rachat (drame chrétien) enserré entre deux points de repère (la Naissance, comme origine absolue, passage du néant à l'être; la Mort, comme fin ultime et entrée dans l'éternité) .

Cette conception du temps linéaire, irréversible, et finalisé, peut utilement être con­ frontée avec la conception des Anciens: ces derniers pensent le temps sur un modèle cyclique, calqué sur l'ordre cosmique et le retour périodique des mêmes événements (cycle des saisons, devenir comme processus alternatif d'individuation de la vie et de retour de celle-ci à l'indifférenciation originelle).

Le tragique des chrétiens réside dans le caractère dérisoire de l'aventure temporelle de l'homme au regard de l'infini (cf.

Pascal et le thème des deux infinis).

Le tragique des Anciens n'est en fait que la conscience du devenir cosmique universel qui doit anéantir un jour ou l'autre toute forme individualisée, pour donner naissance à d'autres organisations.

Dans chacun des deux cas, la conscience de la finitude et du temps est tout à fait différente.. »

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