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Sartre et le cogito de Descartes

Publié le 16/11/2010

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sartre

Ainsi, l'homme qui s'atteint directement par le cogito découvre aussi tous les autres, et il les découvre comme la condition de son existence. Il se rend compte qu'il ne peut rien être (au sens où on dit qu'on est spirituel, ou qu'on est méchant, ou qu'on est jaloux) sauf si les autres le reconnaissent comme tel. Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre. L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l'autre, comme une liberté posée en face de moi, qui ne pense, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi, découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l'intersubjectivité, et c'est dans ce monde que l'homme décide ce qu'il est et ce que sont les autres. SARTRE

  • Voici des lignes très claires, fort intéressantes (et justes, de surcroît), extraites de L'existentialisme est un humanisme, de Jean-Paul Sartre, volume paru en 1946 et dont le texte reproduit, dans l'ensemble, une conférence fameuse de cet auteur, prononcée en 1945. Quel événement fut cette conférence, qui connut une affluence extraordinaire ! Des personnes s'évanouirent même dans la mêlée ! Le conférencier eut beaucoup de mal à se faire entendre. Quant au texte lui-même, certes, il vulgarise la pensée de Sartre, mais il contient des passages justes, comme celui qui nous est ici proposé. Vous remarquerez d'ailleurs que ces lignes ne sont pas « techniques « et que le vocabulaire y est simple (ou paraît simple). Seuls quelques termes sont chargés d'une signification philosophique précise.

 

sartre

« A) Première grande partie : « Ainsi l'homme [..

.] que j'ai de moi.

» Autrui conditionne et mon existence et la connaissance que j'ai de moi. B,) Seconde grande partie : « Dans ces conditions [...] contre moi.

» Dès lors, je saisis l'autre comme liberté face à moi. ()Troisième grande partie : « Ainsi [...] autres. » Ainsi s'opère la découverte de l'intersubjectivité, du rapport vivant entre individus. Vous remarquez bien que la progression du texte est extrê mement rigoureuse, que Sartre démontre, selon l'ordre, une vérité. S'il s'est souvent trompé dans le domaine de la poli tique, par contre, sa phénoménologie existentielle et sa description des conduites humaines sont d'une rigueur et d'une pénétration remarquables.

Sartre part ici du cogito : or, dans le cogito, il y a l'autre, lequel est liberté.

Donc, toute la condition humaine se définit à partir de l'intersubjectivité ainsi comprise. CQFD. Quelle est l'idée fondamentale du texte ? C'est par l'autre que je puis saisir mon existence et me connaître. J.

'intérêt philosophique de ces lignes peut être souligné sans peine : Sartre met, à juste titre, l'accent sur une dimension essentielle de mon existence, enracinée en autrui et fondée, en partie, en lui. Bibliographie Jean-Paul SARTRE, L'existentialisme est un humanisme, Nage! ; L'Être et le Néant, Tel, Gallimard ; Huis-clos, Gallimard, NRF. Commentaire de texte Introduction Quelle est l'idée fondamentale du texte ? C'est par l'autre que je puis saisir réellement mon existence et accéder à une connais sance véritable de moi-même.

Au plus profond de ma conscience et de ma subjectivité, autrui me pénètre et me Commentaires de texte détermine.

L'existence d'autrui est donc une donnée fondamentale, un irréductible. Le problème soulevé par le texte concerne la subjectivité : la subjectivité existentielle, telle que la décrit Sartre, est-elle comparable à la subjectivité cartésienne, telle qu'elle apparaît, par exemple, dans la Seconde Méditation, de Descartes ? Qu'est-ce qui distingue (profondément) le cogito existentiel, celui de Sartre et le cogito cartésien ? Quelle problématique différente se dessine ? Le texte se divise en trois grandes parties.

Dans la première (« Ainsi E...] de moi »), Sartre montre qu'autrui conditionne et mon existence et la connaissance que j'ai de moi.

Dans la seconde (« Dans ces conditions [...]moi »), c'est la liberté de l'autre que souligne Sartre.

Enfin, dans la troisième (« Ainsi [...] autres »), la notiond'intersubjectivité apparaît comme le fruit du déroulement de l'analyse. Étude ordonnée A) Première grande partie (« Ainsi [...] de moi.

»). L'adverbe ainsi, avec lequel débute notre texte, est évidemment mystérieux pour le lecteur ; « comme il a été dit, cela étant », etc., tout ceci renvoie à un développement antérieur, qui est sous-entendu.

Sartre a effectivement plus haut traité du cogito, de l'existentialisme, etc., et c'est en fonction de ces développements que son texteacquiert sens.

Il faut, en effet, a montré Sartre, partir du moment où l'homme s'atteint lui-même, du cogito, du « je pense ». Mais que désigne cet homme dont il est question dans le début du texte ? Si le sens de ce terme est généralement équivoque, l'homme représente, aux yeux de Sartre, un projet, un ensemble d'actes, une idée historique et non pas,bien sûr, une réalité naturelle.

C'est un trait commun aux philosophies existentielles (celles de Sartre, de Merleau-Ponty, etc.) que de voir en l'homme, non point une forme naturelle et biologique, maisun projet se vivant dans le temps.

Or, comment ce projet, cette eksistence vont-ils s'atteindre et se saisir ? C'est par la pensée, par le « je pense » que l'existence humaine se trouve appréhendée : je me saisis directement, sans intermédiaire, immédiatement, à travers ma conscience de sujet pensant.

De ce point de vue, sous un certain angle,Sartre est le continuateur de Descartes.

C'est du cogito qu'il faut partir pour se comprendre et se saisir.

Mais le cogito sartrien n'est pas le cogito cartésien.

Quand le sujet se découvre directement comme conscience, il fait,simultanément, une autre découverte : celle de tous les autres, celle des « prochains », de ces moi qui ne sont pas. »

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