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Sartre et l'existentialisme : Principes et méthode

Publié le 06/06/2015

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D'où vient, enfin, que Sartre ait bénéficié d'une aura aussi considérable ? Que l'existentialisme soit devenu à ce point une mode — qui va des vêtements zazous aux chan­sons de Boris Vian ou Juliette Gréco en passant par une véritable sacralisation du couple formé par Sartre et Simone de Beauvoir, peut-être bien le premier couple d'intellectuels médiatique de l'histoire ?

 

L'extraordinaire notoriété de Sartre s'explique bien sûr par son réel talent de philosophe, mais aussi d'écrivain, un talent de polygraphe que nul ne saurait lui contester. Sartre était à la fois un grand écrivain et un bon philo­sophe, même si, comparée à celle de Schopenhauer ou de Heidegger, son oeuvre est un peu comme la butte Montmartre face à l'Himalaya... Il n'en reste pas moins un philosophe très doué. Mais il me semble que son influence vient d'ailleurs, probablement du fait qu'il fut le seul intellectuel français, après Voltaire, à cumuler toutes les légitimités. Comme je le soulignais en com­mençant, et j'y reviens en guise de conclusion, Sartre est non seulement philosophe, mais homme de lettres et romancier, non seulement écrivain, mais homme de théâtre dont on porte les pièces et les romans à l'écran, grande « conscience morale « et personnage influent dans le monde politique.

L'HÉRITAGE DE HUSSERL ET L'EXPÉRIENCE DU CUBE

« PHÉNOMÉNOLOGIQUE «

 

Une autre filiation importante dans la conception sar­trienne de la nausée se situe dans la phénoménologie de Husserl. Chez Husserl, l'étonnement philosophique prend une forme apparemment différente, mais en réalité très proche. Il est lié à la notion de « profils « ou d'« hori­zons « (Abschattung, en allemand), c'est-à-dire à l'idée que nous ne percevons jamais les choses que sur un fond, lequel lui-même renvoie à un autre fond, et ainsi de suite, à l'infini : quand je vois ce canapé, c'est toujours sur le fond du mur qui se tient derrière, mais le mur lui-même renvoie forcément toujours à quelque chose qui est der­rière, à un ailleurs. Tout visible renvoie toujours à de l'invisible. C'est une expérience que connaissent tous les marins : on ne se rapproche jamais de l'horizon, il s'éloigne constamment. Il y a toujours un horizon der­rière l'horizon, un fond derrière le fond. Et quand je remonte d'horizon en horizon ou de fond en fond, je m'aperçois que derrière, il y a justement ce que Schopen­hauer appelait déjà le sans-fond, le Ungrund. Voyez le lien avec la notion de contingence du monde : à force de remonter de fond en fond, de passer d'horizon en horizon, on finit par comprendre qu'il n'y a pas, qu'il ne peut pas y avoir de fondement ultime qui garantirait le monde dans son être, de sorte que le sentiment s'installe en nous qu'il pourrait, justement, ne pas être. (On notera au passage que

Nous avons vu de façon détaillée pourquoi, selon Sartre, il n'y avait pas à proprement parler de « nature humaine «. Je vous ai dit aussi combien il fallait éviter à ce propos un malentendu trop fréquent : il ne s'agit pas de nier le fait, au demeurant peu contestable, que nous vivons dans un corps, masculin ou féminin, dans une nation, une culture, un milieu social particuliers qui pos­sèdent sur nous une influence considérable. Il est clair que je ne choisis pas davantage ma sexualité que ma langue maternelle. Je les reçois, pour ainsi dire, de l'exté­rieur, et tout ne relève pas, c'est l'évidence, de l'autono­mie : il serait tout simplement absurde d'assigner à notre liberté la tâche impossible d'éradiquer une telle extériorité.

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« Nous allons aborder aujourd'hui l'existentialisme de Jean-Paul Sartre (1905-1980).

Pourquoi parler de Sartre, pourquoi l'inscrire dans une liste de grands penseurs? D'abord, parce qu'il s'agit d'un des intellectuels français les plus emblématiques du xx:e siècle.

Bien que l' existen­ tialisme soit une philosophie difficile d'accès, Sartre a réussi, avec Simone de Beauvoir (1908-1986), à en faire une véritable mode philosophique dans le monde entier, bien au-delà du Saint-Germain-des-Prés de l'après­ guerre, un cas presque unique dans l'histoire intellectuelle européenne.

Considéré par beaucoup comme une «grande conscience», en tout cas comme un penseur engagé, Sartre a également exercé une influence considé­ rable dans l'espace public, sur le plan politique, entendu au sens large.

Longtemps fidèle compagnon de route du Parti communiste, il n'en incarne que mieux la figure bien française, non seulement de l'intellectuel de gauche, mais de ce qu'on pourrait appeler l'« intellectuel total»­ en quoi on le compare parfois à Voltaire : à la fois philo­ sophe, écrivain, romancier, homme de théâtre, voire jour­ naliste, en tout cas « publiciste», une activité qu'il déploie notamment à travers Les Temps modernes, la revue qu'il fonde en 1945.

Sartre cumule tous les attributs essentiels de la figure de l'intellectuel, une légitimité encore confortée par sa critique radicale de la démocratie « formelle » et par son engagement en faveur du tiers-. »

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