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satire sociale et politique

Publié le 15/11/2012

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BEAUMARCHAIS, LE MARIAGE DE FIGARO ACTE III SCENE 5 De Figaro (à part) : « Voyons-le venir, et jouons serré « à Figaro (à part) : « Je l'enfile, et le paye en sa monnaie « INTRODUCTION Dans la scène 5 de l'acte III, le spectateur et Figaro connaissent les intentions d'Almaviva : séduire Suzanne, la future épouse de Figaro. Nommé ambassadeur à Londres, le Comte souhaite y emmener Figaro et Suzanne pour parvenir à ses fins. Dans cette scène, le Comte veut savoir si Figaro connaît ses intentions et on assiste à un jeu serré entre les deux hommes. Le Comte l'emporte en pouvoir : il est « un maître absolu, que son rang, sa fortune, sa prodigalité rendent tout-puissant «, dit Beaumarchais dans sa préface. Figaro l'emporte en savoir : il a percé les intentions de son maître qui quant à lui ignore s'il les connaît ou non. Problématique : La liberté accordée à Figaro ne serait-elle que verbale ? Plus que le procès des seuls abus de son maître, Figaro n'instruirait-il pas le procès d'une société qui touche à sa fin ? Enfin, pour Beaumarchais, n'est-ce pas l'occasion de montrer l'image d'un nouveau genre théâtral ? Lecture Annonce du plan : I. Un duel verbal II. Une satire sociale au service d'un théâtre en liberté I. Un duel verbal A. Les étapes du combat Le rapport de forces qui s'instaure entre Figaro et le Comte Almaviva est mis en évidence par la composition du passage, signalée par les didascalies, c'est-à-dire sur scène par une rupture dans le jeu des comédiens. 1er mouvement : du début de l'extrait à la fin de la tirade du God-dam Le Comte annonce qu'il a modifié son projet : mais toutes réflexions faites, ce qui entraîne l'explication de ce changement d'avis : premièrement, tu ne sais pas l'anglais. En réalité, le Comte a des arrières pensées, que Figaro ne connaît pas précisément, même s'il est sur ses gardes comme le montre la réplique : Voyons-le venir, et jouons serré . L'échange, rapide au début, conduit Figaro à la tirade du God-dam. 1er arrêt : le Comte (à part) Figaro (à part) Chacun des deux personnages tire des conclusions qu'il croit logiques. Pour le Comte, la conclusion est l'ignorance de Figaro : Il veut venir à Londres : elle n'a pas parlé. . Pour Figaro, c'est la certitude que le Comte se trompe sur lui : Il croit que je ne sais rien. Tout l'intérêt de ces apartés est naturellement que le spectateur sache ce que chacun des deux personnages pense et qu'il puisse le confronter avec ce qu'il sait lui-même : il a ainsi la satisfaction de constater que Figaro est dans le vrai et que le Comte se trompe en croyant savoir. Le Comte se croit en situation de domination alors que c'est l'inverse.>comique de situation. 2ème mouvement : de le Comte : Quel motif avait la comtesse, pour me jouer un pareil tour ? à Figaro : [...] Aussi c'est fait ; pour moi, j'y renonce. C'est un échange de ré...

« côté le dialogue va s’orienter, mais peut se douter, par le ton de Figaro, que celui-ci a trouvé un moyen de tourner la situation à son avantage. 3 ème mouvement : de Figaro : [...] Votre excellence m’a gratifié de la conciergerie du château à Figaro : [...] comme dit la chanson du bon Roi La reprise du projet de voyage à Londres, provisoirement abandonné, montre que le dialogue atteint le problème essentiel : Figaro ira-t-il à Londres ? sans que Figaro, avec beaucoup d’habileté, dévoile réellement ce qu’il pense.

Le dialogue s’oriente vers une nouvelle tirade de Figaro, sur la politique, qui est une nouvelle manœuvre de diversion.

3 ème arrêt : les deux apartés du Comte et de Figaro Le Comte arrive à une nouvelle conclusion, opposée à la première : Suzanne m’a trahi , mais qui ne repose pas sur des arguments solides.

Le caractère contradictoire des conclusions successives produit un effet comique.

Figaro croit triompher : Je l’enfile et le paye en sa monnaie .

Mais le spectateur sait bien que le Comte est cette fois dans le vrai : Suzanne a bien parlé à Figaro des intentions malhonnêtes du Comte, ce qui atténue le sentiment de victoire. Le duel n’a pas d’issue très claire, mais il aura servi à mettre à jour quelques vérités et règlements de compte. B.

Les caractéristiques du combat verbal On peut observer l’utilisation de procédés récurrents dans les échanges verbaux. · Les réponses qui n’en sont pas A plusieurs reprises, chacun des deux protagonistes semble parler dans le vide et faire des réponses destinées à gagner du temps.

C’est le cas lorsque le Comte fait semblant de ne pas comprendre : je n’entends pas ; ou lorsque Figaro répond sans répondre : Ma foi, Monseigneur, vous le savez mieux que moi. · Les répliques symétriques Elles jouent sur les similitudes et les oppositions.

Toute l’habileté polémique consiste à retourner la réplique de l’adversaire en utilisant la même structure. Autrefois tu me disais tout Et maintenant je ne vous cache rien : ces deux répliques ont le même sens, l’opposition réside dans la forme affirmative et négative.

En soulignant la similitude de situation sous une forme opposée, Figaro annule la réplique du Comte et le reproche qu’elle contient. Combien la Comtesse t’a-t-elle donné..

Combien me donnâtes-vous..

A l’accusation indirecte de corruption que contient la question du Comte, Figaro répond par une autre accusation : si lui-même est corrompu, le Comte ne vaut pas mieux.

Le Comte ne saurait critiquer la Comtesse sans se critiquer lui-même.

Figaro, encore une fois, marque un point.

Dans chacun de ces échanges, dont la force vient de la brièveté et de l’absence d’hésitation, le coup porté est aussitôt retourné, avec les mêmes armes. · Les esquives Certaines répliques de Figaro ne semblent être là que pour opérer des diversions lorsqu’il se sent menacé de trop près.

Si l’on met à part les deux grandes tirades, on trouve des répliques qui expriment des vérités générales ou des mises en causes de l’adversaire. Ainsi, la réplique concernant la réputation de Figaro : Une réputation détestable ! est aussitôt détournée sous la forme d’une attaque contre les seigneurs (qui inclut le Comte) : Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ? De même, la réplique du Comte mettant en cause la manière de Figaro de marcher à la fortune trouve une réponse qui refuse la mise en cause personnelle : la responsabilité est rejetée sur les autres : Comment voulez-vous ? La foule est là... Enfin, la suggestion du Comte : Tu pourrais un jour t’avancer dans les bureaux , qui le met en position de supériorité (c’est lui qui propose) se trouve dévalorisée par la réponse méprisante. »

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