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Schopenhauer: Les oeuvres de l'architecture

Publié le 27/02/2008

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schopenhauer
Les oeuvres de l'architecture, contrairement à celles des autres arts, n'ont que très rarement une destination purement esthétique ; elles sont soumises à d'autres conditions étrangères à l'art, tout utilitaires ; par suite, le grand mérite de l'artiste consiste à poursuivre et atteindre le but esthétique, tout en tenant compte d'autres nécessités ; pour arriver à cette conciliation, il lui faut tâcher d'accorder par divers moyens les fins esthétiques avec les fins utilitaires ; il lui faut déterminer avec sagacité quel est le genre de beauté esthétique et architectonique qui se prête, qui convient la construction d'un temple, d'un palais, d'un arsenal. A mesure que la rigueur du climat multiplie les exigences et les besoins de la pratique, à mesure qu'elle les rend étroites et impérieuses, la recherche du beau en architecture se renferme dans un champ plus restreint. (...) Toutes ces nécessités de la pratique sont, pour l'architecture, autant d'entraves ; pourtant elles lui procurent, d'autre part, un puissant point d'appui ; car, vu les dimensions et le prix de ses ouvrages, vu la sphère restreinte de son activité esthétique, elle ne pourrait subsister uniquement comme art, si, en sa qualité de profession indispensable, elle n'obtenait en même temps une place sûre et honorable parmi les métiers. Arthur SCHOPENHAUER

HTML clipboard Schopenhauer a été pendant longtemps ignoré des philosophes et du public. Pendant sa vie, ses œuvres ont eu énormément de mal à être diffusées et il se consolait en affirmant écrire pour la postérité. Selon lui, ses contemporains ne pouvaient pas réellement comprendre ses œuvres. Il est vrai que la période de sa vie a surtout été marquée, en Allemagne, par la philosophie d’Hegel qu’il reconnaissait comme son principal ennemi. On peut peut-être penser que sa théorie effraie. Le monde que construit Schopenhauer n’est pas un monde parfait, loin de là. C’est pour cela que le philosophe a été étiqueté pessimiste. Il est vrai que ces vues sur l’existence humaines sont très noires, comme nous en avons un exemple dans ce texte. La phrase la plus célèbre de Schopenhauer a d’ailleurs été pendant longtemps : «  la vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. « Pourtant, il ne s’agit pas là d’une conception non fondée ou provocante. Elle repose sur un système philosophique ample et cohérent, fondé sur la théorie de la volonté. Pourtant, le philosophe a consacré le livre III de son ouvrage principal intitulé Le monde comme volonté et comme représentation à l’art. Ce dernier occupe une place principale dans sa pensée et est malheureusement très peu connu, alors qu’il développe une analyse très approfondie des différents arts. L’art est une des issue pour Schopenhauer pour se détacher de la volonté et d’accéder aux mondes des Idées, monde non corrompu par le temps et par l’individuation. La conception de l’art de Schopenhauer est proche de celle de Kant. L’art pour lui ne peut être que désintéressé ou n’est pas. Il interroge dans ce texte les relations entre l’architecture et l’art en général. Rappelons d’ailleurs que l’apparition de l’architecture dans la classification des beaux-arts est très tardive : elle date de la moitié du XVIIIème siècle : c’est Hegel qui introduit dans son Discours préliminaire de l’encyclopédie, en 1751, l’architecture à la place de la danse. Pourquoi cette classification comme art aussi tardive ? Il s’agira dans un premier temps de comprendre la conception de l’art de Schopenhauer, puis les spécificités de l’architecture. L’architecture peut elle vraiment être considérée comme un art ? Ses fins utilitaires ne sont-elles pas des obstacles trop conséquents ?

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« distance.

3.

L'architecture a un aspect utilitaireL'architecture tranche alors avec cette conception.

Il semble en effet que l'architecture ait une utilité dansl'existence humaine.

L'architecture est une science de l'habitation.

Dans ses fonctions de base de l'architecture defournir un abri à l'homme.

On fait remonter ainsi les origines de l'architecture à l'invention de la cabane.

Alberti, unpenseur qui a énormément réfléchi sur l'art, prétend que l'origine du développement humain n'est pas attribuable àl'eau ou au feu comme le pensent certains philosophes ou mythes mais à l'architecture.

Il écrit dans L'art d'édifier que « considérant l'utilité et la nécessité du toit et du mur, je me persuaderai qu'ils ont joué un rôle bien plusimportant [ que l'eau et le feu] pour rapprocher les uns et les autres.

» Dès lors, l'architecture est soumise àl'inverse des autres arts à des considérations pratiques.

En pratique, je peux peindre à peu près ce que je veux.

Letableau n'aura comme destination qu'une exposition et une contemplation esthétique.

Il est une représentation.

Maisnous dit Schopenhauer plus loin dans son œuvre, l'architecture « ne fournit point une copie, mais la chose même »et « met l'objet à portée du spectateur.

» L'architecture crée des espaces et des bâtiments de vie.

On ne peut ainsipas se permettre de créer des bâtiments beaux mais pas fonctionnels.

L'architecture doit permettre aux occupantsd'exercer leur activité de la meilleure manière possibleMais est-ce encore un art ? L'architecture est tout de même un art 1.

L'architecte a un projet esthétique- Schopenhauer est bien conscient de l'intérêt qu'a l'architecture.

Cela ne l'empêche pourtant pas de classerl'architecture parmi les arts.

Pourquoi ce philosophe habituellement très sévère pour toutes les choses qui ont traitavec l'intérêt et la volonté humaine accordent quelques privilèges à l'architecture ? Il donne la réponse dès ladeuxième phrase du texte.

L'artiste- architecte a à l'esprit quand il projette son œuvre, un but esthétique.

Aremarquer ici que Schopenhauer n'emploie pas l'expression de « but artistique ».

Le but de l'architecte serait doncd'organiser les matériaux sensibles propres à une sorte de contemplation esthétique.

Il semble qu'à ce point de vuelà, l'architecture ne diffère pas des autres artistes.

Son objectif est le même, celui d'organiser des matériauxsensibles destinés à être contemplés par les hommes.

Il viserait donc aussi le beau, qui manifeste chezSchopenhauer la plongée dans le monde de l'universalité.

2.

Il doit faire des compromis entre l'esthétique et l'utilitaireIl semble justement que cette « impureté » de l'architecture donne à l'architecte encore plus de « mérite », selonles mots du philosophe.

La tâche est plus ardue pour l'artiste, puisqu'il doit essayer de réaliser son idée en tenantcompte d'autres contraintes.

L'imagination et l'intellect se trouvent alors appelés et sollicités davantage.

Leproblème n'est plus simplement comme dans les autres arts de produire le beau.

Il s'agit ici de réussir à coordonner« fin esthétique » et « fin utilitaire ».

La pensée doit donc opérer beaucoup de détours, trouver effectivement cequi convient le mieux à un espace donné mais aussi à un type de bâtiment donné.

C'est pour cela queSchopenhauer que cite trois types différents d'édifice.

On ne peut pas penser à une même beauté esthétique pourun temple que pour un palais.

De même, .

Chaque bâtiment est donc pensé en fonction de son utilisation future.

Onne construit pas un stade de foot de la même manière que des bureaux.

Il y a des contraintes de lieux( un bâtimentse construit dans un espace déjà existant) et de ressources( il s'agit de trouver les bons matériaux deconstruction).

L'esprit et le génie de l'artiste sont donc plus sollicités, ce qui rend sa tâche plus ardue mais aussiplus « digne ».

3.

Le champ du beau est restreintSchopenhauer donne par la suite des exemples des contraintes qui pèse sur l'architecte.

Nous l'avons dit,l'architecte travaille à partir d'un espace préexistant, mais surtout les besoins sont dictés par le milieu même où vaêtre construit le bâtiment.

Il parle ainsi de « rigueur d'un climat ».

Celui-ci détermine la fonction même de l'édifice.Un climat très froid et très rude obligera l'architecte à concevoir un bâtiment fermé, imperméable au froid et auxvents.

Un climat tropical avec de fortes pluies entraînera d'autres besoins que l'architecte doit concevoir.

Le climatdicte donc « les besoins de la pratique », les attentes des individus à un endroit donné.

Dès lors, l'architecte nepeut rechercher le beau partout.

Son champ de recherche est très restreint.

Remarquons d'ailleurs ici que le langageemployé par Schopenhauer pour expliciter ce fait est un langage spatial, qui concorde avec son propos : lesexigences sont dites « étroites », il évoque le « champ » du beau.

L'architecte travaille donc à partir de l'espaceavec des contraintes qui l'oblige à dégager la beauté avec des possibilités minimes.

Les contraintes permettent à l'architecture d'exister 1.

Une idée paradoxale : la pratique supporte l'art architectonique - Schopenhauer finit ce texte par une thèse paradoxale.

Il reconnaît que les aspects utilitaires sont des entravespour l'art qu'est l'architecture et dans un même temps, affirme que sans l'aspect pratique qui préside à laconstruction d'édifice, l'architecture n'aurait aucune véritable existence.

La structure même de la phrase met enévidence cette contradiction.

Il insiste sur la rupture en introduisant la deuxième partie de la phrase par« pourtant » et en utilisant le « d'autre part » qui développe une autre conséquence de l'exigence pratique de. »

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