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« se sentir libre» et « être libre »

Publié le 25/03/2015

Extrait du document

Le postulat sur lequel repose cette fausse conception est celui d'une indé­pendance première et essentielle. Il est renforcé par des phrases quasi proverbiales : «l'homme est libre par nature «, «tous les hommes naissent libres «, etc. Rousseau, en essayant de confronter l'état social à un hypothé­tique état de nature, affirme que ce dernier est avant tout caractérisé par l'indépendance des hommes. C'est pourquoi il affirme que l'homme qui perd cette indépendance est malheureux s'il ne reçoit pas la liberté plus haute que confère le statut de citoyen. Rousseau semble correspondre tout à fait aux philosophes que critique Nietzsche, puisqu'il est de ceux qui affirment que l'homme ne peut sans contradiction être entravé dans sa liberté.

Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.

Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous estimons indépendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ici qu'en toutes circonstances il remarquerait et reconnaîtrait sa dépendance dès qu'il la subirait, son postulat étant qu'il vit habituellement dans l'indépendance et qu'il éprouverait aussitôt une contradiction dans ses sentiments s'il venait exceptionnellement à la perdre. - Mais si c'était l'inverse qui était vrai, savoir qu'il vit constamment dans une dépendance multiforme, mais s'estime libre quand il cesse de sentir la pression de ses chaînes du fait d'une longue accoutumance ? S'il souffre encore, ce n'est plus que de ses chaînes nouvelles : - le « libre arbitre « ne veut proprement rien dire d'autre que ne pas sentir ses nouvelles chaînes.

 

NIETZSCHE

« ++ +4+••+•++•+++++•+•++••• REPÉRER,LÉ MOUVEMENT,DUTÊXTE' ' ' La logique du texte est celle de la réfutation : contrairement à la logique démonstrative où l'on affirme une idée que l'on explique ensuite, Nietzsche énonce d'abord l'idée qu'il entend critiquer (nous nous croyons libres lorsque nous ne sentons pas de dépendance), puis le grief (c'est un sophisme).

Il explique alors cette critique (par l'idée d'habitude) pour for­ muler en conclusion sa propre thèse (nous sommes pris dans des dépendances que nous ne sentons pas toujours).

+++++++++++++++++++++++++ EXPLICITER LES TERMES -«Sentir»,« remarquer», «reconnaître»,« éprouver» ...

: on peut d'abord repérer ce champ lexical qui traverse tout le texte : il est question de la conscience que nous avons de notre libre arbitre par rapport à la conscience souvent émoussée des conditions réelles de notre existence.

Nietzsche n'est pas ici tout à fait ori­ ginal: tous les sceptiques, de /'Antiquité à Hume, font observer ce décalage fréquent entre les inffuences réelles et l'infime propor­ tion qui en parvient à la conscience.

-«sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et des­ potique»: Un sophisme est un raisonnement mal formé qui a l'apparence de la validité : c'est non seulement une erreur consistant à inver­ ser l'ordre logiquement correct, mais c'est aussi une ruse de l'es­ prit contribuant à forger une certaine image de nous-mêmes.

Pourquoi ce sophisme témoigne-t-il d'un «despotisme» de l'homme ? Ce terme désigne un pouvoir absolu ; il s'agit ici d'un désir de pouvoir absolu sur nous-mêmes.

On peut penser à la phrase de Rousseau, dans le Contrat social:« Tel se croit le maître des autres qui ne laisse pas d'être plus esclave qu'eux.» Quelques années après Nietzsche, Freud fera la même analyse en mon­ trant qu'une des frustrations du moi est de« ne pas être le maître dans sa maison».

-«Il vit habituellement dans l'indépendance» : on retrouve ici l'idée effectivement coutumière selon laquelle «l'homme est libre par nature» ou «les hommes naissent libres».

C'est un présup­ posé idéologique.. »

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