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Serait-il souhaitable que l'humanité parle une seule langue ?

Publié le 08/02/2004

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Si les hommes ont plusieurs langues, selon le mythe de tour de Babel, c’est qu’ils ont un jour voulu défier Dieu. La multiplicité des langues est donc une punition puisqu’elle sépare les hommes et les condamnent à ne pouvoir totalement se comprendre. Cependant, ce mythe est souvent interprété par les linguistes en sens inverse. En effet, traduire une pensée risque peut-être de la rendre obscure, mais peut aussi l’enrichir, lui donner un sens insoupçonné, la révéler plus qu’elle n’était en mesure de le faire initialement.

I. En repartant tout d’abord du mythe de la tour de Babel, nous pouvons juger que la multiplicité des langues est un inconvénient pour les hommes (source d’incompréhensions, de mésententes, de conflits voire de différences entre les cultures). II. En outre, ce conflit social et politique des interprétations, conflit qui découle nécessairement du jeu de la multiplicité, se retrouve peut-être au niveau même de la structuration de nos pensées. En effet, nous pouvons nous interroger sur le pouvoir des mots. Il semble indéniable que les mots permettent la structuration d’un raisonnement dans l’esprit humain. En d’autres termes, il serait peut-être possible de penser qu’une seule langue permettrait de se comprendre mieux soi-même et d’être plus efficace dans le partage des idées et des solutions avec les autres. La langue unique renforcerait la cohérence de la pensée et la cohésion entre les hommes dans tous les domaines. III. Néanmoins, à l'inverse, cela peut également revenir à diminuer la richesse des pensées. En effet, comme expliquer que certains mots n’existent pas dans toutes les langues sinon par le fait que le changement de langue n’est pas qu’un handicap ? Il convient donc de réfléchir à cela pour montrer que ce souhait n’est pas forcément un gain et qu’il en va de la sauvegarde de l’innovation et des cultures que de conserver les différences linguistiques.

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« [III — Des pertes graves] L'hypothèse d'une langue unique réduit le langage à sa seule fonction decommunication.

Celle-ci est évidemment fondamentale, mais les linguistesaffirment qu'elle n'est pas la seule fonction du langage : ils en distinguentsept différentes! Sans qu'il soit nécessaire de les passer toutes en revue, onpeut souligner à quel point leur disparition serait grave.Ainsi, la fonction esthétique, celle qui s'attache plus à la forme du messagequ'à son contenu, est étroitement liée à l'histoire et à la créativité de chaquelangue : il n'y a de littérature que relativement à une histoire littéraireparticulière (un écrivain anglais d'aujourd'hui tient compte d'un ensemble detextes antérieurs — par exemple de Shakespeare à Joyce — qui n'est pas lemême que celui par rapport auquel se situe un écrivain français — parexemple de Rabelais à Beckett).La fonction d' « expression de la pensée » — grâce à laquelle le dicible et lepensable s'influencent réciproquement — est à la source des différentes «visions du monde » auxquelles adhère l'humanité.

Lorsque Heidegger affirmepar exemple que pour philosopher, il faut se faire l'oreille grecque, cela indiqueà quel point la langue grecque ancienne suggère avec le monde certainesrelations qui ne sont pas les nôtres.

Passer d'une langue à une autre, c'estdès lors expérimenter une autre manière de saisir le monde, c'est constaterque ma façon habituelle de me situer par rapport au réel n'a rien d'absolument nécessaire, c'est opérer un travail intellectuel me révélant d'autres modes de compréhension ou d'interprétation.

Dece point de vue, il est clair que le recours à une langue unique déterminerait un appauvrissement considérable de lapensée : il n' aboutirait qu'à une authentique « pensée unique ». [Conclusion] Souhaiter une langue mondiale, ce serait oublier à quel point la langue met en circulation tout autre chose que de lasimple information.

Ce serait approuver l'uniformisation des cultures et des modes de pensée, la disparition desdifférences internes à l'humanité.

Ce que la lecture pessimiste du mythe de Babel oublie, c'est que les hommes,séparés par des langues différentes, sont invités aussi à multiplier les inventions distinctes en même temps que lesefforts pour se retrouver.

L'humanité n'est pas monolithique, et il n'est pas souhaitable qu'elle le soit un jour (celasignifierait l'instauration d'un totalitarisme absolu, ayant vaincu toute marque de singularité) : c'est précisémentparce que la pluralité des langues peut être pour les besoins de la communication une gêne que l'humanité a pourtâche de trouver des voies pour se rassembler en respectant la multiplicité de ses versions. Analyse du sujet Si les hommes ont plusieurs langues, selon le mythe de tour de Babel, c'est qu'ils ont un jour voulu défier Dieu.

Lamultiplicité des langues est donc une punition puisqu'elle sépare les hommes et les condamnent à ne pouvoirtotalement se comprendre.

Cependant, ce mythe est souvent interprété par les linguistes en sens inverse. En effet, traduire une pensée risque peut-être de la rendre obscure, mais peut aussi l'enrichir, lui donner un sensinsoupçonné, la révéler plus qu'elle n'était en mesure de le faire initialement. Plan proposé I.

En repartant tout d'abord du mythe de la tour de Babel, nous pouvons juger que la multiplicité des langues est uninconvénient pour les hommes (source d'incompréhensions, de mésententes, de conflits voire de différences entreles cultures). II.

En outre, ce conflit social et politique des interprétations, conflit qui découle nécessairement du jeu de lamultiplicité, se retrouve peut-être au niveau même de la structuration de nos pensées.

En effet, nous pouvons nousinterroger sur le pouvoir des mots.

Il semble indéniable que les mots permettent la structuration d'un raisonnementdans l'esprit humain.

En d'autres termes, il serait peut-être possible de penser qu'une seule langue permettrait de se. »

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